Chaque semaine, les journalistes des Sports de La Presse répondent à une question dans le plaisir, et un peu aussi dans l’insolence

Appel à tous

Et vous, quel athlète olympique avez-vous eu le plus de plaisir à suivre aux Jeux d’hiver ?

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Jean-François Téotonio

Les performances du duo de danseurs sur glace Tessa Virtue et Scott Moir ont épaté – et fasciné – les Canadiens depuis leur entrée en scène éclatante aux Jeux olympiques de Vancouver de 2010. Mais avec les réseaux sociaux et l’attention du monde entier, leur parcours le plus mémorable, dans mon cas, est celui des Jeux de PyeongChang de 2018. Ils étaient favoris, et ils ont gagné. Et surtout, au-delà de leurs danses et de leurs médailles, c’était leur chimie qui retenait l’attention. Leur complicité à l’apparence passionnelle. Non, ils n’étaient pas en couple. Oui, ils donnaient l’impression de s’aimer éperdument. C’était signe de leur talent pour l’interprétation. Mais aussi d’une vie à se côtoyer. En plus de leurs quelques minutes de spectacle sur la glace brillamment commentées par Alain Goldberg, Canadiens, Américains et autres citoyens du monde se sont amusés à conjecturer sur leur véritable relation tout au long de la compétition. Le tout a culminé avec un nouveau record du monde, une deuxième médaille d’or en deux épreuves en Corée du Sud, une fin de carrière au sommet de leur art... et Tessa Virtue en couple avec Morgan Rielly des Maple Leafs.

Simon-Olivier Lorange

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Marc Gagnon

Avec sa forte personnalité et son charisme unique, le patineur de vitesse Marc Gagnon a été l’une des grandes vedettes sportives au Québec au début des années 2000. Ses exploits aux Jeux olympiques de Salt Lake City, en 2002, sont probablement ceux qui m’ont laissé le souvenir le plus mémorable. Le 23 février, Gagnon a franchi toutes les rondes éliminatoires et enlevé la médaille d’or sur 500 m, avant de partager une autre victoire, le même soir, avec le relais canadien sur courte piste. Je n’ai pas grandi dans une famille d’amateurs de sport, mais je me rappelle avoir regardé toutes les courses avec mes parents, mon frère et ma sœur. Nous avions l’air d’une publicité de Tim Hortons, à crier pour nos athlètes comme si nous assistions à un septième match de la finale de la Coupe Stanley. De vrais beaux moments.

Nicholas Richard

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Marie-Philip Poulin

J’ai grandi en jouant au hockey. Mon environnement était complètement hockey. Mes premières idoles étaient des joueurs de hockey. Comme beaucoup de jeunes de ma génération, j’ai été initié au monde du hockey féminin lors des Jeux olympiques de Vancouver, en 2010, grâce à Marie-Philip Poulin. Depuis, je la suis avec intérêt et elle ne m’a jamais déçu. Chaque présentation des Jeux olympiques est une occasion supplémentaire d’être témoin de l’un des plus beaux talents de l’histoire du hockey. Point final. Une joueuse immensément douée, une ambassadrice extraordinaire, mais surtout une rassembleuse née. Tout le monde se souvient de la finale à Sotchi en 2014. Poulin mène cette équipe depuis plus d’une décennie et il est impossible de manquer une seule de ses présences sur la glace, pour être témoin du brio de cette grande joueuse.

Katherine Harvey-Pinard

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Charles Hamelin

J’avais 11 ans quand Charles Hamelin a remporté sa première médaille au relais à Turin, en 2006. Quinze ans plus tard, il est toujours là. Ayant moi-même fait du patinage de vitesse pendant des années quand j’étais jeune, j’ai un attachement assez particulier pour le sport. Ce sont ces épreuves que j’attends impatiemment tous les quatre ans. Et chaque fois que Hamelin lève les bras dans les airs en recevant sa médaille sur le podium, je suis émue. C’est immanquable. Il faut dire que je pleure à pas grand-chose, mais quand même. Quoi qu’il arrive à Pékin, cet athlète a déjà réalisé de très grandes choses. Apprécions ses derniers tours de piste…

Richard Labbé

Mon premier souvenir olympique digne de mention sera toujours le Miracle de l’équipe américaine de hockey à Lake Placid en 1980, et le visage de ce miracle sera toujours à mes yeux Jim Craig. Imaginez : ce gardien américain, parfaitement inconnu avant ces Jeux, est celui qui a dû se présenter en face de l’immense Vladislav Tretiak, le gardien de l’URSS, lors d’un match que les Américains ne devaient pas gagner. Au bout du compte, Tretiak a été sorti du match après deux buts (quelle mauvaise décision, au fait), et c’est Craig, le grand inconnu, qui a mené son club à cette victoire inattendue de 4-3, puis à la médaille d’or moins de 48 heures plus tard grâce à un triomphe sur les Finlandais. Je le revois encore, avec son masque tout blanc orné de trèfles verts, en train de frustrer des Soviétiques médusés pendant 60 minutes… Ensuite, Jim Craig n’aura fait que passer dans la LNH, il est vrai. Mais personne ne pourra jamais lui enlever sa médaille d’or de 1980.

