L'artère que s'est déchirée la skieuse acrobatique Sarah Burke lors d'une chute à l'entraînement est l'un des plus importants vaisseaux sanguins du corps humain, celui qui transporte le sang riche en oxygène au tronc cérébral, expliquent des neurochirurgiens.

La skieuse de 29 ans est morte jeudi à l'hôpital de l'Université de l'Utah des suites de ses blessures, neuf jours après l'accident qui s'est produit à la station de Park City.

C'est le tronc cérébral, situé au bas du cerveau et logé dans le bas du crâne, qui contrôle la respiration et les fonctions cardiaques.

«Il y a quatre vaisseaux principaux qui apportent le sang au cerveau, dont deux sont à l'arrière de la tête, a expliqué le Dr Michael Cusimano, neurochirurgien à l'hôpital St. Michael's de Toronto. Elles sont nommées les artères vertébrales parce qu'elles passent par les os du cou avant d'atteindre le cerveau.»

Les deux autres, les carotides, sont à l'avant du cou.

C'est l'une de ses artères vertébrales qui a été déchirée quand elle a chuté dans la super demi-lune, provoquant une hémorragie intracérébrale massive, qui a causé un épanchement de sang dans son cerveau.

Selon les médecins, cette importante blessure au cerveau a causé un arrêt cardiaque, qui a provoqué un arrêt respiratoire, résultant en un manque d'oxygène au cerveau.

«Son coeur s'est arrêté à la montagne, dit Cusimano. Son artère était probablement partiellement déchirée, ce qui a entraîné l'hémorragie et l'arrêt cardiaque.»

Les paramédics qui se sont rendus sur place ont pratiqué des manoeuvres de réanimation avant que Burke ne soit transportée à l'hôpital, où elle a été branchée à un ventilateur, ou respirateur artificiel. On a ensuite pratiqué une hypothermie thérapeutique afin de contrôler l'enflure des tissus cérébraux.

«Ils l'ont délibérément mise en hypothermie, explique Cusimano. Quand le cerveau a été endommagé, l'une des façons de le traiter est de le refroidir afin de le protéger. Ils espéraient protéger son cerveau afin qu'il se remette de ce traumatisme.»

Le lendemain, des chirurgiens ont été en mesure de réparer l'artère déchirée, une opération délicate qui demande beaucoup de doigté, selon le neurochirurgien pédiatrique d'Ottawa Michael Vassilyadi. «C'est très difficile à faire.»

Toutefois, lors des examens effectués après cette intervention - dont plusieurs examens neurologiques, des tests électrodiagnostics et des tests d'imagerie - ont révélé que la skieuse avait subi d'importants et irréversibles dommages au cerveau, causés par le manque d'oxygène.

Le nom exact de cette condition est encéphalopathie ischémique-hypoxique.

«En général, toute baisse d'alimentation sanguine au cerveau peut causer ce que nous appelons de l'ischémie, puisque avec le sang, vous avez l'oxygène, explique Vassilyadi, qui pratique au Centre hospitalier pour enfants de l'Est de l'Ontario. Vous avez moins de sang, donc moins d'oxygène, au cerveau. Vous pouvez subir un accident vasculaire cérébral découlant de cette baisse d'oxygénation du cerveau.»

À sa demande, la famille de Burke a fait don de ses organes et ses tissus après son décès, a indiqué sa relationniste par communiqué. Elle a aussi mis sur pied un site Internet pour amasser des fonds afin de payer ses frais médicaux et connexes, où les dons affluent.

Le site, à l'adresse www.giveforward.com/sarahburke, a pour but d'amasser 550 000 $ selon son agent, Michael Spencer. Le bénéficiaire est identifié comme étant Roy Bushfield, son conjont qu'elle a épousé en 2010.

«Je crois que c'est tragique, conclut Cusimano. Ça fait partie des risques. Je ne sais pas quoi dire. Ça démontre à quel point nos vies sont fragiles et de quelle façon les choses peuvent changer en une fraction de seconde. Que peut-on dire? Elle aimait sûrement skier et faire de la demi-lune.»