Après sa longue sieste d'après-midi, Alex Harvey est apparu frais comme une rose dans le hall de l'hôtel Dolomiten, hier. Ce que l'Italie peut faire au moral.

Après un séjour allemand qui aurait pu mal virer, le fondeur de Saint-Ferréol-les-Neiges s'est replacé dans la course au Tour de ski, dont la deuxième portion s'amorce aujourd'hui avec un 5 kilomètres classique à Dobbiaco.

Onzième après quatre des neuf étapes, Harvey garde le cap. «Les cinq premiers, c'est encore possible», a-t-il estimé.

L'athlète de 23 ans n'aurait peut-être pas dit la même chose dimanche dernier à Obersdtorf. Sous la pluie battante, il a peiné en quart de finale du sprint. Il payait encore les efforts de la veille, lorsqu'un fartage raté l'avait repoussé loin au classement et obligé à surtaxer le haut du corps en classique.

Le soulagement a donc été immense, dimanche, quand il a pu rallier l'arrivée du skiathlon de 20 km au septième rang, à une poignée de secondes des meneurs. «J'étais plus fatigué après le sprint», a-t-il relevé, heureux d'avoir pu confirmer ses bonnes impressions lors d'une courte sortie d'entraînement en matinée.

«Il faut jouer à la chasse maintenant, prendre plus de risques», a souligné Harvey, qui avait retrouvé son fan-club féminin pour le dîner: sa mère, ses deux soeurs, sa blonde et sa belle-mère.

Le technicien-chef Yves Bilodeau a interrompu l'entrevue une fraction de seconde. Il n'a rien dit. Son sourire était suffisamment évocateur. L'épisode du fartage - ça arrive, en ski de fond - a secoué tout le monde. «C'est vraiment important pour les farteurs de nous donner de bons skis, a rappelé Harvey. Ils se sont bien repris.»

Une seconde sépare Northug Jr et Cologna

Selon toute vraisemblance, le Norvégien Petter Northug Jr., gagnant de deux étapes, et le Suisse Dario Cologna, qui vise un troisième titre, se disputeront la victoire finale de ce sixième Tour de ski. Une seconde les sépare en tête.

La troisième marche du podium, occupée par Alexander Legkov (" 52 secondes), est à prendre. Cinquième à 11 secondes du Russe, l'Ontarien Devon Kershaw a évidemment l'oeil dessus. Tout feu tout flamme, l'uniforme sur le dos et les écouteurs sur les oreilles, Kershaw partait pour un jogging en fin d'après-midi.

Kershaw, 29 ans, se croisait les doigts et espérait que la chance tourne en faveur de son équipe. La veille, son coéquipier Ivan Babikov, troisième Canadien en lice, craignait s'être fracturé un poignet lors d'une lourde chute dans une clôture à 400 m de l'arrivée. Heureusement, les radiographies n'ont pas révélé de fracture. Babikov (36e), gagnant de la dernière étape en 2009, s'est entraîné avec une attelle et prévoit prendre le départ aujourd'hui en dépit de la douleur.

Après ce 5 kilomètres classique, où Harvey vise une place parmi les cinq premiers, les meilleurs fondeurs de la planète disputeront un sprint libre le lendemain. «L'étape-clé sera celle de Cortina» jeudi, a prédit Kershaw. Les coureurs franchiront alors les 35 kilomètres séparant Cortina de Dobbiaco.

Avec un départ donné selon les écarts au classement, Northug et Cologna voudront sans doute travailler de concert pour éviter le retour des Russes et surtout du dangereux Tchèque Lukas Bauer (neuvième à 1 min 30 s), double vainqueur du Tour et spécialiste de la montée finale à l'Alpe Cermis, où tout se jouera dimanche.

Bauer, la cible

«Par contre, s'il neige, comme c'est annoncé, ils vont se faire ramasser», a prévenu Harvey, qui cède 1 min 54 s à Northug.

Harvey cible surtout Bauer. L'objectif est de refermer autant que faire se peut l'écart de 24 secondes qui le sépare du Tchèque d'ici à jeudi. Ce sera alors plus facile de ne pas rater le train Bauer à l'étape de Cortina, qu'Harvey avait conclue au cinquième rang l'an dernier.

«De façon réaliste, je peux revenir parmi les cinq premiers à Cortina. Après, ce sera de voir si je suis capable de me donner un petit coussin avant la dernière montée.»

Harvey avait fini 10e au classement général l'an dernier. Son ami Kershaw, septième avec trois podiums dont une étape.