La fenêtre de transferts estivale est l’un des moments les plus exaltants de la saison. Personne n’en connaît le dénouement. C’est la période où les illusions de grandeur pour réimaginer l’équipe et le rêve de l’arrivée d’un messie – ou simplement de Messi – côtoient le désenchantement et parfois même l’amertume.

Or, cette année, le CF Montréal n’a pas attendu avant de faire un premier coup qui justifiait l’attente. Et ce fut un gros.

Dès la première journée du mercato, mercredi, l’Impact a délié les cordons de la bourse pour mettre le grappin sur l’attaquant Kwadwo Mahala Opoku. Cette acquisition du LAFC en retour d’un montant d’allocation générale totale de 1,75 million est la première transaction des Montréalais.

Toutefois, ça ne devrait pas être la dernière d’Olivier Renard, vice-président et chef de la direction sportive du club. Le Bleu-blanc-noir aura jusqu’au 2 août pour faire ses emplettes.

La Presse a établi les dossiers qui devraient être au sommet de la pile de Renard pour le prochain mois.

Un brin de renfort serait logique

Dans des circonstances, disons, normales, excluant la Gold Cup et la tonne de blessures en début de saison, le CFM a de la profondeur à presque tous les postes. Il a aussi des candidats qui peuvent progresser et qui cadrent dans la philosophie sportive du club, celle de développer de jeunes talents.

Un poste qui laisse toutefois à désirer, c’est au milieu de terrain. Le club a deux milieux défensifs d’expérience en Samuel Piette et Victor Wanyama. Même s’il n’a pratiquement pas évolué à ce poste cette saison, Ilias Iliadis est un milieu défensif de formation.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Mathieu Choinière (29) devant les joueurs du Toronto FC

Il peut aussi compter sur deux milieux assez complets en Nathan Saliba – qui connaît une belle progression dans les dernières semaines – et celui qui prendra part au match des Étoiles, Mathieu Choinière.

Il manque toutefois un peu de profondeur à ce poste. Le retour de blessure de Piette aidera, certes, mais il pourrait y avoir une compétition plus forte, que ce soit comme milieu défensif ou relayeur. Avec une place disponible dans l’effectif, du soutien qui pourrait venir porter un coup de main sur-le-champ n’est pas à écarter.

L’autre endroit où le club a un sempiternel besoin de renouveau, c’est dans le tiers offensif. L’Impact a la pire offensive pour un club actuellement dans le portrait des séries, mais vient d’ajouter Opoku pour venir dynamiser son attaque.

Est-ce suffisant pour relancer le tout ?

PHOTO GARY A. VASQUEZ, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Kwadwo Opoku (22) alors qu’il s’alignait avec le Los Angeles FC

Possiblement, mais le constat est qu’il sera difficile d’ajouter d’autres morceaux compte tenu d’un embouteillage typiquement montréalais. L’Impact compte sur six joueurs en pointe (Sunusi Ibrahim, Chinonso Offor, Kwadwo Opoku, Romell Quioto, Mason Toye et Jules-Anthony Vilsaint), sans compter Ariel Lassiter et Lassi Lappalainen qui parfois viennent dépanner à ce poste. Il a aussi sous la main quatre milieux offensifs (Bryce Duke, Ahmed Hamdi, Matko Miljevic et Sean Rea).

Il ne manque pas d’humains pour les trois postes disponibles offensivement. Alors avant de parler d’une présumée arrivée d’Eden Hazard, il faudra dégraisser un peu.

Préparer les sorties

Une règle d’or dans les mercatos, c’est de toujours préparer le terrain en cas de départ. Renard l’a montré cette saison en réalisant l’acquisition de George Campbell et de Gabriele Corbo en défense avant de laisser partir Kamal Miller. Ce n’est pas toujours possible et parfois il faut s’adapter, comme avec l’ajout d’Aaron Herrera pour pourvoir le départ d’Alistair Johnston.

Néanmoins, on peut faire à l’occasion le travail en amont. À la fin de la saison, deux joueurs seront libres et sans option pour prolonger leur contrat, soit Romell Quioto et Rudy Camacho.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Romell Quioto

Quioto a été le meilleur buteur du club lors des trois dernières campagnes et il est toujours en tête du classement du club en MLS cette saison (3 buts) en dépit de seulement 7 rencontres. Les blessures du Hondurien n’augurent toutefois rien de bon pour la suite des choses, d’où l’acquisition d’un joueur établi tel Opoku.

Quant à lui, Camacho a été le général au cœur de la défense montréalaise. Il a aussi donné un coup de pouce au milieu de terrain par moments, mais il s’est montré essentiel au centre de la charnière centrale. C’est d’ailleurs plus complexe quand Campbell ou Joel Waterman doivent prendre le relais à ce poste précis. Avant de le laisser partir, ce sera un pensez-y-bien.

Permettre de grandir ailleurs

Au bilan de mi-saison, Renard a indiqué que le club allait explorer l’idée d’envoyer « un ou deux joueurs en prêt » avant de faire l’apologie de cette stratégie. Plusieurs candidats pourraient bien bénéficier d’un nouveau décor.

Naturellement, l’équipe ne peut envoyer tout un chacun en prêt et doit se garder des cartouches si elle est victime de quelques blessures. Cela dit, compte tenu de la profondeur en défense, Róbert Thorkelsson ou Ousman Jabang, qui ont chacun moins de 250 minutes en MLS cette saison, pourraient profiter de plus de temps de jeu pour se développer.

Avec l’arrivée d’Opoku, il y a aussi une certaine congestion dans le tiers offensif, comme soulevé précédemment. Jules-Anthony Vilsaint, malgré ses 19 minutes obtenues samedi dernier contre le New York City FC, a seulement deux matchs au compteur. On ne retrouve notamment aucun départ à sa fiche.

PHOTO PETER MᴄCABE, LA PRESSE CANADIENNE

Jules-Anthony Vilsaint (à gauche) contre Stephen Turnbull du New York City FC, samedi dernier au stade Saputo

Si Quioto revient aussi de sa blessure, le Québécois pourrait être laissé sur le banc plus que jamais. Ce sera à Hernán Losada de transmettre son plan de match à la direction, mais Vilsaint est aussi un joueur qui aurait beaucoup à gagner d’aller chercher des buts et de la confiance.