Les équipes de la LNH devraient-elles ménager leurs gardiens numéro un afin d'éviter qu'ils ne se blessent?

La question a été soulevée dans ces pages hier à la suite des blessures subies en même temps par Martin Brodeur, Roberto Luongo et Evgeny Nabokov.

Poussons l'exercice plus loin aujourd'hui et posons la question différemment : les équipes de la LNH devraient-elles ménager davantage leurs gardiens numéro un pour obtenir du succès en séries éliminatoires?

Prenons les six finalistes de la Coupe Stanley depuis le retour du lock-out. De façon volontaire ou non, aucun des gardiens en lice n'a disputé plus de 58 matchs en saison régulière avant d'atteindre la finale :

>2007-2008: Chris Osgood, 43, et Marc-André Fleury, 35.

>2006-2007: Ray Emery, 58, et Jean-Sébastien Giguère, 56.

>2005-2006: Dwayne Roloson, 43, et Cam Ward, 28.

Même Khabibulin, lors de la conquête de la Coupe à Tampa, en 2004, avait disputé seulement 55 matchs puisqu'il avait partagé le travail avec John Grahame.

« Il y a beaucoup d'autres facteurs pour déterminer si un club atteindra la finale ou non, a souligné hier à Anaheim le grand maître en la matière, François Allaire, mais je trouve que 50 à 60 matchs par saison, c'est une bonne formule pour un gardien numéro un. Ça permet de bien travailler avec lui à l'entraînement et de lui donner un nombre suffisant de matchs pour qu'il se sente à l'aise. Je n'ai jamais cru à la formule de 72 matchs pour le partant et 10 matchs pour l'auxiliaire, parce que c'est jouer à quitte ou double en prévision des séries. Il ne faut pas que ton numéro un se blesse. En 2006, Jean-Sébastien (Giguère) s'est blessé dans les éliminatoires mais (Ilya) Bryzgalov a pu prendre la relève efficacement pendant trois rondes parce qu'il avait participé à 31 matchs en saison régulière. «

Allaire, qui travaille avec les Ducks d'Anaheim après avoir oeuvré auprès de Patrick Roy pendant maintes années au sein de l'organisation montréalaise, croit à la nécessité de compter sur un bon auxiliaire.

« J'ai toujours essayé de développer de bons deuxièmes gardiens qui ont la chance de jouer et qui ont des statistiques comparables au numéro un. Sauf que si l'auxiliaire ne joue pas pendant trois semaines, ça complique le travail. J'ai toujours trouvé que les gardiens qui se partageaient le travail avaient beaucoup plus d'aplomb pour attaquer les séries. Je ne veux pas dire que c'est moi qui ai raison, mais jamais un de mes gardiens n'a disputé 70 matchs dans une année. À Montréal, Bryan Hayward était un bon adjoint qui jouait sa part de matchs. Ici aussi, à Anaheim, on a toujours eu de bons adjoints. Shtalenkov était un bon auxiliaire (derrière Guy Hebert). Puis il y a eu Gerber, Bryzgalov et maintenant Hiller. «

Martin Brodeur est le dernier gardien à avoir gagné la Coupe Stanley tout en disputant plus de 70 matchs, au printemps 2003. Mais l'accrochage à outrance était encore toléré, donc le travail du gardien n'était pas aussi exigeant.

Evgeny Nabokov (77 matchs), Martin Brodeur (77 matchs), Miikka Kiprusoff (76 matchs), Ryan Miller (76 matchs) et Roberto Luongo (73 matchs) ont été les gardiens les plus utilisés dans la LNH l'an dernier. Un seul, Nabokov, a survécu à la première ronde. Les équipes de Brodeur et Kiprusoff ont été éliminées dès le premier tour, tandis que celles de Luongo et Miller n'ont pas participé aux séries.

L'année précédente, une fois de plus, aucun des gardiens les plus utilisés parmi Brodeur (78 matchs), Luongo (76 matchs), Kiprusoff (74 matchs), Raycroft (72 matchs) et Lundqvist (70 matchs), n'a franchi la deuxième ronde.

Martin Brodeur est le dernier gardien à avoir gagné la Coupe Stanley tout en disputant plus de 70 matchs, au printemps 2003. Mais l'accrochage à outrance était encore toléré, et le travail du gardien n'était pas aussi exigeant.

Evgeny Nabokov (77 matchs), Martin Brodeur (77 matchs), Miikka Kiprusoff (76 matchs), Ryan Miller (76 matchs) et Roberto Luongo (73 matchs) ont été les gardiens les plus utilisés dans la LNH l'an dernier. Un seul, Nabokov, a survécu à la première ronde. L'année précédente, une fois de plus, aucun des gardiens les plus utilisés parmi Brodeur (78 matchs), Luongo (76 matchs), Kiprusoff (74 matchs), Raycroft (72 matchs) et Lundqvist (70 matchs), n'a franchi la seconde ronde.

On remarque par ailleurs que les Red Wings de Détroit ont eux aussi toujours pris soin de ménager leurs gardiens (tout comme Jacques Lemaire au Minnesota). Depuis >2000-2001, ils n'ont jamais utilisé un gardien dans plus de 65 matchs en saison régulière :

>2000-2001: Chris Osgood, 52 matchs.

>2001-2002: Dominik Hasek, 65 matchs.

>2002-2003: Curtis Joseph, 61 matchs.

>2003-2004: Manny Legace, 41 matchs.

>2005-2006: Manny Legace, 51 matchs.

>2006-2007: Dominik Hasek, 56 matchs.

>2007-2008: Chris Osgood, 43 matchs.

Les Red Wings ont remporté la Coupe Stanley deux fois et atteint une demi-finale. L'utilisation de leurs gardiens n'explique pas tout, évidemment. Mais il sera néanmoins intéressant de voir si on copiera leur méthode dans les années à venir.

Les Blackhawks de Chicago auraient peut-être intérêt, finalement, à garder leurs gardiens Cristobal Huet et Nikolai Khabibulin jusqu'à la fin de la saison, même s'ils coûtent plus de 12 millions cette année...