Le Tour de ski d'Alex Harvey ressemble au relief des Dolomites italiennes: monte, descend, monte, descend. Après une journée difficile la veille, le fondeur québécois a retrouvé les sommets, mercredi, en prenant le sixième rang du sprint libre de Dobbiaco.

Ce n'est pas le podium tant recherché, mais un sérieux remontant pour la suite. Avec ce résultat, Harvey grimpe de six échelons au classement cumulatif pour s'installer au neuvième rang. Compte tenu des pépins rencontrés sur les pistes jusque-là, il est pleinement satisfait de cette position enviable à l'aube de l'étape de 35 kilomètres reliant Cortina d'Ampezzo à Dobbiaco, là où on devrait assister à un brassage des cartes.

Si le Suisse Dario Cologna et le Norvégien Petter Northug, respectivement premier et deuxième du Tour, détiennent les deux jokers, le reste du jeu est ouvert. Mercredi, à l'occasion de ce dernier sprint du Tour, Harvey est celui qui a réussi la meilleure opération parmi les prétendants à la dernière marche du podium final. Sa sixième place lui a valu 35 secondes de bonification, 42 si l'on ajoute son temps des qualifications.

Harvey n'est pas passé par la zone d'entrevues après la finale. Il a plutôt filé vers le stationnement du Nordic Arena pour s'engouffrer dans le gros autobus de «tournée» de l'équipe canadienne. Il en est sorti quelques minutes plus tard, un gros gobelet de boisson régénératrice à la main.

«Ça a été une montagne russe ce tour-là», a convenu le jeune homme, qui venait d'égaler son meilleur résultat jusqu'ici sur le Tour.

Harvey semblait heureux d'avoir pu démontrer que sa 29e place de la veille au 5 km n'était rien d'autre qu'un simple coup de malchance. «Je suis en forme, je sais que je suis en forme, a-t-il insisté. (Mardi), sérieusement, c'était le réchauffement.»

L'athlète de 23 ans était juste un peu déçu d'avoir été le dernier à franchir la ligne en finale. Alors que le Russe Nikolay Morilov, un pur spécialiste, s'imposait devant Northug et Cologna, il aurait bien aimé remonter un ou deux rivaux dans la dernière ligne droite. Cela lui aurait permis de retrancher cinq ou dix secondes de plus.

Seulement, ses skis répondaient un peu moins bien qu'en début de journée dans les descentes.

«Les conditions ont un peu changé, a expliqué Harvey. Mes skis étaient encore compétitifs, mais tu as parfois besoin d'un peu de chance dans les sprints. Des fois, tu as de super bons skis et tu ne réussis pas à en tirer profit. Aujourd'hui, j'ai tiré le plus que je pouvais de l'équipement qu'on avait. Ce n'étaient pas de mauvais skis, c'est juste que d'autres gars avaient des skis un peu plus vites, en particulier les Italiens.»

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Harvey a démarré la journée en trombe, enregistrant le cinquième temps des qualifications, un sommet personnel. Son compatriote Devon Kershaw, vainqueur sur le même parcours l'an dernier, a suivi au sixième rang.

Le hasard a voulu que les deux grands amis, champions du monde du relais sprint, se retrouvent dans la même vague quart de finale.

Pas de stratégie commune, un simple accord tacite de ne pas se nuire mutuellement. Kershaw a tenté en vain de se détacher dans la montée la plus abrupte. Sa journée s'est arrêtée là, mais il est quand même passé de la cinquième à la quatrième position au classement général, à un peu plus de deux minutes de Cologna.

Harvey a gagné la vague sans encombre pour se retrouver en demi-finale, où il s'est classé quatrième. Son chrono lui a cependant valu d'être repêché pour la grande finale. Quatrième en haut de la montée la plus abrupte, il n'a pas été en mesure de se relancer comme il aime habituellement le faire. Son chien était mort.

«J'ai essayé de prendre l'aspiration sur le plat, mais je n'étais pas capable. Il me manquait un peu de vitesse. Quand même, je finis sixième. Chaque fois que je suis dans les 10 premiers au monde, je suis content.»

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Après une dizaine de minutes d'entrevue, l'entraîneur-chef Justin Wadsworth nous a invités à poursuivre au chaud dans l'autobus, un luxe que s'offre l'équipe canadienne depuis deux ans grâce à une contribution de l'organisme B2Dix.

En plus de voyager plus confortablement, on y trouve toutes les commodités: lits, télés, musique, internet, four et du Red Bull pour une armée.

Installé dans le lounge, Harvey a analysé avec grande anticipation l'étape cruciale de jeudi, la plus longue du Tour, 35 kilomètres au creux des Dolomites, dans un décor carte postale qui fera la joie des photographes.

Avec un départ de type handicap, Harvey sera le neuvième à s'élancer sur ce parcours qui convient parfaitement à ses qualités: une longue montée graduelle, suivie d'une descente vers Dobbiaco. «C'est une étape physique, vraiment. Je me sens bien, ce qui fait que je suis prêt à attaquer.»

Il projette se greffer rapidement à un groupe de poursuite, qui inclurait le Tchèque Lukas Bauer (7e, huit secondes devant Harvey), double vainqueur du Tour, et le Suédois Marcus Hellner (8e), deuxième de l'épreuve l'an dernier.

Même Kershaw, une trentaine de secondes devant, pourrait n'avoir d'autre choix que de laisser un tel groupe revenir sur lui. Dans ce scénario, Legkov, troisième, se retrouverait isolé derrière Cologna et Northug.

Harvey se croise les doigts que pour que la neige annoncée se matérialise. «S'il neige, ils seront dans la merde un peu...»

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Classement de l'étape (sprint de 1,2 km):

1. Nikolay Morilov (RUS)

2. Petter Northug (NOR)

3. Dario Cologna (SUI)

4. David Hofer (ITA)

5. Alexei Petukhov (RUS)

6. Alex Harvey (CAN)

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Classement général (après 6 courses):

1. Dario Cologna (SUI) 1 h 53:15.4

2. Petter Northug (NOR) à 13.5

3. Alexander Legkov (RUS) 1:28.2

4. Devon Kershaw (CAN) 2:06.6

5. Maxim Vylegzhanin (RUS) 2:15.8

6. Maurice Manificat (FRA) 2:35.3

7. Lukas Bauer (CZE) 2:38.6

8. Marcus Hellner (SWE) 2:45.0

9. Alex Harvey (CAN) 2:46.2