« On en a assez de votre discipline », nous disait jadis et naguère Elton John. Après un deuxième revers aux mains du CF Montréal en cinq jours, le Toronto FC était clairement dans cet état d’esprit.

Venus jouer les trouble-fêtes au stade Saputo à l’occasion du match du 30anniversaire de l’Impact, dans une soirée à guichets fermés, qui plus est, les Torontois voulaient venger leur défaite de mardi. Ils se sont plutôt sabordés.

Après une expulsion torontoise près de l’heure de jeu, les Montréalais ont profité de leur cohésion de plus en plus grande pour l’emporter 2-0, samedi soir. Si l’ambiance a été à la fête quelques instants, elle s’est rapidement gâtée.

Hernán Losada a même été au centre de tout ce rififi. Jahkeele Marshall-Rutty, qui a été expulsé en raison d’un second carton jaune, a refusé de donner le ballon à l’entraîneur-chef du CFM une fois en touche. Il a préféré le lober loin de l’action. Il s’est donc fait montrer la porte de sortie.

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Jahkeele Marshall-Rutty (7) reçoit un carton jaune.

Après la rencontre, Bob Bradley, le pilote des Torontois, avait quelques mots doux pour Losada, et le même Marshall-Rutty est sorti des vestiaires pour en rajouter. Avec Romell Quioto au centre de la dispute, le brasse-camarade était donc de mise. Fort à parier que les amendes le seront aussi.

Or, après un sixième gain consécutif, toutes compétitions confondues, Losada ne voulait pas vraiment discuter de cet aspect précis après la rencontre. Il a d’abord éludé la première question à ce sujet. Quelques minutes après, il a expliqué la situation ayant mené à l’expulsion du Torontois.

« Je vais clarifier ça rapidement, a-t-il affirmé. Mon objectif, c’était de jouer vite. On mène 1-0, on joue à domicile et on cherche le deuxième but. Mathieu Choinière était complètement libre. »

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Mathieu Choinière, du CF Montréal (à droite)

« On prône le soccer que tout le monde veut : du jeu offensif et rapide. C’est vraiment dommage qu’il prenne un deuxième carton jaune sur cette action-là, car honnêtement, je préfère qu’on joue à onze contre onze. Mais ce n’est pas de ma faute, c’est à cause de sa réaction. »

Cet aspect fera assurément plus couler d’encre que ce qu’il s’est produit sur la pelouse, car aucun coffret DVD ni édition spéciale Blu-ray ne sera conçu pour cette rencontre qui réunissait pourtant tous les acteurs nécessaires pour un match d’anthologie.

Pas cher, mais plus efficace

Après une première demie où les visiteurs ont eu le dessus, le CFM a sorti les dents en deuxième mi-temps. D’abord l’imposant défenseur central George Campbell – ou son Doppelgänger brésilien Campbelinho, selon les dires – a pris le ballon et déjoué quelques joueurs pour envoyer Lassi Lappalainen en profondeur, qui a ensuite fait sonner la cloche.

« George a juste dribblé tout le monde et a fait une superbe passe. J’ai tenté de faire la même chose, mais elle est rentrée dans le filet. C’est la vérité, malheureusement. Mais bon, c’est un but », a lancé Lappalainen après la rencontre.

Chinonso Offor a creusé l’avance quelques minutes plus tard et les locaux n’ont plus regardé derrière.

« C’est dommage qu’on n’ait pas terminé avec un 3-0, 4-0 ou même 5-0 », a lancé Losada. « On a clairement montré qu’on est la meilleure équipe », a renchéri Campbell.

Cette énergie s’est ensuite transposée dans les gradins. Non seulement les partisans du Bleu-blanc-noir ont enterré le contingent napolitain présent, mais ils en ont même profité pour se payer la tête du duo italien du TFC formé de Federico Bernardeschi et Lorenzo Insigne.

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Federico Bernardeschi (au sol)

Insigne, ancien capitaine de Naples, s’est fait huer à chaque touche de balle et applaudir lors de chaque mauvaise remise. Il a été nettement moins dangereux que son prédécesseur Sebastian Giovinco comme petit Italien du TFC.

Celui qui fait plus que le salaire de tous les joueurs du CFM mis ensemble, multiplié par cinq, n’a pas été en mesure de porter son équipe. Il a semblé par moments découragé, par moments détaché.

Tout en contraste des Montréalais. Méconnus, possiblement négligés, ils ont été de tous les instants. Comme quoi, lorsqu’on veut se battre, il faut un peu de cœur.

En hausse

Aaron Herrera

Devant se débrouiller sans son fidèle comparse Bryce Duke, incommodé par une blessure dite mineure, Herrera a été de toutes les bonnes séquences, surtout en première mi-temps. Il n’a pas hésité à se servir de sa vitesse ou à couper dans l’axe pour déstabiliser le bloc adverse. Une solide performance.

En baisse

Romell Quioto

Remplacé à la mi-temps, le Hondurien a eu de la difficulté à mener à terme n’importe laquelle de ses actions. Aussi, il n’a pas semblé au diapason avec ses coéquipiers alors que plusieurs combinaisons ont été plus qu’approximatives.

Le chiffre du match

4

Nombre de victoires consécutives du CF Montréal contre le Toronto FC