Le recrutement de l'Impact ces quatre dernières années a été à l'image du rendement de l'équipe: en dent de scie. Les mauvais débuts de campagne, conséquences d'entre-saisons mal négociées, ont trop souvent obligé le club à boucher les trous en cours de route. L'année 2011 n'a pas fait exception alors que la grogne des Ultras s'est intensifiée devant le bilan du directeur sportif Nick De Santis. Cette colère est-elle justifiée?

Depuis la nomination de De Santis à ce poste, en avril 2008, le club montréalais a mis sous contrat près d'une cinquantaine de joueurs. Malgré deux demi-finales et un championnat, l'Impact n'a cessé de glisser au classement général durant cette période, passant de la troisième à la cinquième, puis à la sixième place. Il est aujourd'hui septième et bien mal embarqué pour participer aux séries.

Si, dans la foulée du titre, l'hiver 2010 a été plutôt calme, les trois autres saisons mortes ont été rythmées par les arrivées d'une vingtaine de joueurs.

Les deux mois les plus chargés ont été ceux d'avril 2008 et de février 2011 avec respectivement cinq et six embauches. Comme le montrent les départs de Pato Aguilera, Dwight Barnett, Severino Jefferson, puis de Zurab Tsiskaridze, Idriss Ech Chergui et Kevin Hatchi, plus de la moitié d'entre eux n'ont pas dépassé le cap de la première saison.

Avec huit joueurs sur 16, la proportion de joueurs quittant le club après une seule année est sensiblement identique lorsque l'on comptabilise tous les éléments embauchés entre les mois de novembre et d'avril au cours de chaque saison - excluant cette fois le recrutement pour l'année 2011 dont le bilan ne pourra être fait qu'en octobre.

Pour un Cédric Joqueviel (avril 2008), un Eduardo Sebrango (novembre 2008) ou un Philippe Billy (janvier 2010) qui ont rendu de fiers services, le recrutement comporte aussi sa part de fiascos tels Kevin Sakuda (février 2009), Zanzan et Pa Amadou Gai (avril 2009) ou Tyler Hemming et Filipe Soares (janvier 2010).

Des étés chargés

Avec trois arrivées, soit Hicham Aaboubou et les frères O'Brien, le mercato estival de 2009 a été le moins chargé de ces quatre dernières années. Les trois autres ont été marqués par 17 signatures, et s'inscrivent chaque fois dans une logique de relance de l'équipe, plutôt que d'un simple ajout de profondeur.

Ces mercatos ont été à l'origine d'échecs notables (Gason Gregory, Leighton O'Brien), mais ont aussi été l'occasion pour De Santis de réaliser ses plus belles prises.

En juin 2008, la transaction permettant d'acquérir Tony Donatelli en échange de Charles Gbeke s'est révélée capitale dans la perspective du championnat remporté l'année suivante. L'Américain s'est révélé d'une belle constance pendant deux saisons et a même été le meilleur buteur du club lors des séries 2009.

Recruté en août 2008, Sandro Grande a également été un acteur important en Ligue des champions avant de perdre de son influence l'année suivante et d'être finalement libéré à la suite de son «agression» sur Mauro Biello.

Comme dans le cas de Grande, De Santis a rappelé deux anciens du club pour relancer une équipe championne au creux de la vague lors de l'été 2010. Ali Gerba, avec ses neuf buts, et Antonio Ribeiro, avec sa force de caractère, ont joué un rôle majeur dans la remontée de fin de saison.

Et 2011? Après avoir revampé l'équipe et connu un début de saison pénible, l'Impact a déjà recruté six joueurs depuis le début de la fenêtre des transferts qui s'achève demain. Si les effets positifs tardent à se matérialiser, contrairement aux trois saisons précédentes, certains joueurs, tels Ian Westlake ou Sinisa Ubiparipovic, ont d'ores et déjà accompli des rentrées prometteuses.

Ils illustrent néanmoins l'absence d'un projet à long terme et la difficulté montréalaise de conserver une véritable identité au fil des saisons.