Tout ce que Karifa Yao a connu, c’est l’entourage du CF Montréal. Du moins avant la séparation insoupçonnée de l’équipe d’avec le Lavallois de 22 ans.

Âgé de 19 ans, Yao obtenait ses premières minutes, puis son premier départ en MLS sous les ordres de Thierry Henry. Il était alors l’un des projets prisés de l’équipe en charnière centrale.

Les deux saisons suivantes – en prêt du CFM –, il a pris son baluchon et s’est rendu à Calgary pour défendre les couleurs du Cavalry FC dans la Première Ligue canadienne (PLC). En plus de prendre du galon, le Québécois a signé des performances qui lui permettaient de s’attendre à prendre une place avec l’équipe première pour la saison 2023, après ce stage.

Puis, le divorce. Au terme de la saison 2022, le CFM a décidé de ne pas exercer l’option au contrat de Yao.

Les Whitecaps de Vancouver n’ont pas hésité une seconde avant de mettre le grappin sur le gaillard de 6 pi 3 po. À peine deux jours après la nouvelle, le club de la Colombie-Britannique le sélectionnait à l’occasion de la première étape du Processus de repêchage de la MLS.

J’ai été un peu surpris que Montréal me laisse partir. Mais c’est ça, le monde du football professionnel. Il faut s’adapter à chaque moment.

Karifa Yao

« L’entraîneur-chef [des Whitecaps, Vanni Sartini] aimait bien mon profil et il trouvait que j’étais un jeune joueur prometteur. En venant à Vancouver, il m’a expliqué que plusieurs choses allaient me bénéficier. »

Le CFM a plutôt décidé de miser sur l’Américain George Campbell, l’Islandais Róbert Thorkelsson et l’Italien Gabriele Corbo à titre de relève en défense centrale.

L’entretien avec Yao est survenu quelques jours avant le duel entre son ancien et son nouveau club, qui aura lieu samedi soir à 22 h 30 (HAE). Les Whitecaps sont encore en quête d’une première victoire cette saison tandis que le CFM cherchera à empocher son premier point sur la route.

« Il y a peut-être une petite histoire, mais je prends ça comme tout autre match », a assuré Yao.

« Un super bon gars et un super joueur »

Samuel Piette a déclaré être excité à l’idée d’affronter son ancien coéquipier – s’il se taille un poste dans le onze de départ – et s’est permis quelques bons mots à son égard.

« Karifa c’est un super bon gars et un super joueur, a noté le capitaine du Bleu-blanc-noir. J’ai adoré jouer avec lui. C’est tout un personnage en soi. C’est un défenseur très costaud, très agressif. »

Une analyse que le principal intéressé corrobore : « Ça ne me surprend pas qu’il ait dit ça. Sam, c’est mon gars. Ce qu’il dit, c’est la vérité. C’est ça, mon jeu. On pourrait dire que j’aime prendre du plaisir », a-t-il ajouté en riant.

Yao admet avoir échangé quelques messages avec ses anciens coéquipiers, et on ressent ce zeste de nostalgie quand il est question de son passage avec Montréal.

« Ce n’est pas que la fin de mon parcours avec l’Impact. C’est également la fin de mes aventures avec mes clubs à Laval. C’est là que tout a commencé pour moi », lance-t-il.

Nouvelle opportunité et nouveau départ

Même si Yao attend patiemment son tour avant de pouvoir mettre quelques minutes au compteur en MLS, il a pris part aux deux rencontres de son club en Ligue des champions. Il est alors devenu seulement le deuxième joueur – après Joel Waterman du CFM – à être passé par la PLC à participer à cette compétition.

« La PLC a été un tremplin pour moi et plusieurs autres joueurs aussi. La ligue permet aux jeunes de prendre de l’expérience, de progresser et d’obtenir beaucoup de minutes », a-t-il expliqué.

C’est également avec le Cavalry qu’il a tapé dans l’œil des dirigeants des Whitecaps. En quarts de finale du Championnat canadien, Yao a offert une féroce opposition aux Whitecaps, les éventuels champions de la coupe. Il a disputé les 90 minutes de la rencontre, qui a ultimement été départagée avec une séance de tirs au but.

Si son expérience dans la PLC l’a aidé à se préparer pour ce nouveau défi, il souligne aussi les efforts de tout un chacun au club pour faciliter la transition.

« Les trois premiers mois à Vancouver se sont super bien passés, a-t-il raconté. Je prends du plaisir, mes coéquipiers m’ont super bien accueilli. […] Je réussis à m’adapter aux consignes que le coach me donne. Je me sens bien dans mon nouvel environnement et j’aime ça. Je suis très excité pour le reste de la saison et pour le futur. »

À 22 ans seulement, il commence à écrire le deuxième volume de sa carrière. Si la chute est aussi imprévisible que le premier, on ne peut que croire que le troisième tome sera encore plus palpitant.