« Il ne faut pas oublier que ma fameuse phrase : “Si vous voulez voir des stars allez ailleurs”, était précédée par : “Ici les gens viennent pour une équipe”. »

Ce sont les propos tenus par Olivier Renard, vice-président et chef de la direction sportive du CF Montréal. Ceux qui ont souhaité un changement de paradigme dans la philosophie du grand manitou du projet sportif de l’Impact devront passer leur tour, car le Belge tient mordicus à son plan de match. Et ce malgré les six matchs qu’il a jugés « catastrophiques ».

Donc oubliez l’arrivée d’un légendaire buteur en déclin, car ça ne sera pas de sitôt.

Dès son entrée en poste, Renard a posé les balises de son plan en faisant l’acquisition de jeunes joueurs. Sa stratégie a particulièrement porté ses fruits l’an dernier quand il a pu vendre Alistair Johnston, Ismaël Koné et Djordje Mihailovic pour plusieurs millions de dollars en plus de connaître une saison couronnée de succès.

C’est dans cette optique de nouveau cycle qu’il a fait l’acquisition de Bryce Duke – et Ariel Lassiter – de l’Inter Miami en retour du défenseur central canadien Kamal Miller et une somme de 1,3 million en argent d’allocation générale (GAM, selon le sigle anglais de General Allocation Money). Un accord qui survient après des mois de négociations et de préparation, a-t-il précisé jeudi matin devant les médias montréalais.

La transaction d’hier ce n’était pas de la panique. On avait préparé ce transfert avec l’arrivée de [George] Campbell et de [Gabriele] Corbo en défense centrale. On aurait toutefois préféré vendre Kamal en Europe pour éviter de renforcer un concurrent direct.

Olivier Renard, vice-président et chef de la direction sportive du CF Montréal

Et pour prouver ses dires, Renard a mentionné avoir fait une première offre pour Duke il y a deux ou trois mois qui a été refusée. En voyant le manque de succès actuellement au poste de milieu offensif, il est revenu à la charge.

C’était également dans les cartons de l’Inter Miami d’acquérir Miller depuis un moment, selon Renard. Or, le renvoyer en Floride, c’est une solution de dernier recours pour le chef de la direction sportive du CFM puisqu’aucune offre n’est venue de l’Europe pour Miller.

Faire fructifier ses investissements

Il y a un peu plus d’un an, l’Inter Miami mettait la main sur Duke pour une somme de 100 000 $ en GAM. À peine un an plus tard, le Bleu-blanc-noir a délié les cordons de sa bourse en envoyant Miller, un défenseur bien établi dans le circuit et 1,3 million en GAM pour faire son acquisition.

Avec ce constat, difficile de voir Miami comme perdant. Et pourtant.

L’Impact a fait l’acquisition de Mihailovic, un produit de l’académie du Fire de Chicago pour 1 million en GAM. Johnston n’a rien coûté au Nashville SC puisqu’il est issu du repêchage. Il a été vendu à Montréal pour 1 million en GAM. Idem pour Miller, un choix d’Orlando City au repêchage, qui a été échangé au Bleu-blanc-noir pour 225 000 $ en GAM.

Renard a expliqué que si les autres clubs ont cru gagner la transaction au départ, au bout du compte, c’est le CF Montréal qui a engrangé le plus de profit avec les joueurs en question.

« N’ont-ils pas perdu la transaction ? », a-t-il lancé.

Si Renard a conservé un pourcentage d’une éventuelle revente dans le cas de Miller — au-delà de 25 % —, il a aussi tenu à remettre les pendules à l’heure quant à sa réelle valeur : « Zimmerman, le meilleur défenseur du circuit l’an dernier, vaut 1 million GAM. Donc vous pouvez croire que la valeur de Kamal n’est pas loin de ça. »

Renard espère que la transaction de Duke s’inscrira dans la même lignée de coups fumants et qu’il sera le premier jalon de ce nouveau cycle.

Renard se porte à la défense de la famille Saputo

Avant la mêlée de presse, Olivier Renard a fait une allocution durant laquelle il a fait l’éloge de la famille Saputo. Il dit accepter les critiques qui le concernent ou qui touchent le propriétaire du CFM, mais selon lui, quelques personnes ont dépassé les bornes dans les critiques. Des personnes qui « utilisent le micro comme un revolver ».

« Ça fait 28 ans que je suis professionnel, soit comme joueur ou dirigeant. Le fait d’avoir des critiques, c’est normal. Si tu n’es pas capable de les prendre, tu n’as pas ta place dans le monde du sport. Mais il y a certaines personnes qui dénigrent le club, qui passent la limite de respect. C’est mon avis à moi.

« Quand je vois ce qui est écrit ou dit sur la famille Saputo, vous ne vous rendez pas compte de la chance de la ville d’avoir une famille comme celle des Saputo. J’aimerais avoir une famille Saputo dans ma ville en Belgique. Une famille qui investit autant dans le soccer professionnel que local et qui accepte de perdre de l’argent chaque année. »

Une académie féminine en chemin

Si l’attente d’une confirmation de la part du club se fait attendre, le projet de volet féminin du CFM a commencé à prendre son envol.

Renard a affirmé avoir rencontré les joueuses du Programme Excel Féminin (PEF) de Soccer Québec et leurs parents pour expliquer que le CFM pourrait chapeauter le programme sous peu.

Lors des deux dernières semaines, les joueuses du PEF — les meilleures joueuses québécoises de 15 à 18 ans — se sont envolées pour la France et ont disputé quatre matchs à Paris en arborant l’uniforme du CF Montréal. Elles ont conclu leur voyage avec un dossier de trois victoires et un verdict nul.

« C’est important pour nous. Il faut que les garçons et les filles soient sur un pied d’égalité. […] Si on peut aider la communauté montréalaise à porter [le maillot] dans le stade… car oui, elles joueront certainement des matchs au stade Saputo. Après je vais laisser le président Gabriel Gervais expliquer le futur plan, mais on veut qu’il y ait un engouement au niveau du foot féminin », a noté Renard.

À noter que le CFM, contrairement aux Whitecaps de Vancouver, a confirmé qu’il ne lancera pas de club féminin dans la ligue Project 8, un circuit professionnel canadien qui entamera ses activités en avril 2025.