Si Ismaël Koné avait oublié qu’à 20 ans il est le joueur de soccer québécois le plus auréolé, un petit tour dans sa ville natale lui a rafraîchi la mémoire.

D’abord, le 27 mai, il était de passage au stade Saputo pour voir son ancien club, le CF Montréal, prendre la mesure de l’Inter Miami. Les partisans se sont gâtés. Photos, autographes et généreux dialogues pendant la mi-temps et après la rencontre ont été au menu du milieu de terrain.

Puis, le 4 juin, il a poursuivi sa tournée en faisant un arrêt à l’Auditorium de Verdun. À l’occasion d’un match de l’Alliance de Montréal, il s’est adonné à la ritournelle. Il a pris un bain de foule à nouveau et a assurément fait la soirée de plusieurs férus de ballons ronds, de soccer ou de basket.

C’est d’ailleurs le long des lignes du parquet montréalais qu’il a alloué quelques minutes à La Presse pour une entrevue impromptue. À noter qu’il a d’abord pris soin de rencontrer chaque partisan qui l’a réclamé avant de se prêter à l’exercice.

« Ici, c’est toujours chez moi. C’est ma ville. Ça me fait plaisir de revenir à la maison et de voir autant d’amour et de soutien. Si je peux faire plaisir aux gens comme eux le font quand ils viennent m’appuyer, c’est encore plus plaisant pour moi », a-t-il lancé avec un sourire, et surtout avec son calme habituel.

Une année charnière

Les 12 derniers mois se sont déroulés rapidement pour le natif de Notre-Dame-de-Grâce. Il s’est imposé comme un rouage important du CF Montréal, particulièrement lors de la dernière ligne droite de la campagne, et a accumulé plus d’une centaine de minutes à la Coupe du monde. Qui plus est, il a subséquemment quitté le club montréalais pour la deuxième division anglaise avec Watford, où il a pris part à 16 des 20 matchs de championnat de l’ancien club d’Elton John après son arrivée.

S’il a tenu à souligner les efforts des Hornets, qui lui ont grandement facilité la transition en s’occupant de tout le volet administratif, il a aussi insisté sur les apports du travail de Wilfried Nancy dans sa quête.

Le football anglais, c’est beaucoup plus direct que celui de la MLS. Avec Wilfried, on gardait plus la possession, mais il m’avait préparé pour tout, car on était capable de faire les deux. On pouvait aller directement ou aspirer l’adversaire. Alors je crois que petit à petit, je m’adapte bien.

Ismaël Koné

Justement. Pourquoi s’adapte-t-il bien ? Qu’est-ce qui a progressé dans son jeu ? Le principal intéressé croit savoir pourquoi.

« Je crois que je me fais plus confiance maintenant, a-t-il expliqué. Je réalise le joueur que je suis aujourd’hui. Je me connais mieux et je prends plus de risques et souvent ça fonctionne. Comme joueur, il faut se tester, voir où sont nos limites. Je crois que c’est ça, la différence. »

Au cœur de l’équipe nationale

La montée en puissance des performances de Koné s’est aussi cristallisée en sélection nationale. Certes, il a pris part aux trois matchs au Mondial, mais c’est la suite qui a été intéressante pour lui sur le plan personnel. Avec l’inévitable retraite du capitaine de l’unifolié Atiba Hutchinson, le Québécois a un coup à jouer au poste de milieu de terrain.

PHOTO THAIER AL-SUDANI, ARCHIVES REUTERS

Ismaël Koné avec l’équipe canadienne

Le sélectionneur canadien l’a bien vu. John Herdman a placé Koné au centre du nouveau cycle de l’équipe canadienne en vue de la Coupe du monde de 2026, qui sera partiellement présentée au Canada. Le pilote a d’ailleurs titularisé Koné lors des deux parties après le Mondial.

Lors du point de presse après un match contre le Honduras, l’instructeur anglais a fait l’éloge du jeu de l’ancien du CF Montréal.

C’est l’une des meilleures performances pour un milieu canadien que j’ai vue ! S’il garde les pieds sur terre, il n’y a aucune limite pour lui. C’est lui qui est maître de sa destinée.

John Herdman, sélectionneur canadien

Ce n’est pas peu dire.

Or, avant de penser à ce qu’il pourrait devenir ou à la prochaine Coupe du monde, Koné se voit y aller une année à la fois. C’est le moment approprié puisqu’à l’approche des demi-finales de la Ligue des nations de la CONCACAF qui se tiendront plus tard en juin et de la Gold Cup, il devrait être occupé cet été.

« Pour le moment, je suis quelqu’un qui ne voit pas trop loin. Je prends une année à la fois, surtout que je sens que je m’améliore chaque année. […] Je ne suis pas quelqu’un qui se dit qu’en 2026, il est assuré d’être sur le onze partant, je suis tranquille. Je me dis qu’en 2026, le coach fera ses choix et il faudra les respecter. »

Toujours à l’affût de son ancien club

Avant même de terminer la question, Koné s’est empressé de répondre qu’il a regardé plusieurs matchs de l’édition 2023 du Bleu-blanc-noir. Pas seulement celui auquel il a assisté en personne. Naturellement, il a noté la différence de stratégie entre le jeu proposé par l’ancien pilote Wilfried Nancy, qu’il a côtoyé, et Hernán Losada, en poste depuis fin décembre 2022. « Chacun a sa philosophie et il faut la respecter. Je suis content, car ils ont pu obtenir des victoires et quand je suis passé, ils ont gagné aussi », a-t-il laissé tomber avec un sourire.

L’influence de Stephen Eustáquio

Un joueur qui sera aux côtés de Koné pour les prochaines années, c’est le milieu de terrain Stephen Eustáquio. Le Québécois ne peut être plus ravi que d’avoir le joueur du FC Porto – le métronome de l’équipe – comme collègue. « De jouer avec ce genre de joueur avec cette qualité-là [comme Stephen], ça me permet d’en apprendre tellement chaque fois. Juste le regarder et l’écouter, j’en apprends beaucoup. Autant sur le plan tactique, mental que sur mon jeu offensif et défensif », a-t-il souligné.