La période où les agents du monde du soccer devaient agir comme John Wayne dans un classique western semble révolue. Fini, les filtres orangés, et place à la clarté.

Dès le 1er octobre 2023, la FIFA exigera que les agents obtiennent une licence pour exercer leur métier. Ainsi, pour la première fois, tous les agents de la planète seront régis par les mêmes règles. Une excellente nouvelle, selon Nicolas A Martineau, cofondateur de l’agence Obelisq.

« C’est une bonne chose, note-t-il. […] C’était un peu un buffet ici au Canada, tout le monde pouvait travailler comme agent. Les licences n’étaient pas vérifiées quand on signait un contrat, donc n’importe quel quidam pouvait faire signer un joueur dans une équipe sans nécessairement qu’on puisse vérifier ses liens ou ses antécédents. »

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Nicolas A Martineau, cofondateur de l’agence Obelisq

Or, obtenir la nouvelle licence ne se fait pas en claquant des doigts. Pour mettre la main sur ladite licence, les agents devront non seulement payer un montant annuel à la fédération internationale, mais également réussir un examen.

Les 19 et 20 avril, 3800 candidats ont tenté leur chance au premier examen. De ce groupe, à peine plus d’un candidat sur deux (52 %) a réussi. Ils auront droit à une seconde chance en septembre.

« Ça va faire un ménage parmi certaines personnes qui ne connaissent pas le travail fait en amont », affirme l’agent, qui a réussi le test. Selon lui, ce sont de soi-disant agents qui se « foutent un peu des règles » et qui tentent de faire capoter des ententes « à la dernière minute ».

Il y a toujours des charlatans, il y en avait et il y en a eu beaucoup au Canada et au Québec. J’ai toutefois l’impression que c’est une page qui va se tourner sur ce chapitre-là.

Nicolas A Martineau, cofondateur de l’agence Obelisq

Un autre aspect qui changera, selon M. Martineau, c’est l’influence des gardes rapprochées sur certains joueurs. « Parfois, la famille, l’entourage et les amis d’un joueur qui commence à connaître du succès vont essayer de s’improviser agents », explique-t-il. Désormais, ils devront réussir l’examen s’ils veulent faire signer un quelconque contrat à leur protégé.

Des balises claires

La réforme vient également avec de nouvelles réglementations pour encadrer les agents. Un pacte entre un agent et un joueur, un club ou un entraîneur ne pourra durer plus de deux années. Évidemment, il sera possible de signer une nouvelle entente par la suite, mais personne n’aura les mains liées sur une longue période.

Les agents devront également prélever un maximum de 5 % du salaire du joueur s’il fait 200 000 $ US ou moins ou 3 % pour ceux qui font plus de cette somme. Une limite sera aussi imposée pour l’indemnité des transferts, établie à 10 %.

Nicolas A Martineau croit que ces mesures feront « plus mal » aux agents qui ont un certain monopole, mais qu’elles sont justifiées.

« Pour les agents dans des ligues plus intermédiaires, disons ceux qui ne négocient pas des contrats en Premier League, ce sont des montants justes et ceux avec lesquels on est habitués de travailler. Je pense que c’est une bonne chose qu’on régisse ça. On doit travailler pour aller chercher notre argent », résume l’agent de Sean Rea, Mohamed Farsi et Gabrielle Carle.

Un grand pas vers l’avant

Du même coup, la FIFA a créé la chambre des agents du Tribunal du football, afin de régler des litiges « de dimension internationale » entre un client et un agent. Elle pourra donc intervenir, si nécessaire, lors de transferts internationaux quand il y a un différend.

« On va se sentir mieux protégés, car il y a une ressource à la FIFA quand on a un conflit ou une question. Plutôt que de se tourner vers Canada Soccer, se sera maintenant vers une instance plus grande, et c’est peut-être plus rassurant de savoir qu’on est sous ce parapluie-là », admet M. Martineau.

On devra attendre quelques mois, voire quelques années, avant de faire un bilan et de déterminer s’il y a de grandes failles dans ce nouveau système. Cela dit, il est prometteur et permet de professionnaliser un milieu trop longtemps laissé à lui-même.