À deux jours de la date limite des échanges dans la LNH, lundi à 15h, une chose est sûre: les vendeurs continueront à faire des affaires d'or.

«On regarde le scénario des dernières années et il y a vraiment une inflation importante, c'est difficile de passer à côté de pareille occasion», lance un dirigeant d'équipe de la Ligue nationale qui a choisi de se camper dans la position de vendeur. «On a la possibilité de vendre des actions qui valent 10$ pour le prix de 15$», illustre-t-il.

Jusqu'ici, si on exclut l'échange majeur conclu jeudi soir entre les Blue Jackets de Columbus et les Kings de Los Angeles - Jeff Carter contre Jack Johnson et un choix de premier tour -, Hal Gill, Pavel Kubina, Nicklas Grossman, Dominic Moore et Antoine Vermette, tous des joueurs de soutien, ont valu des choix de deuxième ronde à leurs clubs respectifs. Kyle Quincey a été échangé du Lightning de Tampa Bay aux Red Wings de Detroit contre un choix de premier tour. Pourquoi payer si cher pour des joueurs de location?

«D'abord parce qu'on veut démontrer à nos joueurs que nous accomplissons l'effort d'améliorer l'équipe, répond un dirigeant d'une équipe acheteuse. Pour se donner des chances de succès aussi. L'espoir ou le choix au repêchage qu'on donne ne jouera pas avant quatre ou cinq ans, et nous, sait-on jamais si on va être là dans quatre ou cinq ans...»

Les vendeurs doivent cependant faire gaffe de pécher par excès de gourmandise.

«Les Hurricanes exigeaient un choix de première ronde et un espoir de premier plan en retour de Tuomo Ruutu. Ils ont finalement choisi de le garder parce qu'ils n'auraient pas obtenu le prix demandé.»

Notre homme confirme que Rick Nash est sur le marché. «Nash, Jeff Carter (depuis échangé), Derick Brassard et même James Wisniewski sont à échanger [chez les Blue Jackets]. Dans le cas de Nash et Carter, le DG des Blue Jackets veut absolument qu'un choix de première ronde soit inclus dans l'offre.»

Initiative de l'acheteur

Ce sont généralement les acheteurs qui lancent le bal un mois avant la date limite des échanges. «Ça commence quand les acheteurs décident d'acheter, confie notre vendeur. Ce sont eux qui appellent pour nous demander qui est disponible. On pourrait prendre l'initiative et liquider nos joueurs plus tôt, mais ça serait malhabile car notre jeu est de faire monter les enchères. Et on ne veut pas décourager nos joueurs en liquidant trop tôt.»

Et à quel moment le vendeur décide-t-il de retirer sa ligne de l'eau? «Quand un club soumet une première offre, on se tourne vers les autres en leur demandant s'ils peuvent faire mieux. Bizarrement, quand on a une offre sur la table, les clubs qui n'étaient pas intéressés se manifestent soudainement. Quand on voit que ça ne bouge plus beaucoup, c'est le temps d'accepter la meilleure offre.»

Petit marché pour les gardiens

Des clubs comme les Kings, avec Jonathan Bernier, et les Canucks de Vancouver, avec Cory Schneider, pourraient-ils être tentés de se servir de leurs jeunes gardiens comme appât pour s'améliorer? «Le marché des gardiens n'est pas très animé, confie l'un de nos deux interlocuteurs. Ces deux clubs sont très gourmands car ils ont le gros bout du bâton. Pourquoi les échangeraient-ils tout de suite?

«Bernier ne coûte pas cher pour encore un an et tant qu'ils n'auront pas fait signer une entente à long terme à Jonathan Quick, ils vont garder l'autre comme police d'assurance. Même chose pour Schneider. Il ne coûte pas grand-chose et si Roberto Luongo se blesse, Schneider peut faire le travail. Ils attendent l'offre mirobolante.»

Le Canadien pourra-t-il poursuivre sa vente et obtenir des choix ou des espoirs intéressants?

«Je ne sais pas, répond notre première source. Je ne suis pas un grand fan d'Andrei Kostitsyn, par exemple. On ne gagne pas une Coupe Stanley avec un gars comme lui. Je ne vois pas un bon club tenter de l'obtenir. Mais on ne sait jamais: si les Hurricanes ont réussi à échanger Tomas Kaberle au Canadien... Montréal devait l'aimer beaucoup plus que moi. Il amasse quand même un point par deux matchs. Il joue mieux en ce moment qu'à Boston, à Toronto et en Caroline. Il n'est peut-être pas si pire que ça.»

