(Paris, France) À un an du coup d’envoi des Jeux olympiques de 2024 à Paris, le comité d’organisation est déjà sous pression et les problèmes ne cessent de s’accumuler.

Depuis plusieurs semaines, des essais se déroulent avec des athlètes et des spectateurs. L’organisateur des Jeux met actuellement tout en œuvre afin d’éviter un chaos semblable à celui qui a régné au Stade de France de Saint-Denis au moment de la finale de la Ligue des champions de soccer en mai 2022. Il y a 15 mois, des centaines de supporteurs de Liverpool et du Real Madrid avaient été agressés et dépouillés par des bandes organisées des quartiers avoisinants.

Il y a quelques semaines, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a fixé un objectif de « zéro délinquance ». Les détails de ce plan sont désormais mis en œuvre, avec une augmentation marquée des moyens de la police et de la justice, à Paris et en proche banlieue. Il a aussi annoncé l’affectation de 2800 gardiens de la paix supplémentaires dans l’agglomération parisienne.

L’objectif de l’État est de faire baisser le taux de délinquance sur le territoire francilien afin de donner une bonne image du pays dans un an. Le département de la Seine–Saint-Denis est l’un des plus criminogènes du pays. Il s’agit de s’attaquer à la délinquance et particulièrement au phénomène d’accaparement de l’espace public : les points de transactions illicites, la vente à la sauvette et les gares où l’on ne se sent pas en sécurité.

Le coût de l’hébergement explose

Au-delà de la sécurité dans l’espace public, il y a de nombreux champs conflictuels à défricher dans la capitale française. Pour les amateurs de sport qui souhaitent assister à ce grand évènement entre le 26 juillet et le 11 août 2024 et qui ont besoin de billets et d’hébergement, il faudra avoir fait quelques économies pour pouvoir assister aux compétitions.

Les visiteurs des Jeux devront mettre la main à la poche et prévoir un budget conséquent rien que pour leur hébergement. Selon le site de réservation Airbnb, une personne intéressée par un séjour dans la capitale se voit par exemple proposer une chambre contre 2117,65 euros (plus de 3000 $ CAN) par nuit pendant les Jeux olympiques.

Ce studio, toujours disponible, coûterait au total pas moins de 42 327,32 euros (plus de 60 000 $ CAN) pendant toute la période des Jeux. Une telle offre est révélatrice de l’explosion des prix à laquelle les 2,7 millions de touristes attendus feront face.

À moins d’un an du début des festivités, où de 12 à 15 millions de visiteurs sont attendus, nombreux sont donc ceux qui se posent la question de l’hébergement à moindre coût.

Si des particuliers parisiens y voient l’occasion d’en tirer des bénéfices pécuniaires, d’autres craignent des dérives qui pourraient nuire à l’esprit olympique.

Pendant les Jeux, 130 000 hôtes devraient louer en tout ou en partie leur bien immobilier via la plateforme Airbnb et accueillir ainsi quelque 560 000 touristes. Les hôtes Airbnb devraient gagner environ 2000 euros bruts (avant impôts), soit presque 3000 $ CAN, s’ils louent leur logement pendant dix jours durant les Jeux olympiques et paralympiques. Cela signifie que les revenus par nuit s’élèveront à environ 200 euros et qu’ils devraient augmenter de 70 % en moyenne par rapport aux prix qui avaient cours en 2022.

Le rêve des billets

La vente des billets donne également lieu à des discussions récurrentes. Les prix et la disponibilité des places lors du lancement de la deuxième phase de vente ont suscité autant d’inquiétude que lors de la première phase. Un autre couac pourrait mettre en colère les personnes tirées au sort : de nombreux détenteurs de billets pour assister à des compétitions d’athlétisme ont eu une bien mauvaise surprise après la mise en ligne de la vente de billets individuels de la deuxième phase de vente.

« Nous avons constaté qu’il y avait eu des erreurs sur un total de huit séances d’athlétisme, a confirmé Tony Estanguet, le principal responsable du comité d’organisation de Paris 2024. Il y a plus de 760 séances qui sont mises en vente dans cette deuxième phase de la vente des billets. Pour ces huit séances d’athlétisme, il y a eu une erreur de programmation, car le calendrier a évolué et nous ne l’avons pas mis à jour. »

La conséquence de ce raté : les spectateurs peuvent avoir dépensé jusqu’à 980 euros (plus de 1400 $ CAN) pour un billet pour la finale au Stade de France, et se retrouver en fin de compte avec un programme totalement différent. Quelque 3,25 millions de billets avaient trouvé preneur lors de la première phase en février, et les deux tiers des 1,5 million de billets mis en vente pour la deuxième phase sont partis en à peine 48 heures. Une troisième et dernière phase de vente de billets individuels – cette fois sans tirage au sort – est prévue pour la fin de l’année 2023.

Quant aux transports en commun, là aussi, beaucoup d’inquiétudes. À Paris, les trains sont loin d’être fluides, qu’il s’agisse du métro ou du RER (réseau express régional). La ligne B qui dessert le département de la Seine–Saint-Denis, où se dérouleront plusieurs évènements l’été prochain, donne des maux de tête aux organisateurs.

Beaucoup de sites sont assez mal desservis par les transports les jours de forte affluence comme le stade de soccer du Parc des Princes, Roland-Garros ou le château de Versailles. Jean Castex, qui était il y a peu encore premier ministre et qui est désormais à la tête de la Régie autonome des transports parisiens, doit y remédier au plus vite. Pour les organisateurs de Paris 2024, le… pari est encore loin d’être gagné.

« Au comité, nous avons pleinement conscience des nombreux défis qui nous attendent, a admis Estanguet. Même s’il y aura des difficultés sur notre chemin, nous sommes convaincus que nous aurons des Jeux olympiques qui resteront inoubliables. »