Si sa hanche le lui permet, Guillaume Latendresse affrontera le Canadien, demain soir, lors de la seule visite du Wild à Montréal cette saison.

Il a frais en mémoire son premier retour au Centre Bell, quelques semaines seulement après la transaction qui l'avait envoyé au Minnesota en retour de Benoît Pouliot.

«J'avais eu un match assez difficile, se souvient Latendresse. Ça avait été dur de bien jouer avec tout le monde qui huait...»

Latendresse a beau avoir changé d'uniforme, il a constaté avec le récent épisode impliquant Carey Price que les choses ne changeaient pas à Montréal.

«Je trouve ça tellement déplorable», a-t-il dit à propos de la réaction des fans au premier match de Price.

«Ça salit l'image des partisans du Canadien. Ce n'est pas tout le monde qui le fait, mais il y en a un certain nombre.

«Chaque fois qu'un joueur de talent quitte Montréal, les gens chialent parce qu'il joue mieux ailleurs. Essayez donc pour une fois de lui donner une chance! Que les médias le lâchent, que les partisans le lâchent aussi et qu'ils se mettent à l'encourager.»

Si la ville ne fait pas attention, prévient Latendresse, l'histoire va se répéter et Price ira briller ailleurs.

«C'est un premier choix au repêchage, il a du talent et il va réussir. Et si ce n'est pas à Montréal, les gens vont regretter que ce soit ailleurs.

«C'est sûr à 100%.»

Patience et longueur de temps...

La pression de Montréal, Guillaume Latendresse connaît. Elle ne s'est pas exercée sur lui de la même manière que sur Price, mais les attentes étaient élevées.

Ses entraîneurs ont déchanté, une partie du public l'a pris en grippe, mais surtout, il était involontairement coupable d'avoir fait rêver les amateurs.

«Je me suis fait pousser dans le dos très jeune, mais je ne peux pas aller plus vite que l'âge que j'ai - et Carey non plus», se défend Latendresse qui, comme le gardien du Canadien, est âgé de 23 ans.

«Il a du talent, mais il est encore jeune pour être numéro un. Regardez Fleury à Pittsburgh. Au début, il y a des soirs où ça allait moins bien, mais les Penguins ont continué à lui faire confiance. C'est ça que les gens doivent comprendre.

«Je me mets dans sa peau, et ça doit être tough certains soirs...»

Selon Latendresse, ce type de pression crée de l'usure. Et même si Price revendique une nouvelle attitude qui le protège de la critique, ça ne l'empêchera pas d'être touché à la longue.

«C'est bien beau de se faire une carapace - moi aussi j'avais fini par en avoir une - mais à un moment donné, la carapace finit toujours par briser.»

D'abord un marqueur

Latendresse est le plus récent exemple de ces joueurs de talent qui, étant trop ceci ou pas assez cela à Montréal, ont éclos ailleurs.

On s'en souvient, Latendresse se faisait reprocher de traîner un piano sur la patinoire.

«Je n'ai jamais eu de complexe face à mon coup de patin et je n'en ai pas davantage aujourd'hui, réplique-t-il.

«Cela dit, quand on perd confiance et que personne autour n'a confiance en nous, on joue avec les pieds dans le béton. Et on part une seconde et demie en retard...»

On le blâmait aussi de ne pas se servir suffisamment de sa charpente. Au Minnesota, il semble qu'on l'encourage à être un marqueur avant d'être un attaquant de puissance.

«Je joue le même style qu'avec les Voltigeurs de Drummondville, un style basé sur un bon positionnement. Je suis à la bonne place au bon moment et je joue avec des joueurs de qualité qui sont capables de me trouver.

«Tout est en place pour que j'obtienne du succès.»

Des conditions gagnantes

Avec en poche un contrat de deux ans d'une valeur de 5 millions, Latendresse voudra prouver que ses premiers mois avec le Wild n'étaient pas un mirage.

«À mes trois premières saisons, j'ai réussi 16, 16 et 14 buts en jouant entre huit et 11 minutes par match. Je sais que je peux marquer dans la LNH. Je suis capable de changer le cours d'un match et de faire autre chose que d'apporter une présence physique.

«L'idée pour moi est de me présenter à tous les soirs et d'avoir de la constance.»

Latendresse a trouvé au Minnesota un équilibre qu'il ne trouvait pas sous les projecteurs de Montréal.

Il y a le temps d'utilisation qui a été crucial dans sa récolte de 27 buts, l'an dernier. Mais ce n'est pas tout.

«Un bon état d'esprit, bien se sentir dans sa peau, avoir la confiance de ses entraîneurs et des compagnons de trio de qualité, le temps de glace sur l'avantage numérique... Ce sont des éléments qui font une différence pour n'importe quel joueur.»