Une anomalie historique sera corrigée samedi soir, au stade Saputo. Parce que dans la tête de Gabriel Gervais, « ça n’avait pas de sens que le nom de Mauro Biello ne soit pas là ».

« Le plus grand joueur de l’histoire du club », dixit le président du CF Montréal, sera intronisé à son Mur de la renommée.

Parce que « s’il y a bien un joueur qui a porté le Bleu-blanc-noir avec brio, c’est bien Mauro », a déclaré le propriétaire du CF Montréal, Joey Saputo, vendredi.

Le CFM avait convié médias et anciens joueurs à une conférence de presse, au Centre Nutrilait, pour célébrer l’intronisation de Biello. La cérémonie est prévue samedi à la mi-temps du match contre le Toronto FC.

Biello était assis au centre de Saputo et de Gervais. Le trio était entouré des anciens maillots du joueur. Tous aux couleurs de l’Impact, évidemment.

« On ne veut pas oublier notre histoire », a souligné Saputo, un thème récurrent de cette conférence de presse.

Biello lui-même s’est dit « fier d’en faire partie ».

« Cette histoire peut servir comme fondation pour beaucoup de générations qui s’en viennent », a-t-il affirmé.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Joey Saputo, Mauro Biello et Gabriel Gervais

L’ancien milieu de terrain de l’Impact détient tous les records offensifs du club, ainsi qu’au chapitre des matchs et minutes joués. Il a foulé le terrain sous les couleurs montréalaises de 1993 à 2009, y portant même le brassard de capitaine à partir de 2002.

« J’ai passé une vie ici, a-t-il lancé en mêlée médiatique par la suite. Comme joueur, et comme entraîneur. De revenir avec cet honneur, c’est quelque chose de très spécial pour ma famille et moi. Il y a de grandes émotions, et un sentiment de fierté. »

« Le respect a toujours été là »

« Revenir. » Parce que oui, il s’agit d’un retour. Biello, entraîneur adjoint du club de 2009 à 2015 puis entraîneur-chef jusqu’en 2017, avait été congédié au terme de cette dernière saison.

Avait-il cessé d’espérer qu’un tel honneur lui soit accordé ? Pas vraiment, répond-il.

« J’ai grandi à ce club. Il a toujours été près de mon cœur. Peut-être que je n’étais pas là, mais j’étais là d’une manière. J’ai continué vers une autre direction dans ma carrière, mais à la fin, je suis content de mon temps ici. »

Gabriel Gervais, qui ne travaillait pas au sein du club à ce moment, convient que « le travail d’un entraîneur n’est vraiment pas facile ».

« La durée de vie est très limitée, mais le respect a toujours été là. C’est un grand honneur de partager ça avec lui. »

« C’était comme un humoriste »

Pour Mauro Biello, son succès est toujours « passé par le travail ». « Ç’a été une des choses les plus importantes dans ma carrière », juge-t-il.

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Le maillot de Mauro Biello

Gabriel Gervais, qui a joué avec Biello pendant toute sa carrière à Montréal de 2002 à 2008, peut en témoigner.

« Je jouais défenseur central, raconte-t-il en conférence de presse. Je lui disais souvent de revenir en arrière pour m’aider à défendre ! Mais autrement, il faisait son travail à l’attaque. Il travaillait tellement. À l’entraînement, c’était le premier qui était là. Il était prêt à travailler. Il n’acceptait pas de perdre un match intraéquipe. Il était très intense, très respecté. »

Gervais, Nevio Pizzolitto et Greg Sutton sont les trois premiers joueurs intronisés au Mur de la renommée du club. Ce dernier était présent, vendredi. Au-delà du travail et du leadership de Biello, il se souvient aussi des moments de rigolade.

« C’était comme un humoriste ! se rappelle l’ancien gardien de l’Impact lors d’un entretien avec La Presse. C’était un bon joueur, mais aussi un bon comédien. »

« On a eu de bons moments ensemble. […] Mauro a grandement fait partie de nos succès. On pouvait toujours se rallier à lui. Il était toujours positif avec tout le monde. »

Sutton a aussi eu la chance d’être honoré au stade Saputo. Il est resté marqué par le fait qu’il a pu vivre ce moment avec sa famille.

« Mes enfants ont pu en quelque sorte comprendre ce que ça signifiait, expose-t-il. Je suis certain que Mauro va l’apprécier aussi, avec ses enfants. Ils pourront comprendre quel genre d’impact il a eu sur cette ville en tant que joueur de soccer. C’est la partie que j’ai le plus aimée. »

La notion d’histoire mise au premier plan ressort de nouveau au cours de cette discussion.

« C’est tellement important, lance Greg Sutton. On ne veut vraiment pas perdre notre histoire. Personne ne le souhaite. »

« Même si c’était une ligue différente, c’est bien de pouvoir montrer son respect aux anciens joueurs. Ça permet de faire mûrir le club. De valider son existence. »

Qui sera le prochain ?

Le CF Montréal souhaite ajouter un nom par année à son Mur de la renommée. « Les joueurs le méritent », croit Gabriel Gervais. Le club a une liste de noms de joueurs admissibles, selon des règles qu’il a lui-même établies. Il faut avoir joué un certain nombre de matchs, pendant un certain nombre d’années. On veut aussi nommer des joueurs qui ont « marqué le club, soit avec des trophées individuels ou des championnats ». Est-ce que Ignacio Piatti est admissible, par exemple ? « Oui », croit Gabriel Gervais. « Je pense qu’il s’y classe en fonction des matchs joués. »