(Madrid) Retour des championnes du monde, candidature à l’organisation du Mondial-2030… La Fédération espagnole de football (RFEF) espère aller de l’avant au lendemain de la démission de Luis Rubiales, après des semaines de controverse liées au baiser forcé du dirigeant à Jenni Hermoso.

Président suspendu par la FIFA, Luis Rubiales a fini par jeter l’éponge dimanche, arguant ne plus pouvoir « continuer (son) travail », et transmis une lettre en ce sens à sa fédération.

« C’est terminé », « Rubiales démissionne ! » : attendue de longue date, cette décision a fait la une des grands quotidiens sportifs espagnols lundi, en commençant par Marca, selon qui la décision du dirigeant a été « accueillie avec stupeur » mais aussi « soulagement » au sein de la RFEF.

Son refus initial de démissionner lors de l’assemblée générale du 25 août, affirmant que le baiser du soir de la finale du Mondial était « consenti », a plongé le football espagnol dans la crise : 81 joueuses et ex-joueuses, dont les 23 championnes du monde, ont annoncé leur refus de jouer en sélection.

Alors que de multiples procédures ont été ouvertes à l’encontre de Luis Rubiales par la FIFA ainsi que par la justice sportive et pénale espagnole, sa démission ouvre la voie à une profonde réorganisation de l’instance.

Fin de la grève ?

Dans les prochains jours, le conseil d’administration de la RFEF doit ainsi nommer un successeur, étape préalable à l’organisation d’élections. S’agira-t-il de Pedro Rocha, qui assure l’intérim, mais est considéré comme un homme de confiance de Rubiales ?

Rocha a d’ores et déjà lancé des « mesures de restructuration » en se séparant du sélectionneur de l’équipe féminine Jorge Vilda – dont les méthodes étaient critiquées par ses joueuses –, et en nommant son adjointe Montse Tomé, qui avait présenté sa démission pour protester contre l’attitude du président.

Avant de pouvoir se concentrer sur le terrain, l’ex-joueuse de Barcelone, 41 ans, va devoir convaincre les internationales de mettre un terme à leur grève, de préférence avant les prochaines échéances internationales des 22 et 26 septembre contre la Suède et la Suisse, en Ligue des nations.

Selon la presse espagnole, les championnes du monde avaient déjà jugé « positif » le changement de sélectionneur, mais ajouté que la mesure était insuffisante pour les faire revenir sur leur décision.

Le départ de Rubiales sera-t-il décisif ? D’après la Cadena Ser, les joueuses de la Roja estiment qu’« il faut une fédération différente, qui respecte Jenni (Hermoso) et ses coéquipières et leur donne la place qu’elles méritent ».

La RFEF négocierait avec les championnes du monde pour qu’elles soient disponibles dès vendredi lorsque la sélectionneuse annoncera sa première liste. Et ses membres « sont optimistes, parce qu’ils vont proposer de vrais changements », écrit la Ser.

Objectif 2030

Le départ de Rubiales, salué par le gouvernement espagnol comme « une bonne décision », permet par ailleurs à la RFEF de reprendre plus sereinement le fil de sa candidature à l’organisation du Mondial-2030 masculin aux côtés du Portugal et du Maroc.

« Il y a 15 jours, nous étions en meilleure position pour la Coupe du monde 2030 qu’aujourd’hui », avait déclaré le 28 août le secrétaire d’État espagnol aux Sports, Victor Francos, alors que Rubiales s’accrochait encore à son poste.  

Selon le quotidien As, c’est le président de l’UEFA Aleksander Ceferin qui a convaincu Rubiales de démissionner, en utilisant précisément cet argument.

« Le président de l’UEFA et ami personnel de Luis Rubiales lui a fait comprendre que son maintien à la tête de la RFEF pouvait mettre en péril la candidature européenne à la Coupe du monde 2030 », indique le quotidien sportif madrilène.

« Je prends cette décision après avoir reçu l’assurance que mon départ contribuera à la stabilité qui permettra à l’Europe et à l’Afrique de rester unies dans le rêve de 2030 », a lui-même avoué Rubiales dimanche dans sa lettre de démission.