Comme plusieurs, Georges Larivière est impressionné par le Canadien en séries éliminatoires.

Larivière a cependant un regard différent du commun des mortels. Professeur honoraire en éducation physique à l'Université de Montréal, entraîneur avec l'équipe nationale junior au début des années 80, lauréat en 1986 du trophée Gordon Juckes remis par Hockey Canada pour sa contribution exceptionnelle à la mise en valeur du hockey amateur au Canada, membre du Temple de la renommée de la Fédération québécoise de hockey sur glace, conférencier en Amérique du Nord comme en Europe, il est l'un des plus brillants spécialistes de hockey du pays.

«L'élément le plus dominant (de leur jeu collectif), c'était la pression que les joueurs mettaient sur le porteur de la rondelle adverse. C'est ainsi qu'ils ont bien utilisé leur vitesse. J'ai aimé leur travail le long des bandes pour récupérer les rondelles ou encore éviter les mises en échec pour permettre au jeu de progresser. C'est là où on voit les habiletés ressortir. Scott Gomez, entre autres, m'a impressionné. Il a été ce leader offensif et défensif dont les équipes ont besoin. Les trois petits joueurs m'ont impressionné, Gomez, Brian Gionta, Michael Cammalleri. C'est une finesse qui a donné des résultats.»

 

Larivière, qui aime analyser le travail de l'entraîneur, a remarqué que Jacques Martin avait modifié son approche par rapport à la saison régulière. «Il a pris des décisions. On a pu le remarquer quand il a coupé le banc ou qu'il a retranché certains joueurs. Alors qu'en saison régulière, il laissait plus la chance au coureur. Il s'imposait moins. Il s'est bien ajusté à l'adversaire. En saison, on ne s'occupe pas de l'autre club parce qu'on peut ne pas revoir l'équipe qu'on affronte avant deux mois. En séries, on dirige son équipe, mais on la dirige en fonction de son adversaire.»

À ce chapitre, notre analyste trouve que Bruce Boudreau, des Capitals, puis Dan Bylsma, des Penguins, n'ont pas su trouver les ajustements pour vaincre le Canadien.

«J'ai trouvé que les Capitals et les Penguins ont été dans l'incertitude tout le temps. Ils avaient un plan et quand ça ne fonctionnait pas, ils n'ont pas eu la capacité de stabiliser les choses. Ils n'ont pas su trouver la façon de jouer contre le Canadien. Ils ont commencé avec une certaine forme de confiance en se disant qu'ils étaient supérieurs, et quand ils ont vu que ça ne se passait pas comme prévu, il y a eu beaucoup de laxisme dans le jeu collectif. Ils ont manqué de patience. Quand une équipe est en difficulté, les joueurs veulent faire les choses seuls. C'est le défaut des grands joueurs parce qu'ils ont de la pression. Leurs entraîneurs n'ont pas réussi à les convaincre de s'en tenir au système de jeu.»

La performance de Halak

Larivière ne tarit évidemment pas d'éloges à l'égard de Jaroslav Halak, grand responsable des succès du Canadien.

«Sa performance a permis aux entraîneurs de travailler. On peut risquer un peu plus, on peut être plus patient quand certains aspects du jeu ne fonctionnent pas. Si on n'a pas un bon gardien, tout le système de jeu est fragilisé. On est toujours dans l'incertitude. Quand le Canadien a gagné la Coupe Stanley, il y avait toujours un gardien qui se démarquait. En réalité, il a deux bons gardiens, mais il y en a un qui joue de manière exceptionnelle. Et la performance de Halak a enlevé un doute dans l'esprit de tout le monde à propos de la rotation des gardiens. Selon moi, durant la saison, ça les a tiraillés, il y avait un doute et j'ai l'impression qu'il y en a un qui était préféré des joueurs.»

Et la prochaine ronde? «Les joueurs du Canadien sont dans une bonne position sur le plan psychologique parce que s'ils perdent en demi-finale, ils seront fiers quand même. Ils ont accompli ce qu'ils avaient à accomplir, le reste est un bonus. Mais le prochain adversaire sera plus prêt que les équipes que le Canadien a battues. Ils auront plus de doutes face au Canadien, ils n'auront pas cet excès de confiance que les autres ont eu. La compétition va être beaucoup plus difficile pour le Canadien.»