On a momentanément cru à un mouvement massif des plaques tectoniques du soccer mondial. On a finalement eu droit à un pétard mouillé.

Un pétard qui s’est graduellement humecté, cela dit. Parce que ce match entre l’Angleterre et les États-Unis, qui s’est soldé par un drabe 0-0, avait commencé sur les chapeaux de roue.

Les Américains ont tenu les Anglais dans les câbles pendant une bonne partie du match. Cela est, en soi, un exploit. Les meilleures chances – et les plus nombreuses — sont aussi venues des pieds des Yankees. Cette notion est particulièrement surprenante, considérant que les Trois lions n’ont pas manqué d’inspiration offensive contre l’Iran (6-2), lundi.

On espère avoir rendu beaucoup de gens fiers au pays. Ça doit nous donner de la confiance pour le dernier match, où la victoire sera impérative.

Christian Pulisic, attaquant vedette des États-Unis

C’est que l’équipe américaine est sortie des vestiaires le couteau entre les dents. Un peu comme le Canada face à la Belgique. Lors des premières 70 minutes, lorsque les États-Unis avaient le ballon, on sentait une réelle volonté de se projeter vers l’avant. Tim Weah, encore une fois dans ce tournoi, a démontré une belle ambition. Yunus Musah a très bien géré son milieu. Weston McKennie, sur l’aile droite, a réussi 90 % de ses passes. Beaucoup de positif à retenir de leurs performances respectives.

« On a réalisé une prestation très solide collectivement face à un très bon adversaire, a soutenu Pulisic. Il y a des phases où on a eu le contrôle du jeu et où on a réussi à se créer des occasions. On aurait pu gagner, mais on n’y est pas arrivés. J’ai senti qu’on a montré beaucoup de confiance et qu’on a rivalisé avec une grosse équipe. »

Devant eux s’est brillamment interposé Harry Maguire. Le défenseur mal-aimé de Manchester United fait taire ses détracteurs dans ce Mondial. Avec Declan Rice en tant que quart-arrière anglais, Maguire a été l’un des joueurs les plus importants de son équipe vendredi.

« On a très bien défendu notre surface, a estimé Gareth Southgate, le sélectionneur anglais. Sur chaque coup de pied arrêté aussi. C’est justement le genre de chose dont on a besoin pour aller loin en Coupe du monde. »

Les joueurs étaient très déçus à la fin du match, mais je leur ai dit qu’ils ont eu un aperçu de ce qui les attendait pour la suite du tournoi.

Gareth Southgate, le sélectionneur anglais

« J’aimerais voir des buts inscrits sur nos coups de pied arrêtés, a relevé Gregg Berhalter, son homologue américain. Nous sommes fiers [du résultat], mais notre travail n’est pas encore fait. Nous devons gagner mardi [contre l’Iran] et nous savons qu’avec cinq points, nous serons au tour suivant. Il faut se concentrer sur ces cinq points. »

PHOTO MOLLY DARLINGTON, REUTERS

Harry Kane et Weston McKennie se disputent le ballon

Un match, sans plus

Lorsque les Trois lions s’emparaient du cuir, l’étincelle s’éteignait. Ils ont voulu ralentir le jeu, temporiser, souffler un peu. Mais le déclic offensif ne s’est jamais fait.

« Nous savons que nous pouvons mieux jouer, c’est sûr, a soutenu Kane. Mais cela reste un match nul en Coupe du monde, où aucun match n’est facile. Peut-être que les gens ont pensé, après notre premier match, que nous allions écraser tous nos adversaires, mais ce n’est pas le cas. »

Kane, on a justement senti qu’il n’était pas au sommet de sa forme. Il est habituellement si véloce, si précis, si létal. On l’a plutôt vu tout en retenue vendredi. Il a subi un léger pépin à la cheville à l’entraînement ; c’est peut-être ce qui l’a ralenti contre les États-Unis.

Alors qu’il restait environ 20 minutes au match, le niveau d’énergie a nettement baissé. Ça semble d’ailleurs être une tendance de ce Mondial suffocant au Qatar. On a bien tenté des changements de part et d’autre, mais rien n’y a fait. Surtout que ce match nul satisfaisait toutes les parties impliquées.

À l’exception du reste du monde. Il y a de beaux 0-0 dans le soccer. Celui-là n’en était pas un.

Avec l’Agence France-Presse