Le club de soccer de LaSalle organise cet été un camp de jour accueillant, en plus du public habituel, des jeunes en situation de handicap ou issus de familles défavorisées. Une mission résolument inclusive qui vise à transmettre aux enfants les plus vulnérables la passion du ballon rond.

Vendredi 8 juillet, 10 h. Sur le terrain du parc Riverside, la séance matinale de soccer bat son plein. Les enfants au chandail jaune enchaînent les courses avec enthousiasme, sous le regard attentif de leurs moniteurs.

Depuis quatre semaines, et jusqu’au 19 août, c’est ici que se tient un camp de jour à l’approche singulière, qui rassemble des jeunes de 5 à 12 ans présentant un handicap intellectuel ou physique, issus de familles défavorisées ou récemment immigrées.

Cette initiative s’inscrit dans le cadre du programme « Tous sur le même terrain », organisé pour la deuxième année consécutive par le club des Rapides de LaSalle.

« C’est une vision qu’on avait depuis plusieurs années, parce qu’on sait que LaSalle est une combinaison de différentes cultures et de différentes capacités sociales », explique Marco D’Ambrosio, président du club.

On a décidé de mettre en place un projet inclusif à 100 %.

Marco D’Ambrosio, président du club des Rapides de LaSalle

Le camp s’adresse ainsi pour la première fois à des enfants présentant un ensemble de limitations fonctionnelles (TDAH, TSA, trisomie 21, épilepsie, difficulté à la marche, etc.).

« On a vraiment proposé le camp à tout le monde. La seule limite, c’était pour les fauteuils roulants, parce qu’un terrain de soccer, ce n’est pas très roulant », plaisante Ingrid Moatti, coordinatrice du camp et elle-même ancienne joueuse de l’équipe de France de basketball en fauteuil.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

L’équipe d’accompagnateurs présente les activités du jour aux enfants.

Sur un total de 140 participants par semaine, le camp accueille une vingtaine d’enfants issus de familles défavorisées et de 10 à 12 jeunes à limitation fonctionnelle. Excepté la tranche d’âge, aucun facteur ne sépare les enfants selon leur situation.

« Notre but, c’est que l’enfant ne se sente pas différent et qu’il puisse jouer avec tout le monde », explique Chahineze Derahmoune, responsable de l’équipe d’accompagnement du camp. Les jeunes atteints d’un handicap sont épaulés par des accompagnateurs attitrés, parfois à hauteur d’un encadrant par enfant, qui restent aux abords du terrain pour répondre à leurs besoins spécifiques.

Un accompagnement qui ne doit pas effacer la nature ludique du camp, selon Chahineze Derahmoune : « La première priorité est la sécurité des enfants, la seconde, c’est qu’ils s’amusent ! »

Plaisir partagé

La plupart des enfants atteints de limitations fonctionnelles vivent au camp leur premier contact avec le soccer. Une belle occasion de se défouler, mais aussi de consolider les liens entre les enfants. « Le sport d’équipe permet vraiment la communication, le fait de se créer des amis, ce qui peut être difficile pour certains enfants », indique Chahineze Derahmoune.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Plaisir et cohésion sont les maîtres-mots du camp d’été.

Les débutants peuvent alors se mélanger plus facilement avec les licenciés du club comme Matvii, 11 ans, qui dit s’être fait « de nouveaux amis » pour sa première participation au camp.

En plus des séances de soccer, principalement composées de jeux, les enfants peuvent profiter de moments de détente à la piscine située en face du terrain. Tous les vendredis midi, des hot-dogs sont offerts gratuitement aux enfants lors d’un barbecue convivial.

Une championne au service des enfants

« Notre réussite au club, c’est qu’au camp, tu ne voies pas qui est qui », explique la directrice sportive des Rapides, Marinette Pichon. Première joueuse professionnelle de soccer en France et ancienne détentrice du record de buts de sa sélection nationale, elle savoure aujourd’hui l’aboutissement de plusieurs mois de travail.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Marinette Pichon, directrice sportive des Rapides de LaSalle

L’organisation de ce camp a posé de nombreux défis. « Ce qui a été le plus dur, c’était de trouver des partenaires qui allaient croire en ce projet », souligne Marinette Pichon, rappelant les coûts élevés d’accompagnement des enfants en situation de handicap.

Le projet a alors bénéficié du soutien de l’arrondissement de LaSalle, de partenaires financiers comme IGA et Desjardins, mais également de plusieurs organismes œuvrant autour du handicap comme AlterGo et la Corporation L’Espoir, qui ont servi de relais pour attirer des jeunes atteints de limitation fonctionnelle.

Pour élargir la base des participants, le club a aussi offert des tarifs préférentiels aux familles les plus démunies.

« Le taux de pauvreté à LaSalle est supérieur à 30 %. Il était important pour nous de prendre en considération les jeunes issus de ces familles, parfois nouvellement immigrées, pour leur proposer à travers le sport une intégration dans un nouveau milieu social », explique Marinette Pichon.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Les enfants effectuent des jeux de soccer par petits groupes.

Son objectif ? Faire des Rapides de LaSalle « le club inclusif » au Québec.

Le camp de jour n’est alors qu’une étape : dans la continuité du programme « Tous sur le même terrain », la directrice vise à accueillir les enfants vulnérables de manière pérenne à partir de la rentrée prochaine. Comme une évidence pour celle qui aura passé sa vie à dribler les discriminations, sujet du film biographique consacré à son parcours qui sortira en 2023.