Lorsque Alex Harvey a appelé son père après avoir remporté son premier titre mondial en ski de fond lundi, leur entretien fut bref. Le nouveau roi de la poursuite de 30 kilomètres chez les moins de 23 ans était sollicité de toutes parts et devait courir vers d'autres engagements. «De toute façon, on n'a pas eu besoin de se parler longtemps pour comprendre ce que nous ressentions l'un et l'autre», a expliqué le paternel hier.

La voix de Pierre Harvey, un des plus grands olympiens de l'histoire du Canada, renvoie des accents de bonheur à l'autre bout du fil. Son fils, un athlète d'exception, a accompli un extraordinaire exploit en s'imposant dans cette course exigeante, en Estonie: 15 kilomètres en style classique et 15 autres en pas de patineur.

«Son ton me disait: Wow! a raconté le paternel. Et si Alex ne l'a pas exprimé aussi clairement, j'ai bien senti qu'il voulait me dire avec fierté: «Je t'ai dépassé, papa.» C'est la plus belle chose qui puisse arriver à un père.

« Nous, les hommes, on ne parle pas beaucoup de ces choses-là. Mais ce qui nous arrive est presque trop beau pour être vrai. Je suis vraiment heureux d'être complice de son succès.»

La performance d'Alex Harvey confirme l'émergence des fondeurs canadiens, venus près de monter sur le podium aux Jeux de Vancouver. Au coeur de cette nouvelle génération, on retrouve Alex, 22 ans, trempé dans le fer, comme son père.

«Michel LeBlanc, qui dirige l'équipe canadienne de vélo de montagne, me disait à quel point l'attitude d'Alex avant une compétition l'impressionnait, a poursuivi Pierre. Des champions du monde à l'entraînement, il s'en trouve plusieurs. Mais savoir dominer la pression lorsque la vraie bataille commence, ce n'est pas tout le monde qui réussit. Le jour J, il faut savoir mettre les morceaux ensemble. Alex, le matin d'une course, se transforme en guerrier.

«Je me souviens des Jeux de Vancouver. C'était sa première expérience et je me demandais comment il allait réagir. Il est demeuré calme et concentré. Je suis toujours surpris de sa capacité à atteindre de nouveaux plateaux.»

Après cette victoire motivante, lundi, Alex Harvey se lance à l'assaut des Championnats du monde seniors, qui auront lieu à Oslo, à la fin du mois. «Je crois l'équipe canadienne capable de terminer dans les cinq premières au relais, a avancé Pierre. C'est peut-être trop tôt pour un podium, mais on ne sait jamais.»

Ce relais regroupe quatre fondeurs par pays. Ils parcourent chacun dix kilomètres, deux en style classique et deux en pas de patineur. Alex Harvey se présentera au départ motivé à fond, certain de la confiance et de l'amour que lui apporte son supporter numéro un.