Une marée humaine de Madrilènes en liesse a rendu lundi soir un hommage triomphal aux «Campeones» de «la Roja» qui saluaient la foule à bord d'un autobus découvert, brandissant la première Coupe du monde de soccer jamais ramenée en Espagne.

Ils étaient «des centaines de milliers» d'après la mairie de Madrid, «plus d'un million» selon un commentateur de la télévision publique espagnole qui parlait de la «plus grande fête de l'histoire en Espagne».

«J'ai vu la coupe du monde! Pendant une seconde!», chantait la foule au passage de l'autobus de la sélection devant la fontaine de Cibeles, lieu de célébration habituel des victoires du Real Madrid, au milieu des «Campeones, ohé ohé ohééééé!»

Le gardien Iker Casillas agitait un drapeau sang et or espagnol floqué d'un taureau noir. Le milieu catalan Xavi faisait mine de lancer le trophée aux supporteurs survoltés.

Des avions de chasse de l'armée de l'air ont lâché des traînées de fumée aux couleurs du drapeau espagnol dans le ciel de la capitale.

Le roi d'Espagne

Le bus des joueurs avançait très lentement au milieu de la foule, sur un parcours d'environ huit kilomètres. Il se dirigeait vers une esplanade où plus de 150 000 fans attendaient leur héros pour une fête finale avec concert où les joueurs devaient prendre la parole.

Souriant, les traits tirés par une nuit blanche, le capitaine Casillas, brandissant la coupe, était descendu le premier en milieu d'après-midi d'un avion d'Iberia portant sur le fuselage les inscriptions «Campeones!» et «Fiers de notre sélection».

Après un bref moment de repos dans un hôtel madrilène, les joueurs ont été reçus tour à tour par le roi d'Espagne Juan Carlos et le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero.

«Merci les champions, au nom de toute l'Espagne et de tous les Espagnols», leur a lancé Juan Carlos, rayonnant, après avoir donné à chacun une chaleureuse accolade lors d'une réception au Palais Royal.

«C'est un triomphe bien mérité pour une sélection exceptionnelle qui a fait vibrer le coeur de tous les Espagnols», a déclaré le souverain, exprimant son «orgueil de voir l'Espagne championne du monde», un succès qui «rassemble les Espagnols et projette le nom de l'Espagne dans le monde entier».

Les joueurs ont ensuite été reçus dans les jardins de la présidence du gouvernement, où un José Luis Rodriguez Zapatero exultant a sauté avec eux, le trophée dans les bras.

«Cette petite coupe est à vous»

«Vous avez fait briller la meilleure image de l'Espagne dans le monde», a lancé M. Zapatero aux joueurs. «Cette coupe c'est vous qui l'avez gagnée, mais elle appartient à tous les Espagnols».

Andres Iniesta, le buteur de la victoire contre les Pays-Bas, a offert à M. Zapatero un maillot de la sélection signé par toute l'équipe, brodé de sa première étoile.

«Cette petite coupe est à vous tous, merci beaucoup», a simplement dit le timide lutin de «la Roja».

L'Espagne a oublié momentanément crise économique, chômage à 20%, divisions politiques et nationalismes, pour fêter frénétiquement cette première Coupe du monde.

«On fait la fiesta, avec Andres Iniesta!», chantait la veille, à une heure avancée de la nuit, un groupe de jeunes à Puerta del Sol, place emblématique du centre.

À Valence, Séville, Pampelune, Barcelone, l'Espagne a vécu une nuit de liesse historique, émaillée d'incidents limités en Catalogne et au Pays Basque.

Ce sacre mondial couronne une décennie dorée pour le sport espagnol. Les nouveaux «Rois du monde» complètent une liste longue de champions: Fernando Alonso en Formule 1, Rafael Nadal au tennis ou Alberto Contador pour le cyclisme.

Photo: Reuters

Andres Iniesta, le héros de la finale, et les joueurs de l'équipe d'Espagne ont été reçus par le premier ministre José Luis Rodriguez Zapatero, lundi, à Madrid.