Les Rouges ont retrouvé leurs couleurs au bon moment. Les Canadiennes l’ont emporté 2-0 contre la Jamaïque, vendredi soir à Kingston, au terme du premier de deux matchs contre les Reggae Girlz. Cette série aller-retour cruciale permettra de qualifier le vainqueur pour les Jeux olympiques de Paris, en 2024.

La dernière Coupe du monde a été décevante pour l’équipe canadienne. L’élimination en phase de groupes, en juillet dernier, a été un résultat bien en deçà des attentes pour une nation médaillée d’or aux Jeux de Tokyo, deux ans plus tôt.

Près de deux mois plus tard, la troupe de Bev Priestman avait besoin de refaire le plein de confiance. Et elle peut dire : mission accomplie.

PHOTO FOURNIE PAR SOCCER CANADA

À la 18minute, Nichelle Prince a confirmé la bonne tenue des Canadiennes. Elle a fait mouche de la tête sur un excellent centre d’Ashley Lawrence issu de la droite.

À la 18minute, Nichelle Prince a confirmé la bonne tenue des Canadiennes dans ce match. Elle a fait mouche de la tête sur un excellent centre d’Ashley Lawrence issu de la droite.

« On est vraiment contentes, a commenté Prince sur les ondes de OneSoccer après la rencontre, tout sourire. Nous étions déçues de notre élimination à la Coupe du monde, et nous avions soif de victoire aujourd’hui. »

Nous avons toutes vraiment bien joué, nous étions solidaires, ça fait du bien !

Nichelle Prince

On vous parlait du côté droit : c’est sur ce flanc que le Canada a le plus brillé, vendredi. Le brio de Lawrence et d’Adriana Leon a été une vraie bougie d’allumage dans cette rencontre. Cette dernière a enchaîné des courses et des frappes toutes plus dangereuses les unes que les autres.

PHOTO COLLIN REID, ASSOCIATED PRESS

Ashley Lawrence (10) affronte Deneysha Blackwood sur le terrain à Kingston.

À la 93minute, Leon a finalement eu sa récompense. Son but, un joli lob au-dessus de la gardienne sur un ballon brillamment redirigé dans la surface, a en outre permis de prendre un ascendant important dans cette série de deux matchs, en vertu de la règle des buts à l’étranger.

« C’est ce qu’une joueuse comme Adriana vous donne, a analysé la sélectionneuse Bev Priestman. Elle est imprévisible, elle peut dribbler. »

Leon a connu des hauts et des bas dans sa carrière professionnelle, ces dernières années. Mais son récent transfert vers Aston Villa, en première division anglaise, lui a fait retrouver le sourire. Et ce bonheur se transmet jusqu’à la sélection, selon Priestman.

« Elle a des minutes sous la cravate, illustre la technicienne. Dans les grands moments, “Dre” est affamée. C’est opportun qu’elle marque à son 100match avec le Canada. Elle veut toujours tout donner. »

Plus que quiconque, Priestman sentait la « pression » après la déception du Mondial. Pas nécessairement parce que son poste était en jeu – quoique… –, mais surtout parce qu’il fallait que l’équipe retrouve ses repères, et rapidement.

« En coulisses, les joueuses et moi avions notre propre pression. Personne n’est satisfait de ce qui s’est passé cet été. Nous avions nos propres attentes. Ce soir, nous voulions sortir le couteau entre les dents [come out swinging]. Et c’est exactement ce que nous avons fait. »

Au-delà de la qualification

Contrairement aux Canadiennes, les Jamaïcaines avaient quant à elles fait très bonne figure au Mondial, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Elles s’étaient inclinées en huitièmes de finale contre la Colombie (1-0) après avoir tenu le Brésil (0-0) et la France en échec (0-0), notamment. Avec cette résurgence, les Reggae Girlz n’affichent plus aujourd’hui le même visage que par le passé ; les Rouges avaient une fiche de 9 victoires en 9 matchs, et un différentiel de buts de + 59, avant la rencontre de vendredi.

Les Canadiennes se devaient de prendre ce match au sérieux, donc. Parce que l’enjeu est de taille : une non-qualification pour les Jeux olympiques expose l’équipe canadienne au risque de perdre un financement important de la part d’À nous le podium, alors que l’on sait combien Canada Soccer est en difficulté sur le plan financier.

Avec ses deux buts à l’étranger et un important jeu blanc, les Canadiennes peuvent souffler.

« Pour être honnête, j’ai célébré ce jeu blanc ! a lancé Bev Priestman, soulagée de voir la défense se resserrer après le 4-0 subi aux mains des Australiennes lors du dernier match, en Coupe du monde. Il faut qu’il le soit. C’est à la base des fondations de cette équipe. »

La première moitié du travail est donc faite. Le Canada a maintenant rendez-vous avec la Jamaïque à nouveau, mardi prochain, dans un match au BMO Field de Toronto qui sera disputé à guichets fermés.

Malgré son avance, l’unifolié devra jouer de prudence, croit Priestman.

« Les Jamaïcaines vont tout donner à Toronto, parce que des Jeux olympiques sont à l’enjeu. Et il n’y a pas grand monde qui peut espérer se rendre à des Jeux olympiques.