(Orlando, Floride) Deux jours avant que Laurent Courtois ne soit officiellement présenté aux médias montréalais, Laurent Ciman l’a eu au téléphone pendant 45 minutes. Une discussion qui a « fait du bien » à l’entraîneur adjoint du CF Montréal, qui avait des « appréhensions » après une année 2023 compliquée.

« La première chose que j’ai dite quand j’ai eu Laurent au téléphone, c’est de retrouver la joie », raconte Ciman lors d’un entretien avec La Presse au camp d’entraînement du club à Orlando. « C’est important, tu vois. S’il n’y a pas ce minimum de joie et de fun sur le terrain, c’est compliqué. »

Mais Ciman veut être bien clair : « Quand je dis ça, je ne tire pas sur Losada ou sur qui que ce soit, affirme-t-il. Hernán sait très bien ce que je pense de lui. On s’est tous trompés, on a tous commis des erreurs, on doit tous se regarder dans une glace, et pas seulement lui. Jamais je ne dirai ça. »

L’ancien « général » des remparts montréalais concède qu’il n’était « pas d’accord » avec Losada sur certains trucs, et que ce dernier « le savait ».

« Hernán est arrivé avec son adjoint [Sebastián Setti], explique Ciman. […] J’étais moins consulté l’année dernière que les autres. »

Mais c’est ce qui l’a rassuré lors du premier contact entre « les deux Laurent », pour reprendre la formule utilisée par l’adjoint lui-même devant La Presse.

« On s’est vite rendu compte qu’on avait les mêmes idées, les mêmes principes et les mêmes envies », dit-il, avant de confier qu’il se sent maintenant « plus concerné par le projet ».

« C’est beaucoup plus facile de m’y retrouver, parce que c’est un foot que j’aime, qui commence de l’arrière et qui essaie d’aller vers l’avant. Après, je ne dis pas qu’on doit être les plus beaux tout le temps non plus. Le plus important, ça reste quand même de prendre des points. Mais si on peut amener la manière, et proposer quelque chose d’attrayant et de beau, je pense que c’est important. »

« Je sais d’où je viens »

Laurent Ciman a été aux premières loges des chamboulements tactiques des dernières saisons. Il a connu l’ère Nancy, l’ère Losada. Et c’est maintenant lui qui accueille et accompagne Laurent Courtois dans ses balbutiements avec Montréal.

À ce sujet, que pense le Laurent en chef du Laurent adjoint ?

Laurent, c’est quelqu’un de très vocal et très direct. Il a une grosse présence. En même temps, il est d’une humilité et d’une pudeur que peu savent. Beaucoup pensent que parce qu’il est vocal, il a une grosse personnalité.

Laurent Courtois

Après l’avoir entendu crier « Bien essayé, poulet ! » à Samuel Piette, entre autres directives lancées à ses joueurs des lignes de côté lors du match préparatoire auquel nous avons assisté à Orlando, on aurait tendance à confirmer le qualificatif de « grosse personnalité vocale » ici.

« Mais la pudeur et l’humilité qu’il a en comparaison de sa carrière, elles sont incomparables », ajoute l’entraîneur-chef.

Lorsqu’on lui fait part de ces bons mots, Laurent Ciman estime qu’il ne s’agit pas nécessairement d’humilité, mais surtout d’une « expérience » qui l’a fait « grandir en tant qu’humain ».

« Je sais d’où je viens, dit-il. J’ai fait des erreurs. Je n’ai pas envie que les jeunes les reproduisent. Et les bonnes choses, j’ai envie de les redonner, parce qu’ils le méritent. »

Ça tombe bien : Courtois souhaite voir Ciman prendre du galon sous sa tutelle.

« J’ai besoin qu’il prenne plus d’importance, parce qu’il aura une influence, souligne le technicien. Quand on a une carrière aussi riche et qu’on est aussi humble, on a trop à partager. […] Il est trop respectueux de moi ou de ce que j’essaie de faire, et il le sait maintenant. Il commence à prendre plus de présence. »

« J’essaie d’amener ma pierre à l’édifice »

De l’extérieur, la perception est que le mandat du général Ciman consiste à s’occuper de la défense et de ses acteurs. Mais lui préfère « ne pas se définir comme un coach de la défense », mais plus comme un « assistant qui touche à tout ».

Comme quand il s’occupait de déplacer les pions sur le tableau tactique face aux Rapids avant d’expliquer à ses ouailles la stratégie à emprunter dans les minutes de jeu suivantes.

PHOTO JEAN-FRANÇOIS TÉOTONIO, LA PRESSE

L’entraîneur-chef du CF Montréal Laurent Courtois (à gauche) et ses adjoints Laurent Ciman (au centre, près du tableau) et David Sauvry (à droite) lors du match préparatoire contre les Rapids du Colorado, à Orlando

« Oui [je connais bien] la défense, je n’ai pas besoin qu’on me dise les choses, je les vois par moi-même. Tandis que je vais tenir compte de ce que dit le coach sur le milieu ou devant. Mais à partir du moment où la philosophie est la même, je ne me prends pas la tête en disant : “Ouais, c’est juste un attaquant.” J’essaie d’apporter ma pierre à l’édifice pour que ça aille le plus vite possible. »

Encore là, on revient aux principes de jeu que tente rapidement d’instaurer Courtois d’ici le début de la saison. Principes qui, peut-être enfin, pourront rester en place bien au-delà du 24 février, ou de cette nouvelle campagne.

« C’est compliqué de miser sur la stabilité », estime Ciman à propos des nombreux changements d’entraîneurs au cours des dernières années. « Tout le monde aurait envie que ça se passe, et j’espère que ça va se passer avec Laurent. Mais tu ne sais jamais dans le football ou dans le sport. C’est une science inexacte. J’espère que les facteurs seront en adéquation pour que le coach reste longtemps. »

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