Miguel Bujold

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Joannie Rochette

Il y a des athlètes que l’on trouve plus sympathiques que d’autres, et Joannie Rochette faisait partie de ce groupe pour moi, même si je ne l’avais jamais rencontrée. Lorsque sa mère Thérèse est subitement morte d’un AVC au jeune âge de 55 ans quelques jours avant l’amorce des Jeux de Vancouver, comme le pays en entier, j’ai ardemment souhaité une médaille pour la patineuse québécoise. J’ai donc suivi sa compétition de près, tout comme ma mère, Lili, qui habite aujourd’hui en Ontario et qui est elle-même aux prises avec de graves problèmes cardiaques depuis des décennies. Ma mère est loin d’être une fan de sport, mais elle avait suivi les Jeux de 2010 avec intérêt. Des Jeux qui ont été marqués au Canada par le but en or de Sidney Crosby et le parcours de Rochette. Comme toujours, la compétition était relevée, mais grâce à d’éblouissantes performances, Rochette a gagné sa place sur le podium avec plus de 12 points d’avance sur l’Américaine Mirai Nagasu, qui a terminé quatrième. Elle a gagné la médaille de bronze, partageant le podium avec la Coréenne Kim Yu-na (or) et la Japonaise Mao Asada (argent). Une victoire doublement émotive, il va sans dire, et mon plus beau souvenir des Jeux d’hiver, comme bien d’autres gens.

Guillaume Lefrançois

Luka Gračnar, ça vous dit quelque chose ? Moi, ça ne me disait rien avant les Jeux de Sotchi. Un bon jour, en épluchant la formation de l’équipe de hockey masculine de la Slovénie, je suis tombé sur ce gardien qui avait alors 20 ans, qui jouait pour l’EC Salzbourg, en Autriche. Or, l’entraîneur des gardiens de ce club était Patrick Dallaire, un Québécois. Je tente donc ma chance pour une entrevue avec Gračnar après un entraînement, où je devais bien être le seul non-Slovène sur place. Arrive Gračnar, qui parle un anglais très convenable. À la fin de l’entrevue, où on parle bien sûr de Dallaire, je lui demande s’il a appris quelques mots de français grâce à son coach. Et lui, sans même me demander d’éteindre l’enregistreuse, se met à enchaîner les jurons avec le plus bel accent québécois, le sourire du gars assez fier de son coup. Gračnar a dès lors pris une place spéciale dans mon cœur. Malheureusement pour lui, il a subi une défaite de 5-1 à son seul match des JO, mais il n’a pas de quoi rougir : c’était contre les États-Unis et Phil Kessel a marqué trois fois.

Jean-François Tremblay

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Isabelle Brasseur et Lloyd Eisler

Ma mère était une inconditionnelle du patinage artistique. Elle adorait surtout Isabelle Brasseur et Lloyd Eisler. J’en ai développé une connaissance étonnamment poussée des patineurs artistiques étoiles du début des années 1990. Bref. En 1992 à Albertville, je me suis pris d’un énorme intérêt pour le parcours de Brasseur et Eisler, finalement médaillés de bronze chez les couples. Je me rappelle surtout à quel point ma mère était outrée que les Duchesnay ne gagnent que l’argent, derrière Marina Klimova et Sergueï Ponomarenko en danse. De son analyse, les juges n’acceptaient pas pleinement les innovations des Français. Je crois aussi qu’elle préférait Midori Ito à Kristi Yamaguchi, position audacieuse pour l’époque. Donc, ce que j’ai suivi avec le plus d’intérêt est certainement la compétition de patinage artistique des Jeux de 1994, en grande partie pour mon plaisir de la vivre avec ma mère. Brasseur et Eisler ont encore gagné le bronze. Elvis Stojko a été fabuleux en argent. La toute jeune Ukrainienne Oksana Baiul a gagné l’or chez les dames. Et je revois ma mère crier dans le salon qu’on laisse Tonya Harding recommencer sa chorégraphie pour un présumé problème de lacets. Je pense qu’elle ne l’aimait pas trop.