Le premier panel des femmes organisé par le CF Montréal tirait à sa fin, mercredi après-midi, lorsque la paranageuse Aurélie Rivard a lancé une métaphore qui résumait bien le propos émanant de l’évènement.

« En natation, quand on veut être déterminé ou se concentrer sur un objectif, on dit : “Regarde la ligne noire dans le fond de la piscine.” Tout le monde a sa ligne noire dans sa propre vie, pour ses propres objectifs. Il va y avoir beaucoup de bruit à l’extérieur, beaucoup d’éclaboussures. Continue à suivre ta ligne noire si c’est celle que tu veux suivre. Ne te laisse pas distraire par la jalousie ou les gens qui n’ont pas ta motivation. »

Elle était assise aux côtés de l’ancienne patineuse courte piste olympienne Nathalie Lambert, la boxeuse Marie-Ève Dicaire et l’ancienne joueuse canadienne de soccer Amy Walsh.

Ces quatre femmes formaient le deuxième panel de l’après-midi au stade Saputo. La vice-présidente aux communications du Canadien Chantal Machabée, la ministre Isabelle Charest, la vice-présidente de l’Alliance de Montréal Annie Larouche et la vice-présidente aux communications et marketing du CF Montréal Samia Chebeir avaient pris place quelques minutes auparavant.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Chantal Machabée, vice-présidente aux communications du Canadien

Elles ont toutes notamment parlé du chemin qu’elles ont parcouru dans le milieu sportif, et des embûches qu’elles ont dû surmonter en traçant la voie aux prochaines. D’où l’idée transcendante de la poursuite de cette « ligne noire ».

Par la suite, Samia Chebeir a parlé d’un constat « doux-amer », devant les médias.

« C’était incroyable, les histoires, a-t-elle dit. Mais en même temps, de voir tout le chemin parcouru depuis tant d’années, et le chemin qu’il reste à faire. […] C’est pourquoi on a fait cet évènement-là. »

Parce que si les choses s’améliorent au chapitre de la parité hommes-femmes dans le sport, tout est loin d’être parfait.

Si Aurélie Rivard pouvait claquer des doigts pour corriger un des problèmes, elle choisirait d’« arrêter le sexisme, la discrimination ».

« Moi qui pose un geste versus un homme qui pose un geste dans le même contexte, ça va être perçu extrêmement différemment. […] Travailler dans le milieu du sport, c’est plus naturel et acquis pour l’homme. Nous, il faut travailler 100 % plus fort. »

« Représentation et visibilité »

Il a été question de l’enjeu d’accès à des emplois pour les femmes dans le milieu sportif. De celui d’établir des quotas pour avoir un minimum de représentation féminine dans les entreprises à vocation sportive. Idée à laquelle souscrit la ministre des Sports, Isabelle Charest, à certaines conditions : elle « croit aux incitatifs », mais pas en « forçant la parité ».

« Je ne veux pas que les gens pensent que les femmes sont là juste parce qu’elles sont des femmes », expliquait-elle. Ce qui peut créer, selon elle, le fameux syndrome de l’imposteur.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

La ministre des Sports Isabelle Charest est favorable à l’instauration de quotas pour avoir un minimum de représentation féminine dans les entreprises à vocation sportive à certaines conditions : elle « croit aux incitatifs », mais pas en « forçant la parité ».

On a aussi parlé de la « représentation » et de la « visibilité » du sport au féminin.

Sujet cher au cœur d’Amy Walsh, au moment où le soccer canadien, en plein essor, traîne la patte en ce qui a trait à l’instauration d’un circuit professionnel féminin.

Selon elle, « on ne doit pas peindre le sport masculin et le sport féminin avec le même pinceau ». Les deux ont leurs particularités et doivent être vendus et commercialisés de façons distinctes. Le modèle masculin ne doit pas s’appliquer au féminin, en somme.

« L’intérêt est là pour le sport féminin, dit-elle à La Presse. L’engagement y est. Le marché va suivre. On a besoin de gens qui vont se lever et investir. Ce qui va permettre au sport féminin de croître. »

Serena, un modèle

Serena Williams disputera possiblement le dernier match de sa carrière cette année aux Internationaux des États-Unis à New York. Une carrière où elle a continuellement brisé des plafonds de verre.

« Elle a tellement défoncé de portes pour toutes les filles, les femmes, estime Aurélie Rivard. Non seulement au tennis ou pour le sport individuel, mais pour le sport professionnel.

« Ce que je retiens le plus, c’est quand elle corrigeait un journaliste juste pour une petite phrase. “Non, je ne suis pas la meilleure athlète féminine, je suis la meilleure athlète, point.” C’est juste ça que ça prend. Ce ne sont pas juste des mots, ce sont des actions. »

Amy Walsh parle notamment d’image.

Alors que la plupart des athlètes féminines « sentent le besoin d’être attirantes ou hypersexualisées », Williams « ne semblait pas s’en faire si elle ne rentrait pas dans une catégorie spécifique. Elle était elle-même, sans réserve et sans s’excuser ».