L'Espagne a gagné, l'Allemagne a perdu, justice a été rendue... et la réputation de Paul le poulpe va encore grandir!

Avec sa belle victoire de 1-0 au stade Moses-Madhiba de Durban, mercredi soir, l'Espagne a poinçonné son billet pour la première finale de Coupe du monde de son histoire. Et elle l'a pleinement mérité.

L'Allemagne avait connu un bien meilleur tournoi qu'elle jusque là, avec ses éviscérations successives de l'Australie, de l'Angleterre et de l'Argentine. Mais dans ce face-à-face entre deux des grandes cultures footballistiques de la planète, la meilleure équipe a clairement gagné. Et la prévision de Paul le poulpe, l'oracle aux huit tentacules qui «prédit» le résultat des matchs de la Nationalmannschaft, s'est réalisée.

La Furia Roja a pris le contrôle dès le début du match et n'a que très épisodiquement relâché son emprise, disputant son meilleur match du tournoi, et de loin.

Comme c'est leur habitude, les Espagnols ont monopolisé le Jabulani pendant de longs moments - ce qui est après tout la meilleure manière de neutraliser l'adversaire. Après le match, l'entraîneur Vicente Del Bosque a eu cette belle phrase pour résumer l'approche espagnole : «Nous nous sentons mieux avec le ballon. Sans lui, nous souffrons.»

Dominante en milieu de terrain, l'Espagne a aussi trouvé le moyen de contenir les contre-attaques foudroyantes qui avaient fait le succès de son adversaire lors de ses matchs précédents. La plupart du temps, la relance allemande s'est faite par de longues passes aériennes, que les Espagnols s'empressaient de récupérer.

Après la rencontre, l'entraîneur allemand, Joachim Löw, a rendu hommage à la sélection espagnole, «la meilleure équipe au monde», selon lui. «J'ai confiance qu'ils vont gagner le titre. Quand ils veulent, ils sont très dominants et difficiles à contrôler. Ils peuvent battre n'importe qui», a-t-il dit.

Les Pays-Bas, adversaires de l'Espagne lors de la finale de dimanche, à Johannesburg, ne sont évidemment pas n'importe qui. Mais les Oranje, vainqueurs (3-2) de l'Uruguay dans l'autre demi-finale, mardi, risquent d'en avoir plein les bras. «Toute équipe qui joue contre l'Espagne doit travailler extrêmement fort», a dit Löw, vêtu de son fameux pull chanceux, qui ne l'est visiblement plus. «Ce soir, c'était extrêmement difficile de récupérer le ballon quand on le perdait, tellement ils le faisaient circuler rapidement. Ils ont très bien joué. Depuis deux ou trois ans, ils ont l'équipe la plus habile et ils l'ont montré ce soir. L'Espagne méritait de gagner.»

Le seul but du match a été l'oeuvre du défenseur à la chevelure digne de Spinal Tap, Carles Puyol, entré dans la surface comme un train pour reprendre de la tête un corner, à la 73e minute. «Quand on concède un but sur un jeu arrêté, c'est qu'on a fait une erreur, a dit Löw. Puyol a eu une longue course et a frappé le ballon avec un maximum de puissance et de détermination. Nous n'avons pas anticipé son jeu et nous avons été trop statiques.»

Complicité barcelonaise

Le match de mercredi était le premier entre les deux pays depuis la victoire de 1-0 de l'Espagne en finale de l'Euro 2008, obtenue grâce à un but de Fernando Torres. En visible méforme depuis le début du tournoi, l'attaquant du Liverpool FC a été finalement écarté de la formation partante, au profit de Pedro, David Villa jouant seul en pointe.

Avec l'inclusion de Pedro, pas moins de sept des 11 partants de l'Espagne étaient des joueurs du FC Barcelone, dont quatre des cinq milieux de terrain : Andres Iniesta, Xavi, Pedro et Sergio Busquets. Xabi Alonso, du Real Madrid, complétait le quintette, qui n'a laissé aucun répit aux joueurs allemands, contenant notamment le meneur de jeu Mesut Özil, pratiquement invisible.

«Je crois que c'est notre meilleur match depuis le début de la Coupe du monde», a dit Villa, auteur de cinq buts depuis le début du Mondial. «Dans les moments difficiles comme cette demi-finale, nous arrivons à élever notre niveau de jeu.»

Il faudra vraisemblablement le hausser encore d'un cran contre les Pays-Bas, qui partageront avec l'Espagne le désir de remporter un premier titre mondial, après avoir échoué en finale contre l'Allemagne de l'Ouest (1974) et l'Argentine (1978). «Nous allons célébrer avec modération. Il ne faut pas oublier pourquoi nous sommes ici et éviter d'être aveuglés par notre succès», a dit del Bosque.

Quant aux Allemands, ils n'ont pas à rougir de leur performance en Afrique du Sud, même s'ils ont un peu figé sous les réflecteurs, mercredi soir.

Avec des joueurs comme Özil, Lukas Podolski et Thomas Müller, dont l'absence pour cause de suspension s'est avérée coûteuse, cette jeune équipe figurera parmi les favorites lors de l'Euro 2012 et de la Coupe du monde du Brésil, en 2014.

À condition que Paul le Poulpe veuille bien collaborer, bien sûr.