(Yanqing) De Montréal, le plan semblait solide. Étant installé dans les montagnes de Zhangjiakou, je n’aurais qu’à sauter dans le train à grande vitesse pour me rendre à Yanqing et suivre le ski alpin. La carte traçait une belle ligne droite. Une affaire de rien.

En mettant le pied ici, j’ai rapidement compris que ça ne tiendrait pas. Des collègues me parlaient d’une aventure de quatre, cinq heures en autobus, sans garantie d’arriver à temps. Un Suédois était parti à 3 h du matin pour couvrir le slalom géant…

Les gentilles bénévoles du centre de presse ne m’ont pas plus rassuré, me dessinant un plan comprenant six navettes et autant de transferts. Yves Boisvert s’est informé au bureau des transports de Pékin. Il m’a envoyé la photo d’un graphique « multizone » pas vraiment plus clair.

Finalement, il a été déterminé que le moyen le plus efficace d’atteindre la zone alpine était de prendre le train rapide jusqu’à Pékin, de remonter vers Yanqing dans un autre train et de prendre trois ou quatre navettes par la suite.

Pour couper le voyage – et me donner une chance de couvrir la descente féminine –, j’ai décidé de coucher à Pékin la veille.

Le trajet en train a été un véritable charme, une affaire d’à peine 50 minutes pour 175 km. Accompagné du collègue Didier Debusschere, photographe du Journal de Québec, on a suivi la finale de l’épreuve de sauts dans un wagon à peu près vide. Bien au chaud, on a vaguement sympathisé avec Émilie, qui couvrait la compétition à -25 °C avec sept hot shots sur le corps.

Yves a été l’heureux élu pour m’accueillir dans sa chambre. On a même partagé le souper de la Saint-Valentin, se passant la bouteille de son vin rouge chinois d’un côté à l’autre du panneau de plexiglas. Je me suis endormi au son de son vigoureux pitonnage sur le clavier, dont je ne donne pas cher de l’espérance de vie.

Retour à la gare de Qinghe le lendemain à 7 h pour rejoindre Yanqing, à 87 kilomètres au nord-ouest de la capitale. Un peu comme à Calgary, les montagnes se dressent juste à la sortie de la ville. Leurs flancs sont dénudés à l’image des Rocheuses du Colorado. Avec le soleil, leur teinte rappelait vaguement les Dolomites, les crêtes acérées en moins.

Scène étrange sur le bord des routes entourées de rangées d’arbres : des dizaines d’employés de la voirie grattent la neige et la glace à la pelle. Ma blonde en aurait bien besoin pour ma patinoire à Rosemont.

Deux navettes plus tard, il ne reste qu’une étape avant d’atteindre le centre de presse et la zone d’arrivée : une longue balade entre ciel et terre dans une télécabine flambant neuve aux sièges chauffants. Je suis monté en même temps qu’Ulrik, un photographe pigiste danois :

« Tu arrives d’où ?

— Zhangjiakou.

— Tu es parti à quelle heure ?

– 7 h. »

Non, je ne l’ai pas garroché en bas.