Mauro Biello s’apprête à participer à une danse dont il connaît très bien la chorégraphie. Et il vient d’obtenir un sursis pour bien préparer son audition.

Comme avec l’Impact en 2015, Biello doit faire ses preuves à titre d’entraîneur-chef par intérim, cette fois-ci avec l’équipe canadienne masculine de soccer. Le but du jeu : enlever l’étiquette d’intérimaire et succéder à John Herdman en bonne et due forme.

« J’ai parlé avec [la fédération], a expliqué la légende du Bleu-blanc-noir au téléphone avec La Presse. J’ai exprimé que j’aimerais être candidat. Et ils sont d’accord avec ça. »

Canada Soccer a annoncé mercredi que la recherche d’un nouvel entraîneur-chef ne se fera pas tant que le poste de secrétaire général de l’organisation ne sera pas pourvu. À ce chapitre, l’organisation parle d’une nomination « d’ici la fin de l’année ».

Biello pourra donc rester en poste, au minimum, jusqu’en janvier 2024. D’ici là, son premier test sur les lignes de touche aura lieu à l’occasion d’un match amical crucial contre un Japon virevoltant, le 13 octobre prochain.

« J’ai cette chance maintenant de montrer ce que je peux faire avec le groupe, souligne l’ancien attaquant québécois. Oui, c’est court terme, mais quand même, j’essaie d’en profiter. Il y a des matchs difficiles qui s’en viennent, et des matchs importants pour nous en 2024. »

Ce défi, Biello l’accueille « avec confiance ». Il dit bien connaître le groupe de joueurs, lui qui a été adjoint de Herdman depuis 2018. Et son expérience avec l’Impact pourra lui servir. Rappelons qu’il avait été appelé en renfort à titre intérimaire à la tête de l’équipe après le congédiement de Frank Klopas en août 2015. Trois mois plus tard, le poste était officiellement à lui.

Être entraîneur-chef par intérim, c’est quelque chose que j’ai déjà fait. Je peux en tirer plusieurs leçons et m’en servir pour aider ce groupe.

Mauro Biello

Depuis sa nomination partielle en août dernier, Biello a contacté les leaders de l’équipe.

« C’était important pour moi d’écouter et d’avoir un peu de rétroaction. Mais je voulais aussi les rassurer, leur dire que j’allais amener une continuité. »

Mais Biello n’est pas formé dans le même moule que Herdman non plus.

« C’est sûr que chaque entraîneur a sa façon de travailler. Je suis différent, je vais amener mes idées. Il y aura cette continuité, mais avec certaines variables que je peux apporter pour ajuster, pour améliorer, pour pousser cette équipe vers l’avant. »

Un automne déterminant

En ce moment, c’est Jason DeVos, ancien international canadien, qui occupe le poste de secrétaire général, lui aussi à titre intérimaire. La société internationale de conseil en organisation Korn Ferry a été choisie pour diriger le processus de recherche du futur titulaire du poste opérationnel le plus important de la fédération.

Et il y aura du pain sur la planche pour le candidat qui sera choisi. Les déboires financiers de Canada Soccer ont déjà été bien documentés, et leurs impacts se sont fait ressentir jusqu’à la semaine dernière. Les nations se sont rencontrées pour disputer des matchs amicaux et des rencontres de qualifications, partout dans le monde.

Mais le Canada n’avait pas les moyens d’organiser l’un de ces affrontements internationaux. Ses joueurs sont donc restés dans leurs clubs respectifs, sans avoir la chance de s’entraîner ensemble avec leur nouveau sélectionneur.

« Quand tu es entraîneur, tu aimerais travailler avec le groupe, convient Mauro Biello. C’est normal. Malheureusement, on n’a pas eu cette chance. Et on sait qu’il y a certains problèmes dans l’organisation présentement. Mais je sais aussi qu’il y a du monde qui travaille très fort pour essayer de régler cette situation. »

Son premier défi sera de taille. Le Canada affrontera le Japon le 13 octobre. On se rappelle tous la superbe performance que les Samouraïs bleus avaient offerte à la Coupe du monde au Qatar, l’hiver dernier. Leur étoile n’a fait que briller encore plus, depuis. Ils ont notamment à nouveau battu l’Allemagne, 4-1 cette fois, après le 2-1 du Mondial.

« Le Japon vient de compter 18 buts dans ses 4 derniers matchs, rappelle Biello en riant. Il vient de battre l’Allemagne dans leur pays. »

Il cite Kaoru Mitoma, Wataru Endo et Junya Ito comme autant de joueurs à avoir à l’œil. Il aurait pu en nommer plusieurs autres.

« Ça va être un grand défi, mais c’est ce qu’on veut, et c’est ce que les joueurs voulaient. Essayer d’avoir des matchs de haut niveau, parce que c’est dans ces matchs-là qu’on va apprendre. […] Je vais utiliser ce camp au Japon, et ce match-là, pour avoir des réponses, surtout sur les joueurs clés. »

Ça fait maintenant presque cinq mois qu’on n’a pas été ensemble.

Mauro Biello

Viendra ensuite la fenêtre internationale de novembre, que Biello qualifie d’« extrêmement importante ». Le Canada participera aux quarts de finale de la Ligue des nations de la CONCACAF, le 16 et le 20 du mois.

Mais pour l’instant, Mauro Biello va continuer son travail de Montréal, comme il l’a fait depuis son embauche chez Canada Soccer.

« Je suis très fier, dit-il à propos de la chance qui s’offre à lui aujourd’hui. C’est un honneur pour moi. Je sais que je suis entraîneur-chef par intérim, mais pour moi, c’est l’occasion de travailler avec un groupe qui est extraordinaire. »

On demande à Biello s’il souhaite vraiment du succès à John Herdman à Toronto, lui qui tente maintenant sa chance avec le rival invétéré de son ancien club.

« Je dois remercier John parce que c’est grâce à lui si je suis ici aujourd’hui, répond-il avec la classe qu’on lui connaît. C’est lui qui m’a embauché. Je sais qu’il va faire un bon travail avec Toronto. Je lui souhaite bonne chance. »