Nos deux sources ne s'attendent pas à des échanges majeurs d'ici lundi. «On ne sait jamais vraiment ce qui se passera, mais il y a beaucoup moins d'obstacles aux échanges l'été, dit le vendeur. Le plafond n'entre pas encore en ligne de compte et il n'y a pas de limite de 23 joueurs.»

Nos deux sources ont exigé l'anonymat de façon à pouvoir nous parler plus librement et dans le détail.

ACHETEURS

Kings de Los Angeles

Les Kings risquent de rater les séries et ça pourrait signifier le congédiement du DG Dean Lombardi, puisque son plan de reconstruction ne semble pas vouloir se concrétiser. Malgré l'acquisition de Mike Richards et de Dustin Penner, les Kings ne marquent pas. Après avoir échangé Jack Johnson jeudi, ils ont encore quelques appâts à offrir pour se renforcer à l'attaque, les jeunes Slava Voynov et Andrei Loktionov.

Predators de Nashville

Traditionnellement, les Predators vendent plutôt qu'ils achètent. Mais ils sont bien positionnés en prévision des séries et ça pourrait être leur dernière chance de gagner avant longtemps, puisque Shea Weber et Ryan Suter n'offrent aucune garantie de rester. Un attaquant top 6 est dans leur ligne de mire. Andrei Kostitsyn?

Blackhawks de Chicago

Les Hawks ont recommencé à gagner depuis quelques matchs, mais leur manque de profondeur inquiète les dirigeants de l'équipe. Ils voudraient bien ajouter un défenseur d'expérience et un attaquant offensif. Pas sûr qu'ils soient prêts à sacrifier les jeunes Brandon Saad ou Jeremy Morin pour autant.

Red Wings de Detroit

Les Wings n'ont pas l'habitude de magasiner à la date limite des échanges. Mais Detroit a des sous disponibles et pourrait ajouter de la profondeur à l'attaque.

Canucks de Vancouver

Le manque de robustesse a probablement coûté la Coupe Stanley aux Canucks l'an dernier. Voilà sans doute pourquoi de nombreuses rumeurs envoient Rick Nash à Vancouver. Nash ne défonce pas les bandes, mais sa présence est imposante en territoire adverse. Vancouver a plusieurs appâts intéressants, entre autres le gardien Cory Schneider et le jeune centre Cody Hodgson.

VENDEURS

Blue Jackets de Columbus

Les Jackets font saliver bien des clubs en plaçant leur capitaine Rick Nash sur le marché des échanges. Il n'y a pas vraiment d'intouchables là-bas. Jeff Carter vient de faire ses valises pour L.A. Le jeune Derick Brassard et James Wisniewski, acquis l'été dernier comme Carter, sont aussi à échanger, selon l'une de nos taupes.

Oilers d'Edmonton

Les Oilers n'ont pas terminé de construire leur équipe et ils semblaient dans une impasse avec Ales Hemsky avant que celui-ci ne signe un contrat de deux ans, hier. Ryan Smyth serait un bon appât même si on jure qu'il ne quittera pas Edmonton. Nikolai Khabibulin est un bon candidat pour un échange.

Canadien de Montréal

Le Canadien a quelques joueurs à offrir, mais n'obtiendra pas la lune en retour. Andrei Kostitsyn ne semble pas très populaire, Travis Moen est blessé et Chris Campoli vaut environ un choix de quatrième ou de cinquième ronde.

Islanders de New York

L'attaquant québécois Pierre-Alexandre Parenteau sera sans doute le joueur des Islanders le plus convoité avec le gardien Evgeni Nabokov. Parenteau a tout de même 54 points et deviendra joueur autonome sans compensation. Des vétérans comme Brian Rolston, Jay Pandolfo, Steve Staios et Mark Eaton pourraient aussi valoir des choix au repêchage à l'équipe.

Stars de Dallas

Un dirigeant d'une équipe de la LNH nous jure que les Stars sont en mode vente. Ils ont déjà commencé en liquidant Nicklas Grossman, et paraît-il que Mike Ribeiro et Sheldon Souray, deux anciens du Canadien, sont aussi sur le marché. À suivre.