Alors, un an après l’entente de la MLS avec Apple TV, quels sont les constats pour le CF Montréal ? Gabriel Gervais assure que le partenariat avec « l’entreprise la plus innovatrice de la planète » a été bénéfique pour son club.

Il parle notamment d’une « augmentation d’à peu près 9 % » des cotes d’écoute, en faisant la moyenne des chiffres combinés d’Apple TV et de RDS.

Mais c’est surtout l’horaire régulier des matchs les mercredis et les samedis, nouveauté amenée par la MLS Season Pass d’Apple TV, qui fait son bonheur.

« Juste pour que vous compreniez, les mercredis soir, c’est dur d’avoir une salle comble. Et ça, c’est historiquement. Mais au point de vue corporatif, c’est plein ! Donc, pour les revenus, c’est très intéressant. »

Auparavant, les fins de semaine, particulièrement en début de saison, le CFM avait l’habitude de jouer en après-midi, compte tenu des températures.

« Énormément » de familles

« Finalement, on s’est rendu compte qu’avec un horaire constant, le samedi à 19 h 30, c’est plus facile. J’ai moi-même de jeunes enfants, mes enfants et ma femme viennent aux matchs, et c’est facile de planifier la journée. Tu viens ici à 18 h, tu soupes ici, tu regardes le match. Les enfants se couchent un peu plus tard le week-end, et il n’y a pas d’école le lendemain. Puis il y a le dimanche pour faire les autres activités familiales. »

Pour les habitués de la section nord du stade Saputo, il n’est pas rare de voir Gabriel Gervais se promener dans les gradins le soir des matchs.

« Je veux avoir le pouls de tout ce qui se passe », dit-il.

Il dit avoir remarqué « énormément » de familles le samedi. « Ce calendrier régulier nous a aussi aidés à obtenir une base critique de gens qui sont venus. »

Plus de matchs à la télé ?

Gervais le dit un peu du bout des lèvres, mais il le dit quand même : le président « aimerait ça » que les 34 matchs du CF Montréal soient diffusés à la télévision traditionnelle.

« Pendant la transition » vers le numérique, « absolument », répond-il à la question de La Presse à ce sujet.

Le président du CF Montréal doit présentement se satisfaire des 14 matchs par saison diffusés à RDS et TSN. Cette entente avec les chaînes de Bell Média est encore valide pour les quatre prochaines années.

Mais le souhait de voir la totalité des matchs du CFM diffusée à la télé ne se concrétisera probablement jamais.

« C’est contre-intuitif avec la stratégie de la ligue, qui est de vendre des abonnements », convient Gervais.

« Optimiser l’expérience client »

Le collègue Alexandre Pratt en a parlé dans sa chronique : le CF Montréal vise la rentabilité d’ici 2027.

La mission de Gabriel Gervais pour y arriver a d’ailleurs été son projet phare depuis son embauche en mars 2022.

Et les choses vont bien au stade Saputo, assure-t-il.

L’homme d’affaires parle d’augmentations « de plus de 20 % » dans la vente de billets en 2023 par rapport à 2022, « de 10 % » au chapitre des partenariats, « de 25 % » pour la marchandise. « Les maillots bleus se sont très, très bien vendus », souligne-t-il.

Et il y a la vente de joueurs, particulièrement réussie en 2022, que Gervais inclut « constamment » dans ses colonnes de profits et pertes.

« On va annoncer prochainement la venue d’un VP qui va être responsable de tous les revenus. […] C’est quelqu’un qui a beaucoup d’expérience du point de vue événementiel. Pour venir maximiser tout ce qu’on peut faire ici au stade. Oui pour augmenter les revenus, mais aussi pour optimiser l’expérience client. »

« Pas voulu prendre avantage » de la venue de Messi

L’année prochaine, un certain Lionel Messi pourrait venir poser ses crampons sur la pelouse du stade Saputo.

Malgré tout, Gervais dit ne pas avoir voulu augmenter le prix des billets, ou très peu.

« On aurait pu, mais on veut que le stade soit plein, dit-il. On veut que nos membres, qui ont été fidèles durant tant d’années, aient le privilège de pouvoir voir tous les matchs. »

« On souhaite que Messi soit ici l’année prochaine pour [le match de l’Inter Miami contre le CFM]. On n’a pas voulu prendre avantage de ça, mais plutôt dire qu’on est encore une sortie qui est abordable. Il faut comprendre que tout le reste monte, le prix d’achat de la nourriture a augmenté, il y a l’inflation comme tout le monde. C’est clair qu’il y a certaines augmentations, mais c’est encore très abordable. »

Affaire Jérémy Filosa

« Ils n’ont pas besoin des clubs pour ça »

Une sortie de Jérémy Filosa, du 98,5 FM, a fait grand bruit la semaine dernière. C’est que son contrat de commentateur des Whitecaps de Vancouver avec MLS Season Pass n’a pas été renouvelé en vue de la saison 2024. Sur X, le journaliste a expliqué que certains de ses « propos parfois sévères », émis sur les réseaux sociaux dans le cadre de ses fonctions avec Cogeco, « n’ont pas plu à certaines personnes ». Il a avancé que c’est ce qui aurait mené à la fin de son entente avec Apple et la ligue.

Gabriel Gervais a voulu mettre les choses au clair, mardi. « Le CF Montréal n’a pas été impliqué dans la décision de la MLS de ne pas renouveler le contrat de Jérémy Filosa pour 2024. C’est une décision qui appartient pleinement à la ligue. » Y a-t-il eu un contact entre le CF Montréal et la MLS ou Apple à ce sujet ? « Tout ça est géré par la ligue. Que ce soit le recrutement, l’embauche. Les clubs, on n’est pas impliqués là-dedans. La ligue a une équipe qui fait la veille des réseaux sociaux. C’est une équipe beaucoup plus sophistiquée que n’importe quelle équipe en MLS. Ils n’ont pas besoin des clubs pour ça. »

Même son de cloche de la part du directeur des communications de la MLS, Dan Courtemanche. Joint au téléphone par La Presse lundi, il a souligné qu’il y a « près de 100 commentateurs » pour la MLS Season Pass. « La décision de savoir qui sont ces commentateurs et lesquels voient leur contrat se renouveler revient à la ligue, dans ses bureaux de New York », affirme Courtemanche. « Les clubs n’ont pas leur mot à dire en ce qui a trait aux décisions liées au talent qui se retrouve en ondes. Ni même les producteurs, les réalisateurs ou quiconque est impliqué dans la diffusion. »

Lisez la chronique d’Alexandre Pratt « Gabriel Gervais : “on est là pour rester” »