Hernán Losada le reconnaît : « il y a des choses à corriger, à améliorer » dans ses façons de faire. Mais le passé est le passé. Et le nouvel entraîneur-chef du CF Montréal est prêt à être « une meilleure personne, un meilleur coach ».

Le 9entraîneur-chef de l’histoire du CFM en MLS a rencontré les médias montréalais pour la première fois, jeudi matin, entre les murs du Centre Nutrilait. À ses côtés, le président et chef de la direction, Gabriel Gervais, l’a présenté comme « un jeune entraîneur d’exception » qui a démontré qu’il croit au « projet » du club et qui « s’engage à faire évoluer [les] joueurs ».

Lorsque le nom de Losada a été dévoilé, mercredi, une recherche rapide permettait de comprendre certaines des raisons pour lesquelles il avait été congédié par le D. C. United après 15 mois à la tête du club, en avril 2022. Si on expliquait qu’il avait « secoué » positivement la culture du club, on racontait surtout son intransigeance envers ses joueurs à l’entraînement.

À ce sujet, l’entraîneur ne s’est pas défilé, reconnaissant avoir « fait des erreurs ». Il a notamment raconté avoir parfois été « trop honnête » et avoir manqué de « communication avec l’état-major du club », rappelant au passage qu’il s’agissait de sa première expérience en MLS, après 15 ans en Belgique (comme joueur ou entraîneur).

Il y a plein de choses que j’ai prises pour moi-même et je me suis dit : “OK, maintenant on va améliorer ça et garder ça. Parce que j’ai aussi fait de bonnes choses”.

Hernán Losada

« C’est un processus. Je pense que ça fait partie d’être un coach, d’être un humain. C’est important de détecter les erreurs pour les améliorer, mais aussi d’être honnête et de reconnaître ce qu’on a bien fait. »

Losada, qui parle français, anglais, espagnol et flamand, a d’ailleurs indiqué avoir reçu une vingtaine de messages d’anciens joueurs et membres de l’organisation de D. C. United le félicitant pour son nouveau poste.

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Hernán Losada, nouvel entraîneur-chef du CF Montréal, entouré de Gabriel Gervais, président et chef de la direction, et Olivier Renard, vice-président et chef de la direction sportive.

Pas « le méchant »

À sa gauche, le vice-président et chef de la direction sportive, Olivier Renard, a assuré avoir fait ses devoirs avant d’embaucher l’Argentin de 40 ans.

« Je ne connais pas la situation à D. C. United, mais quand Hernán est arrivé là-bas, il a changé beaucoup de choses. C’est probablement la personne qui a tout changé, a-t-il lancé. À Montréal, ce n’est pas ça. J’ai déjà pris des décisions auparavant. Nous avons parlé de la philosophie dans le vestiaire, des règles avec les joueurs et les partisans, du respect que nous devons avoir les uns envers les autres. »

À Montréal, Losada ne sera pas « le méchant », dixit Renard, qui a affronté son nouvel entraîneur sur les terrains belges par le passé. Il devra néanmoins expliquer ses décisions aux joueurs de la « nouvelle façon », a-t-il soutenu.

« La communication avec les joueurs n’est pas la même que quand nous avons commencé à jouer. C’est aussi mon travail d’essayer de le rendre meilleur comme nous l’avons fait avec Wil [Wilfried Nancy]. Nous avons eu de nombreux problèmes dans le vestiaire dont personne n’était au courant dans les deux dernières années. »

Concernant l’histoire racontée dans les médias de Washington selon laquelle Losada forçait ses joueurs à se peser deux fois par semaine – « Si tu avais trois livres en trop, tu recevais une amende », avait expliqué une source de D. C. United à The Athletic –, Renard n’en fait pas un cas. Au contraire.

« Je ne sais pas si c’est vrai, mais j’espère que ce sera trois fois, a-t-il lancé. J’ai été 19 ans au niveau professionnel et ç’a été comme ça partout. »

« Je préfère avoir un entraîneur où on se pose des questions parce qu’il est trop professionnel que quelqu’un qui est trop mauvais, a-t-il enchaîné. Je préfère nettement l’extrême dans le professionnalisme. À nous de mettre de l’eau dans notre vin et à nos joueurs d’être plus professionnels parce que c’est ce qu’on veut. »

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La présentation du nouvel entraîneur-chef du CF Montréal a attiré de nombreux journalistes et médias jeudi.

Un soccer offensif

Selon Olivier Renard, plusieurs agents l’ont contacté afin de proposer la candidature de différents entraîneurs. Mais « Hernán a vraiment été la personne avec qui [les dirigeants] ont été confiants dès le début », a-t-il dit. Outre la langue, c’est « sa vision footballistique » et son style « très offensif » qui les ont convaincus.

« On ne va pas tout changer. C’est l’entraîneur qui va s’adapter au club et non l’inverse. Ça, il le sait très bien. C’est comme ça que ça a fonctionné aussi avec Wil quand on a décidé de lui donner sa chance. Je ne me suis jamais caché là-dessus. C’est une philosophie que moi, j’aime. J’ai toujours dit que je préfère voir 3-3 que 0-0. »

Hernán Losada sait qu’il a un grand défi à relever après le départ de Nancy, qui a mené le club à la meilleure saison de son histoire en MLS. Mais il se dit persuadé d’avoir entre ses mains une équipe encore « compétitive », malgré le départ de certains bons joueurs vers l’Europe.

« J’arrive dans la philosophie de Montréal. Tu arrives dans une équipe, une structure où ils savent déjà comment jouer, ce dont ils ont besoin comme profil. Ça rendra ma vie plus facile et celle des joueurs aussi. »

« C’est un défi de répéter ce que vous avez fait cette année, et je suis certain que nous y arriverons. »

Ils ont dit

J’ai construit ma philosophie autour de ce qu’on peut faire pour gagner le match, pour avoir plus de chances de marquer, pour être à la fois offensif et stable défensivement. Je pense que le football est un spectacle. Tu dois donner quelque chose aux partisans pour qu’ils veuillent revenir.

Hernán Losada sur sa philosophie comme entraîneur

Il y a toujours des choses à apprendre, mais la façon de l’expliquer est importante. C’est pour ça qu’il aura un groupe de personnes autour de lui pour le faire grandir en tant qu’entraîneur, pas seulement de façon footballistique.

Olivier Renard

C’est à moi d’être un meilleur coach. Je veux l’être et je suis prêt à l’être. C’est pour ça que je suis aussi reconnaissant d’avoir cette opportunité avec Montréal. […] Je n’ai absolument rien à cacher. Après, vous vous ferez votre propre opinion.

Hernán Losada

J’aurais pu aller chercher un ancien, comme ça tout le monde allait être content. Mais moi, j’essaie de prendre les meilleures décisions pour le club.

Olivier Renard