Le Canada s’est tiré dans le pied. Puis n’a pas eu le temps d’analyser sa blessure avant de se tirer dans l’autre pied. Les Canadiens ont subi une dure défaite de 4-1 face aux Japonais, vendredi à Niigata, dans un match amical rapidement devenu une dégelée.

Ce n’est certainement pas l’entrée en matière que l’entraîneur-chef par intérim du Canada, Mauro Biello, aurait souhaitée pour sa première audition. La légende de l’Impact veut devenir le sélectionneur permanent de l’unifolié.

« On est déçus, a convenu Biello après la rencontre. Je pense qu’on leur a donné deux buts faciles, sur des erreurs qu’on ne doit pas commettre contre une équipe de ce calibre. »

Au début, on a pu tenir la nervosité responsable. Le Japon a ouvert la marque après 90 secondes de jeu, alors que les Rouges ont été coupables d’un véritable cafouillage défensif devant le filet de Milan Borjan.

Étaient-ils éblouis devant ces étoiles japonaises ? Les Samouraïs bleus sont l’équipe de l’heure dans le soccer international. Avant cette rencontre, le Japon avait marqué 18 buts en 4 affrontements, poussant la Turquie et l’Allemagne à la recherche de nouveaux entraîneurs-chefs.

C’est dire à quel point l’organisation de ce match amical était casse-cou pour le Canada, dont les joueurs devaient en plus voyager à l’autre bout du monde. Cette semaine, Biello n’a eu qu’une séance d’entraînement « et demie » pour préparer ses joueurs à cette joute. C’était d’ailleurs le premier rassemblement de l’équipe depuis la Gold Cup, en juillet dernier.

« On a manqué de cohésion après une session et demie d’entraînement, a-t-il dit. Je m’attendais à ça. Je ne m’attendais pas à ce que tout soit parfait. Mais il y a quand même eu de bonnes choses. »

« Il faut marquer quand tu en as la chance »

Après les papillons du début de match, les visiteurs ont réussi à calmer le jeu un peu. Alphonso Davies est même parvenu à obtenir un penalty à la 19minute. Jonathan David s’est toutefois heurté au gardien Osako Keisuke, et n’a pu convertir.

Puis les maigres espoirs ont été anéantis coup sur coup, à la 39e et la 42e. Davies a marqué un but contre son camp de façon loufoque, et Alistair Johnston s’est facilement fait battre en défense devant sa zone, séquence qui a ultimement permis à Keito Nakamura de faire 3-0.

« En première demie, on a eu un bon 20 minutes au cours desquelles on a été capables de créer cette occasion pour le penalty, et il faut marquer quand tu en as la chance. Tu joues à l’extérieur, et quand tu fais des erreurs contre ce type de joueurs et devant une équipe de cette qualité, ils vont te les faire payer. »

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Ao Tanaka (17)

La réorganisation de la mi-temps n’a pas eu l’effet escompté, et le Canada a cette fois été battu par une attaque japonaise létale, qui a enfilé à la 49e minute son 22but en 5 rencontres.

Junior Hoilett est parvenu à sauver quelque peu l’honneur des Canadiens à la 89e, en marquant le 4-1 alors que le Japon avait levé le pied.

Un gouffre

Selon Biello, le résultat final ne reflète pas l’allure du match. Il a parlé de « déviation » pour le premier but japonais, ainsi que de « belles séquences » canadiennes menant au penalty bloqué et au but de Hoilett. Le technicien est aussi satisfait d’avoir vu ses joueurs « déséquilibrer » l’adversaire à certains moments, en vertu d’une belle « capacité de passes ».

« Mais il y a quand même des choses qu’il faut améliorer défensivement, a-t-il dit. On a vu comment leur vitesse nous a donné des problèmes. […] Surtout en transition, il faut être capable de lire le jeu encore plus vite et se mettre en bonne position pour corriger certaines choses. »

L’aura autour de l’équipe canadienne s’est étiolée depuis la qualification pour la Coupe du monde masculine. Des matchs comme celui-ci démontrent le gouffre qui la sépare des meilleures sélections. Mais il faut les jouer, ces matchs, pour en être convaincu.

Biello devait aussi composer avec les absences de l’ailier Tajon Buchanan, ainsi que de son atout principal au milieu de terrain, Stephen Eustáquio, resté au Portugal pour soigner une blessure subie dimanche dernier. La perte d’Eustáquio a toutefois permis à Mathieu Choinière d’obtenir ses premières minutes avec l’équipe séniore du Canada, lui qui est entré à la 62e.

Devant, le Japon a de la profondeur à revendre, souligne Biello. « C’est pour ça qu’ils battent toutes ces équipes présentement. »

« Mais c’est ce qu’on voulait, a ajouté l’entraîneur avec verve. On voulait que nos joueurs affrontent ce genre d’adversaire. C’est important, parce que maintenant, ils vont apprendre de ça. Ils vont savoir à quel point l’espace se referme rapidement à ce niveau. Ils seront meilleurs grâce à ça. On va grandir, et on sera une meilleure équipe en vue de la Ligue des Nations. »

Ils auront besoin de l’être, parce que les matchs de novembre servent aussi de qualifications pour la Copa América de l’été prochain. Et d’ultime test pour Mauro Biello.