Tous les athlètes visent inconsciemment la médaille d’or. Peu peuvent vraiment la gagner. Alexis Guimond, lui, se prépare à aller à Pékin avec un seul objectif en tête : rapporter l’or à la maison.

Il aurait été difficile de miser là-dessus, il y a deux décennies. Né à Houston et initié au rodéo dès son plus jeune âge, il a été victime d’un accident vasculaire cérébral à l’âge de 6 mois. Ça a créé chez lui une hémiparésie du côté droit de son corps et une paralysie cérébrale. À 4 ans, ses parents sont rentrés au Québec et c’est en Outaouais que Guimond a dévalé les pistes pour la première fois. Cependant, la malchance l’a encore frappé alors qu’il avait 12 ans. Il a fait un second AVC, qui a touché cette fois son côté gauche.

Malgré tout ça, il a su s’adapter. Il l’a fait toute sa vie. C’est pour ça que même si les quatre dernières années ont été remplies de rebondissements, il a su naviguer à travers les courants comme un capitaine de navire aguerri.

Depuis sa première participation aux Jeux paralympiques en 2018, il a acheté sa première maison, a gagné 30 lb, son frère s’est marié, une pandémie mondiale a sévi et il a mis tous les efforts du monde pour améliorer ses chances de remporter une médaille à Pékin.

Il estime avoir pris beaucoup de maturité. En même temps, ça s’imposait. Lorsqu’il a gagné sa médaille de bronze à PyeongChang à ses premiers Jeux, il n’avait que deux saisons d’expérience en Coupe du monde. Aujourd’hui, à 22 ans, il a en a six derrière la cravate.

Le grand retour

Guimond n’accumule pas seulement les saisons, mais aussi les médailles. Après une année complète d’arrêt en raison de la pandémie, le skieur a repris là où il avait laissé il y a deux ans sur le Circuit de la Coupe du monde. Il a déjà remporté deux médailles d’argent et une de bronze depuis la reprise des activités.

Malheureusement, il n’a pas connu autant de succès aux Championnats du monde à Lillehammer, en Norvège. Il a obtenu une quatrième place en descente, une cinquième position en slalom géant et a été victime d’une sortie de piste en super-G. Évidemment, ces résultats étaient en deçà des attentes de l’athlète de Gatineau, mais ils serviront de motivation pour les épreuves qu’il disputera aux Jeux paralympiques.

« Ça a créé beaucoup de frustration. Je pense que ça me servira de motivation. Ça met de l’huile sur le feu. Le but est de livrer mon meilleur ski et de ne rien laisser sur la table. »

Le tout pour le tout

Joint à Whistler quelques jours avant son départ pour la Chine, Guimond était en train de finaliser les derniers préparatifs en vue des Jeux. Il les a dans le viseur quotidiennement. Ses vêtements de l’équipe canadienne sont juste au pied de son lit. Il serait difficile de les ignorer. C’est un rappel que chaque jour est déterminant dans sa quête vers une autre médaille.

Il est capable d’y parvenir et il le sait. Non seulement parce qu’il est l’un des athlètes les plus travaillants et préparés du circuit, mais aussi parce qu’il est profondément passionné et habité par son sport. Il est conscient qu’avec la qualité de son ski, une bonne performance de sa part se traduit habituellement par un podium. La tendance devrait être la même à Pékin. Ça ne veut pas dire qu’il prend la compétition à la légère. Affirmer qu’Alexis Guimond s’investit corps et âme dans son sport et dans sa préparation serait un euphémisme.

J’ai un but concret en tête et c’est la médaille d’or. L’ambition de vouloir la médaille d’or fait de moi un athlète différent. Je ne veux jamais être satisfait tant que je n’aurai pas une médaille d’or aux Jeux paralympiques.

Alexis Guimond, paraskieur

Le skieur ne se complaît pas uniquement dans le discours traditionnel de l’athlète qui souhaite avoir du plaisir et profiter de l’expérience au maximum. Il le veut, bien entendu. Il reconnaît le privilège qu’il a de participer de nouveau à la plus grande cérémonie sportive du monde et il s’agit pour lui d’un immense cadeau.

Néanmoins, s’il va à Pékin, c’est pour gagner des médailles : « J’ai toujours faim pour les médailles, surtout pour la médaille d’or. »

Le skieur ne veut pas se mentir, il ne serait pas satisfait de lui-même s’il devait repartir de la Chine sans médaille. Il est tout de même conscient que la compétition n’a jamais été aussi relevée et qu’on a joué du coude aux derniers Mondiaux. Il n’y a jamais rien d’assuré dans le monde du sport.

Sa destinée

À partir de l’âge de 4 ans, du plus loin qu’il se souvienne, il passait toutes ses fins de semaine sur ses deux spatules au Sommet Edelweiss. C’est à 6 ans que son père l’a initié aux Jeux paralympiques. Il n’a pas fallu plus qu’une discussion pour que le jeune Alexis se mette à y rêver.

Sa logique était simple : « J’aimais tellement le sport, j’avais tellement de plaisir à skier avec mes amis que je voulais continuer à en faire le plus longtemps possible. »

Non seulement il fait toujours du ski, mais il a aussi réalisé son rêve. Il a commencé à faire des compétitions de paraski à l’âge de 9 ans. Rien n’aurait pu le faire dévier de sa trajectoire. Il a même déménagé à Mont-Tremblant pour améliorer ses chances de réussir.

« Je sentais que j’avais du feu en dessous de moi, j’ai toujours été très ambitieux. »

Son ambition a été payante et il avait vu juste. Après son premier AVC, son médecin avait indiqué à ses parents qu’il n’allait plus pouvoir marcher. Il ne faut donc pas être surpris de constater que de repousser les limites, Alexis Guimond en a fait sa spécialité.