Garven-Michée Metusala se dit un « beau mélange ». Il a appris de la culture haïtienne, congolaise, québécoise et canadienne pour forger son identité. Or, pour les prochaines semaines, il n’en aura qu’une seule : celle de Grenadier.

Metusala, un défenseur central, porte actuellement les couleurs d’Haïti à la Gold Cup, la plus prestigieuse compétition continentale. Celui qui a grandi à Terrebonne réalise son rêve de porter l’uniforme rouge et bleu.

« C’est un sentiment de fierté, puis un honneur, je dirais. Depuis que je suis tout petit, j’avais toujours voulu représenter soit Haïti, du côté de ma mère, ou le Congo, du côté de mon père. Mon but dans la vie, c’était de représenter un des deux pays si j’en avais la chance », a mentionné à La Presse au bout du fil l’ancien de l’Académie de l’Impact de Montréal quelques jours avant le début de la compétition.

PHOTO TIRÉE DE WIKIMEDIA COMMONS

Garven-Michée Metusala dans l’uniforme du Forge FC en 2021

On peut déjà dire que c’est mission accomplie. Qui plus est, au passage, il a aussi rendu sa mère pas peu fière.

« Tu es enfin considéré comme un vrai Haïtien », lui a lancé sa mère maintenant qu’il a son passeport du pays. « Elle est vraiment contente parce que je représente ses racines et les miennes aussi. »

Convoité depuis quelque temps

Avant de s’engager avec Haïti, le défenseur ne manquait pas d’options. Il pouvait aussi décider de représenter le Congo ou le Canada, si jamais il était sélectionné par l’un de ces pays. Toutefois, avant même de devenir un joueur professionnel avec le Forge FC en Première Ligue canadienne, Metusala s’est fait courtiser.

Alors qu’il était un membre du club de soccer Fabrose, en Première Ligue de soccer du Québec, l’entraîneur adjoint Angelo Jean-Baptiste lui a fait une promesse.

Il m’avait dit qu’il avait des contacts en Haïti. Il m’a dit : “Je te promets que si tu fais bien, je vais te mettre en contact avec eux.” Dès que j’ai eu mon premier contrat à Forge, il a tenu sa parole. C’est un peu grâce à lui si je suis ici.

Garven-Michée Metusala, défenseur de l’équipe nationale d’Haïti

Jean-Baptiste, qui est dorénavant entraîneur de l’équipe haïtienne des moins de 20 ans, a eu un « grand rôle » dans les choix de Metusala. Surtout quand on prend en considération l’opinion de certains membres de sa garde rapprochée.

« Plusieurs personnes m’ont dit d’attendre, se rappelle-t-il. On ne sait pas si, dans quelques années, le Canada pourrait faire appel à toi.

« Mais pour moi, c’était un no-brainer de pouvoir aller avec Haïti. C’est un pays que j’aime tant et qui a beaucoup de problèmes en ce moment. Je sais que l’équipe nationale joue un grand rôle dans le pays, donc d’avoir la chance de représenter ces gens-là et de leur donner des sourires avec des victoires, je me suis tout de suite dit : je me lance dedans. »

Désormais, il a les deux pieds dedans.

Une transition tout en douceur

Il demeure que Metusala a passé sa vie au Québec, plus précisément dans la couronne nord de Montréal. Malgré tout, il assure que son intégration dans l’équipe nationale a été faite sans anicroche.

« Je parle le créole, puis simplement le fait de parler la langue, honnêtement, ç’a beaucoup aidé. Ç’a rendu l’intégration encore plus facile », note-t-il. En fait, il n’est même pas le seul natif de Montréal de cette édition ; le gardien remplaçant Josué Duverger est aussi un membre de la diaspora québécoise.

PHOTO DAVID J. PHILLIP, ASSOCIATED PRESS

Duckens Nazon (9) prend la pose avec ses coéquipiers après avoir marqué le premier but pour Haïti sur un penalty.

Visiblement, son acclimatation se passe plutôt bien puisque le jeune homme de 23 ans a disputé les 90 minutes du premier match des Grenadiers dimanche, lors duquel il a aidé son équipe à défaire le Qatar 2-1.

Metusala et ses compatriotes ont toutefois encore du pain sur la planche en phase de groupes alors qu’ils doivent affronter deux autres nations mieux classées qu’eux, soit le Honduras et le Mexique. Ont-ils en eux un autre petit miracle comme en 2019, où Haïti avait été défait en prolongation par le Mexique en demi-finale ?

À suivre.

Offrir une jolie carte de visite

Pour Metusala, la priorité sera naturellement de bien faire pour la sélection. Toutefois, si ses performances peuvent accessoirement lui être bénéfiques sur le plan personnel, il ne sera pas outré.

Le joueur du Forge FC a des ambitions, et la Gold Cup pourrait être le tremplin nécessaire pour faire le saut dans une ligue de plus grande renommée.

« J’ai des aspirations d’aller au prochain niveau, que ce soit la MLS ou l’Europe. J’aimerais vraiment découvrir de nouveaux championnats. Je sais que la Gold Cup peut être un bon tremplin pour ça. Je vais m’assurer de donner mon 100 % pour m’ouvrir des portes, car on sait qu’il y a beaucoup de gens qui regardent ces compétitions-là. J’espère que ça pourra donner quelque chose », a-t-il noté.