(Zhangjiakou) « Mon objectif est l’or ». Le phénomène japonais Ryoyu Kobayashi, surnommé « Roy », vise lors des Jeux olympiques de Pékin le titre qui le sacrera roi des tremplins.

Quatre ans après l’expérience initiatique de PyeongChang, où, à 21 ans, il n’avait pas décroché de médaille, ce poids plume (60 kg pour 1,73 m) qui dépoussière la discipline atterrit à Pékin avec des ambitions autrement plus élevées qu’en Corée du Sud.

« Avant de me rendre compte où j’étais, c’était déjà fini », se souvient-il dans un entretien à l’agence de presse japonaise Jiji. « La différence cette fois, c’est qu’il y aura des attentes autour de moi. »

En effet, le natif de Hachimantai est devenu en 2019 le premier Japonais à remporter le classement général de la Coupe du monde.

Un pays à la riche tradition des tremplins : Yukio Kasaya sur la plus haute marche d’un podium 100 % japonais aux Jeux de 1972 à Sapporo, puis Kazuyoshi Funaki en 1998 à Nagano, ont déjà été titrés aux JO, à chaque fois à domicile.

Kobayashi a déjà succédé à Funaki en devenant le deuxième sauteur de l’archipel à s’imposer dans la prestigieuse Tournée des quatre tremplins en 2019. Reste maintenant à l’imiter sur un podium olympique à Zhangjiakou.

Arrivé au saut dans les rails de son frère ainé Junshiro qui lui sera associé dans le concours par équipes, le prodige est omniprésent sur les réseaux sociaux où il affiche sa collection de sneakers, ses parties de golf, ses escapades — souvent au volant de sa Jaguar — bref son quotidien, en photos ou dans des vlogues. « Roy » Kobayashi a tout pour devenir l’attraction de février dans son pays.

« Sauts presque parfaits »

Il l’est déjà dans le biotope des tremplins. « Je suis un grand admirateur de Ryoyu depuis de nombreuses années », a clamé dans l’hebdomadaire allemand Der Spiegel en janvier l’Allemand Sven Hannawald, triple médaillé olympique et premier auteur, en 2002, du Grand Chelem dans la Tournée des quatre tremplins — à savoir un succès dans chaque étape.

Deux hommes seulement l’ont rejoint depuis : Kobayashi (2019) et le Polonais Kamil Stoch (2018), un des plus gros palmarès avec ses quatre médailles olympiques — dont trois titres — et l’un de ceux que le Japonais devra surveiller, malgré une entorse à une cheville début janvier.

Kobayashi a le momentum pour lui : il y a quelques semaines, il est passé près d’un deuxième Grand Chelem-ce qu’aucun sauteur n’a jamais réalisé-en remportant les trois premières épreuves de la Tournée.

« Ses sauts sont presque parfaits, louait dans la foulée Sven Hannawald. Toujours techniquement propres, toujours décontractés […] Chez Kobayashi, tout est impeccable. »

Au point de revenir de Chine avec un record de médailles ?

En plus du tremplin normal (finale le 6 février), du grand tremplin (finale le 12) et du concours par équipes (le 14), une toute nouvelle épreuve par équipes mixtes (le 7) sera inaugurée cette année. Associé à Sara Takanashi, détentrice du record de succès en Coupe du monde (61), il aura aussi de réelles chances de médailles.

Les deux représentantes françaises Julia Clair, 19e aux Jeux de Sotchi en 2014, et l’espoir Joséphine Pagnier, 19 ans et vice-championne du monde junior en titre, tenteront de créer la surprise le 5 février.