Fraîchement débarqué, le nouveau directeur général de Soccer Québec, Olivier Plante, a déjà bien du pain sur la planche. La bonne nouvelle, c’est qu’il connaît déjà les dossiers et l’angle avec lequel il les attaquera dans les prochains mois.

En poste à titre intérimaire depuis mars, suivant le départ de Mathieu Chamberland comme chef de l’exploitation à Canada Soccer, Olivier Plante a officiellement pris les rênes de la fédération sportive québécoise comptant le plus grand nombre de membres, mardi dernier.

« Je n’aurais jamais pensé il y a un an et demi me retrouver dans cette position. C’est une très belle opportunité. Je ne viens pas du monde du sport, ni comme athlète ni comme gestionnaire, donc j’ai eu le syndrome de l’imposteur un moment. Mais il y avait un besoin ici, comme dans plusieurs fédérations, de professionnaliser la gestion », a admis Plante lors d’un entretien de plus d’une quarantaine de minutes avec La Presse.

Celui qui a rejoint Soccer Québec en 2021 à titre de directeur général adjoint a d’ailleurs été embauché pour ces qualités-là. Fort de plus de 20 années dans le monde professionnel, Plante s’est doté de la mission de « professionnaliser » la fédération.

Quand je suis arrivé, je me suis dit : “Wow. On part de loin dans ce qu’on présente aux administrateurs.” Ce n’était pas adéquat pour aider à prendre les bonnes décisions avec notre budget.

Olivier Plante, directeur général de Soccer Québec

Ce côté gestionnaire, il l’avait déjà en poche. Ce sont les rouages du monde du soccer et du rôle d’un DG que Chamberland lui a transmis au cours des derniers mois. Il se sent maintenant plus que prêt à prendre la relève.

Plante compte se servir judicieusement des conseils et des apprentissages de son prédécesseur pour user du budget d’un peu plus de 7 millions de dollars par année pour régler des dossiers concrets.

Offrir un soccer sécuritaire

D’emblée, concernant la question de la sécurité et celle de la violence, physique ou mentale, que les athlètes ou officiels peuvent subir, le DG a lancé que ce sera « son petit cheval de bataille ».

Sans que ce soit mentionné, on comprend que les multiples controverses qui ont éclaboussé les fédérations sportives canadiennes comme celles de gymnastique et de natation artistique, mais surtout Hockey Canada, ont inquiété Plante.

Comme fédération, j’ai envie que l’on revisite nos politiques et que l’on se demande : qu’est-ce qui est fait ? Est-ce que ce qui doit être fait est réellement fait ? Est-ce bien fait ? Est-ce que c’est fait par les bonnes personnes ? Est-ce qu’il faut en faire plus ? Ou différemment ? Je pense qu’il faut faire un diagnostic très général, mais aussi très pointu et détaillé de la situation. Il faut se remettre en question couramment.

Olivier Plante, directeur général de Soccer Québec

L’une des façons dont la fédération va progresser à ce chapitre, c’est en assurant une plus grande neutralité. Après avoir vu les trois employés du département de la discipline – des plaintes, à vrai dire – s’en aller, l’association s’est permis une introspection.

Pour la suite des choses, les plaintes seront traitées par un appareil indépendant de la fédération. Une décision qui s’inscrit dans la lignée de professionnaliser l’association, selon Plante, et qui permettra également d’éviter toute apparence de conflit d’intérêts.

Redresser le programme de reconnaissance des clubs

Une initiative de Canada Soccer, le lancement du programme de reconnaissance des clubs a connu « quelques accrocs », a reconnu Plante.

En mars, La Presse a dévoilé un important bras de fer légal entre Canada Soccer et des clubs québécois1 concernant l’obtention de la licence la plus élevée du programme, celle de reconnaissance nationale. S’il note que la pandémie n’a pas aidé à l’introduction du projet, il ajoute que « toutes les parties prenantes sont peut-être allées vite dans l’implantation de ce programme-là ». « Il y a certaines choses qu’on doit réviser », a-t-il concédé.

« C’est un programme qui est très structurant, a-t-il noté. Ça vient catégoriser des clubs versus d’autres. Les clubs qui ont la licence nationale vont voir leur pouvoir d’attirer des joueurs et joueuses des villes voisines être moussé. C’est surtout axé sur la compétition, donc c’est certain que des athlètes regardent ça avant de choisir leur club.

« Cet aspect-là avait peut-être été sous-évalué, car certains clubs ont été, on va le dire ainsi, vidés et ç’a créé de la grogne. On va essayer de limiter ces impacts-là. »

Un aspect qui a causé du mécontentement chez les parents de joueurs, c’est que, d’après Plante, « quelques clubs ont possiblement profité de cette licence nationale pour monter leurs tarifs ». Une facette qu’il reconnaît devoir rectifier au cours des prochains mois. Des prochains mois chargés.

1. Lisez « Bras de fer entre Canada Soccer et des clubs québécois »

Inscriptions et rétention

En vue de la saison 2023, les inscriptions vont bon train pour la fédération québécoise. « On est en avance de 5 %, voire 10 % au niveau des inscriptions pour cette période-ci en comparaison avec l’an dernier », souligne Olivier Plante. Évidemment, les succès des équipes nationales y sont pour quelque chose, selon lui. Avec déjà 125 000 inscriptions, il se doute qu’il y aura plus que les 170 000 joueurs et joueuses de l’an dernier. Cependant, un des autres défis de Plante sera d’améliorer la rétention des joueurs, mais aussi des officiels et des bénévoles. « Ça commence avec un sport sécuritaire. Ensuite, il faut s’assurer de respecter nos études et mettre le plaisir au centre du jeu », conclut-il.

Qui est Olivier Plante ?

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Olivier Plante

  • Âgé de 48 ans, il a grandi à Laval.
  • Comptable professionnel agréé (CPA) et titulaire d’une maîtrise en administration des affaires (MBA), il entame sa carrière dans le monde professionnel en 1994.
  • Après 20 ans dans le monde professionnel, il rejoint Soccer Québec en 2021 à titre de directeur général adjoint. Il sera le bras droit de Mathieu Chamberland jusqu’au départ de ce dernier en mars 2023.
  • En avril, il est élu comme directeur général par les membres du conseil d’administration.