Le supplice de l'Impact en Championnat canadien s'est terminé hier soir au Stade Saputo. Ce ne devait pas être la soirée des grands frissons. Mais il y en a eu, du moins pour la centaine de bruyants partisans de Toronto.

Les rouges ont écrasé l'Impact 6-1 pour gagner in extremis le Championnat canadien.

«Quand ça arrive une fois comme au Mexique, on peut dire: c'était ceci ou cela. Mais quand ça arrive deux fois, je me questionne. Est-ce qu'il y a des joueurs qui sont prêts à aller à la guerre? Certains oui, d'autres non. C'est un grand manque de caractère», tonnait l'entraîneur-chef Marc Dos Santos après le match.

Montréal, champion en titre, était déjà éliminé. Le seul suspense, c'était de savoir si Toronto réussirait à gagner par quatre buts et devancer ainsi les Whitecaps de Vancouver au sommet du Championnat canadien.

Faible probabilité. Les joueurs des Whitecaps étaient dans les gradins, prêts à recevoir le trophée après la partie. Mais au lieu de descendre sur le terrain pour la cérémonie, ils rageaient dans leur loge. Et maudissaient sûrement le flegme du onze montréalais. Les Vancouvérois étaient d'ailleurs « unavailable» après le match.

Pendant ce temps, Dos Santos faisait son mea culpa. «Quelle responsabilité je m'accorde? Toute. Le responsable, c'est Marc Dos Santos. Vous pouvez l'écrire dans le journal. C'est moi qui crois aux gars que je mets sur le terrain, c'est moi qui développe le système de jeu. (...) Même si le match ne comptait pas pour nous, il fallait honorer la ville et le club, et on ne l'a pas fait aujourd'hui.»

Ça avait pourtant bien commencé pour lui. L'Impact a d'abord sauvé son honneur ou presque. Un tir de pénalité de Tony Donatelli à la 24e minute a permis à Montréal d'éviter un quatrième blanchissage consécutif du Championnat.

Mais ce fut ensuite la débandade - un euphémisme. Toronto jouait très agressivement, en 3-4-3 puis en 2-4-4. On voyait du rouge partout dans la zone de l'Impact. De Rosario a marqué trois buts consécutifs. D'abord un spectaculaire coup de pied bicyclette pour niveler la marque, quatre minutes après le but de l'Impact, puis avec deux autres tirs solides. Toronto menait alors 3-1. Guevara a ajouté un autre but avec un puissant coup franc à la 68e minute. Puis un coup de tête de Barrett a creusé l'écart à 5-1. Sur le banc de Toronto, c'était l'euphorie. Un deuxième filet de Guevara a porté la marque finale à 6-1.

L'Impact n'a pas fait jouer ses trois meilleurs pointeurs hier soir. L'équipe devait disputer trois matchs en six jours, et comme le rappelle Marc Dos Santos, il faut «72 heures pour récupérer» d'un match. Placentino et Brown ont donc entamé la rencontre sur le banc. Sebrango était à Cuba, à cause de mortalité dans sa famille. Et Srdjan Djekanovic remplaçait le gardien numéro 1 Matt Jordan.

Chris Cummins, l'entraîneur-chef de Toronto, assure qu'il n'affrontait pas une version B de l'Impact. «Ces gars-là sont tous des professionnels, lance-t-il. Et parfois, c'est même plus difficile d'affronter ce genre de formation. Les remplaçant se défoncent pour prouver qu'ils méritent leur place dans l'alignement partant.»

De toute évidence, ils se sont plus enfoncés que défoncés. Vancouver en est la victime collatérale. Le hasard fait que l'Impact recevra ces mêmes Whitecaps demain soir en ligue USL. Y aura-t-il vengeance? «Ils vont venir avec des canons, prévoit Marc Dos Santos. Il faudra être prêt.»