Interviewé il y a quelques jours, Joey Saputo ne cachait pas son émotion. Son bébé, aujourd'hui majeur, s'apprête à voler de ses propres ailes dans la plus importante ligue de soccer aux États-Unis et au Canada. Première échéance: un duel contre les Whitecaps à Vancouver, après un travail de longue haleine et un camp d'entraînement de plus de sept semaines.

«Pour l'instant, c'est plus de l'excitation alors que la nervosité apparaîtra davantage à l'approche du match, explique-t-il. Ce sont des moments excitants et il faut vraiment prendre le temps d'absorber tout ce qui se passe.

«Mais ce n'est pas évident de ne penser qu'à Vancouver avec tout le travail à faire dans la planification du premier match au Stade olympique.»

L'homme d'affaires de 48 ans a toujours indiqué qu'il portait une double casquette au sein de l'Impact. Il s'implique dans le club depuis 1993, et il est tout autant le président qu'un partisan passionné. Les deux ont des buts communs, qui tendent vers la réussite, mais pas forcément sous les mêmes aspects.

Justement, quels sont les objectifs pour cette première année dans la MLS? Si le dirigeant en lui s'en tient à du concret, son côté partisan le pousse à être un peu plus rêveur. Prudent, il parle de séries du bout des lèvres, mais insiste sur la nécessité d'être dans le coup lors de chaque rencontre.

«Si je parle en tant que président, une bonne saison en serait une où l'on atteint nos objectifs d'abonnements de saison, de partenariats, et en satisfaisant les partisans grâce à un bon produit sur un terrain.

«En tant que partisan, ce serait d'être compétitif à chaque match même si nous savons que l'on peut l'être tout en perdant chaque semaine. On espère que l'on gagnera plus de matchs que l'on en perd.»

Pour l'instant, la prudence est également de mise chez les partisans. Même si le record d'assistance pour un match à Montréal, établi par le Manic en 1981, devrait être battu le 17 mars, les ventes d'abonnements de saison ne décollent toujours pas. En milieu de semaine, 5500 unités séparaient le club de l'objectif de 13 000 billets établi l'automne dernier.

«Je suis déçu, car je pensais que ce chiffre serait plus élevé. Nous avons encore du travail, mais nous sommes chanceux cette année, car nous allons en vendre jusqu'à l'ouverture du stade Saputo, le 16 juin. Nous espérons atteindre le niveau prévu.»

Cette tiédeur peut s'expliquer par le désir des Montréalais d'avoir un premier aperçu de l'équipe avant de s'engager. On peut aussi la lier à l'absence de grands noms qui attireraient un public plus varié que par le passé. Saputo comprend cet attentisme, mais rappelle que les négociations vont bon train dans le dossier du joueur désigné.

«Oui, nous avons une liste de quatre ou cinq joueurs avec qui nous sommes en train de négocier. Je ne dis pas aux partisans d'attendre le mois de mai pour acheter des billets, mais ils doivent comprendre que nous cherchons LE joueur qui pourrait faire l'affaire.

«Il y a des joueurs vedettes qui ont le nom, mais qui sont à la fin de leur carrière. D'autres joueurs sont encore à un bon niveau sans être aussi connus. C'est important de trouver quelqu'un qui accepte son rôle et ses responsabilités à l'extérieur du terrain également.»

Sprint final

Le match à Vancouver, puis l'ouverture locale contre Chicago, dans une semaine, permettront à l'état-major montréalais de toucher au but après une longue transition qui a multiplié par cinq ses effectifs. Entre la campagne de marketing, les travaux du stade et la recherche de partenaires, les journées ont été bien occupées.

«Nous n'avons pas pris la transition à la légère, mais nous ne pensions pas que cela allait être aussi difficile, confesse Saputo. Malgré nos 18 ans d'expérience, il y a davantage de choses auxquelles nous ne pensions pas par rapport à la NASL. La Ligue nous a énormément aidés et à cause de ça, on veut bien faire. Cela nous met une pression plus grande que prévu.»