(Sydney) Le changement se produit rapidement dans le soccer féminin.

La parité du niveau de compétition a été démontrée à la Coupe du monde féminine, qui a vu l’Allemagne, double championne du tournoi, être éliminée jeudi.

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Le Maroc, dont la gardienne Khadija Er-Rmichi, s’est qualifié pour la phase d’élimination directe pour la toute première fois.

Lors de la plus grande surprise d’une Coupe du monde déjà bien pourvue en la matière, les Allemandes, deuxièmes au monde, n’ont pas réussi à accéder à la phase éliminatoire pour la première fois de leur histoire.

Les Brésiliennes, championnes de la Coupe d’Amérique, et les Canadiennes, médaillées d’or aux Jeux olympiques de Tokyo, ont aussi été éliminées pendant la phase de groupes.

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La déception était visible sur tous les visages, dont celui de l’entraîneuse-chef Bev Priestman, après la défaite du Canada 4-0 contre l’Australie, le 31 juillet dernier.

Pendant ce temps, le Maroc, l’Afrique du Sud et la Jamaïque ont tous écrit l’histoire lors de leur parcours jusqu’à la ronde d’élimination.

« Pour être honnête, je suis vraiment surprise. Je pense que quand tu vois l’Allemagne ou le Brésil être éliminés dans la phase de groupes, personne n’aurait pu le prévoir, a exprimé Jill Ellis, qui a dirigé l’équipe américaine lors des Coupes du monde de 2015 et de 2019.

« Suis-je enthousiasmée par le développement ? Bien sûr. Mais je pensais qu’il y aurait une autre représentation de la Coupe du monde avant de voir la parité que nous commençons à voir en ce moment. »

Les Américaines, doubles championnes en titre et meilleure équipe au monde, ont eu l’air vulnérables dans leur quête d’un troisième titre consécutif. Elles n’ont jamais terminé plus bas que le troisième rang à ce tournoi.

Mais les États-Unis ont peiné dans la phase de groupes. Ce fut aussi le cas de la France, cinquième au monde.

La parité croissante au sein du soccer féminin a donné lieu à une phase de groupes passionnante à la Coupe du monde, qui s’est terminée par une victoire de 1-0 du Maroc contre la Colombie pendant que l’Allemagne était tenue en échec 1-1 par la Corée du Sud.

L’époque où les équipes sous-estimées étaient impressionnées par les puissances du soccer est révolue. La Jamaïque a muselé la France lors d’un match nul de 0-0 en lever de rideau du tournoi et elle a éliminé le Brésil à son dernier duel du Groupe F.

« Je pense que les petites nations se disent qu’elles peuvent également réussir de grandes choses », a indiqué Lorne Donaldson, entraîneur-chef de la Jamaïque.

L’Afrique du Sud a quant à elle surpris l’Italie grâce à un but vainqueur à la 92minute, se qualifiant ainsi pour la ronde d’élimination.

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Wendy Shongwe (23) et Sibulele Holweni célèbrent la victoire de l’Afrique du Sud contre l’Italie.

Les équipes deviennent plus avisées.

La Jamaïque, par exemple, n’a toujours pas encaissé un but après trois matchs de groupe.

Haïti a causé des problèmes à l’Angleterre avec la rapidité de ses contre-attaques lors de leur match d’ouverture. L’Angleterre, championne d’Europe, a eu besoin d’un penalty tenté deux fois de Georgia Stanway pour s’imposer 1-0.

« Nous n’avons peut-être pas les ressources des grands pays en matière d’équipement, de voyagement et de matchs, mais je pense qu’il y a une compréhension avec les entraîneurs et le personnel technique. Notre préparation est quelque peu meilleure un peu partout », a noté Donaldson.

La FIFA a investi 1 milliard de dollars américains dans le soccer féminin par l’entremise de 168 programmes de développement en cours dans 211 associations membres.

« Nous travaillons sur des programmes qui visent à améliorer la qualité des ligues, les compétitions auxquelles les joueuses participent au quotidien, a déclaré Sarai Bareman, directrice du soccer féminin à la FIFA, à l’Associated Press. Nous travaillons sur la professionnalisation. Nous avons les données et la recherche pour comprendre ce qui fait le succès d’un club et comment reproduire ça dans d’autres pays. »

Selon Ellis, le soccer « est en train de véritablement devenir un sport mondial ».

Il y avait des doutes quant à la décision de la FIFA d’étendre le tournoi à 32 équipes, contre 24 en 2019.

La crainte était que cela mènerait à plus de matchs à sens unique et à une dilution de la qualité.

L’inverse s’est produit. Le nouveau format signifie également que seules les deux meilleures équipes de chaque groupe peuvent passer au tour suivant. Cela a supprimé le filet de sécurité de la troisième place qui peut être suffisante pour obtenir un laissez-passer pour la phase d’élimination.

« Vous avez la Jamaïque, l’Afrique du Sud, le Maroc qui se qualifient pour la phase d’élimination directe pour la toute première fois. Des équipes comme la Nouvelle-Zélande, les Philippines, la Zambie ont aussi gagné pour une première fois à la Coupe du monde. Ce sont des moments incroyables », a conclu Bareman.