Nouveau changement de cap à la gouvernance de Soccer Québec : La Presse a révélé en primeur qu’une entente commune a été conclue afin que le directeur général Pari Arshagouni quitte son poste dès ce jeudi. Arshagouni occupait cette fonction depuis octobre dernier.

Les directeurs de Soccer Québec ont été convoqués à une rencontre un peu avant 11 h, tandis que les employés l’ont été à 11 h 30, pour apprendre la nouvelle.

Philippe Bernard, directeur général de l’Association régionale de soccer de Québec, assurera un intérim de 30 à 90 jours. Il s’occupera notamment la mise en place d’un plan de transition pour que la fédération puisse se concentrer à nouveau sur des enjeux de soccer. Au besoin, d’autres associations régionales pourraient venir prêter main-forte.

Les équipes du secteur Sport, Loisir et Plein air du ministère de l’Éducation ont également offert leur soutien à Soccer Québec pendant la période de transition.

Processus de nomination bâclé

C’est que la gouvernance de la fédération d’un sport d’équipe la plus importante de la province, en nombre d’inscriptions, navigue dans des eaux troubles depuis novembre dernier. À ce moment, Radio-Canada avait révélé que le processus de nomination qui a mené à l’embauche de Pari Arshagouni à titre de directeur général avait été bâclé.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE X DE SOCCER QUÉBEC

Pari Arshagouni

Arshagouni, homme au parcours étoffé dans le monde du soccer québécois, avait été nommé président du C.A. en juin 2023. À noter que le poste de président est bénévole, donc non rémunéré. Quelques mois plus tard, Olivier Plante, alors DG, avait été démis de ses fonctions sans motif apparent. Le poste le mieux rémunéré de la fédération était donc vacant.

Selon M. Plante, joint au téléphone par La Presse jeudi matin, dès l’arrivée d’Arshagouni comme président, il était clair que « les dés étaient joués ».

Moi, je le savais que Pari, tout ce qu’il voulait, c’était mon poste. Je savais que la meilleure façon pour lui de passer [à DG], c’était de devenir président de la fédération. Après, ça lui donnait le plein pouvoir. Parce que le DG, dans le fond, c’est l’employé du président C.A.

Olivier Plante, ancien DG de Soccer Québec

M. Plante dit avoir été convoqué et averti à trois occasions, dont une première fois à peine deux semaines après l’entrée en poste d’Arshagouni, mais « sans contenu, sans matière ».

« Lui, pour se donner patte blanche, il s’est dit : “Il faut que je donne trois avertissements pour monter un dossier” » sur le DG en poste, indique Olivier Plante.

« La troisième fois, au mois de septembre, c’était pour me congédier, toujours sans aucune explication. »

Radio-Canada avait indiqué qu’un appel de candidatures avait été lancé du 20 septembre au 10 octobre. Arshagouni, qui a démissionné de la présidence quelques jours avant l’échéance, a été nommé à titre de DG le 11 octobre. Aucune entrevue n’a été réalisée au cours du processus d’embauche, ni pour Arshagouni ni pour d’autres candidats.

« Ça faisait quatre mois que je travaillais avec eux et ils m’ont vu travailler, avait-il souligné en entretien avec la société d’État, en novembre. Certains m’ont dit que j’étais en entrevue informelle pendant quatre mois. »

Pour les apparences, chacun peut interpréter les choses de façons différentes. Je suis très serein avec ma décision parce que je n’ai pas chamboulé le processus qui était en place.

Pari Arshagouni, en novembre dernier

La décision de jeudi matin chez Soccer Québec, nous assure-t-on, n’a aucun lien avec le processus de nomination. On parle plutôt d’échos d’employés qui n’étaient pas satisfaits de sa façon de fonctionner.

À peine quatre mois après ladite nomination, donc, la fédération choisit d’aller dans une autre direction.

Mais l’important, dit-on aujourd’hui, était de ne pas laisser ce dossier traîner.

Lorsqu’on l’informe de cette position, Olivier Plante soupire : « Regardez à quel point ils se sont fait rouler dans la farine. C’est ça qui est insidieux. »