Si Ali Gerba ne savait pas qui était Félix Leclerc, il le connaît très bien maintenant. Intimement, viscéralement.

Car le Montréalais d'origine camerounaise de 30 ans, à qui l'Impact a dit de rester chez lui cet automne même si le club montréalais doit lui verser un salaire jusqu'à la fin de 2012, réalise en tous points, en ce moment, ce que veut dire la fameuse déclaration du défunt poète québécois, à savoir que la meilleure manière de tuer un homme, c'est de le payer à ne rien faire.

Et le jour où Gerba recommencera à vivre comme athlète semble encore bien loin.

Même si l'attaquant déclare qu'il est complètement remis de sa blessure au genou et que l'Impact dit être prêt à le céder gratuitement à un autre club, aucune porte de sortie ne s'est ouverte jusqu'à présent.

C'est ce qu'a indiqué le porte-parole du club montréalais, Patrick Vallée, lundi, à La Presse Canadienne.

«Aucun club n'a manifesté son intérêt, ni de la MLS, ni de la NASL», a dit Vallée en parlant des ligues de première et deuxième divisions nord-américaines.

L'agent de Gerba, Courtney James, a évoqué la possibilité que son client joue prochainement avec une «entité» affiliée à l'Impact, qui ne serait ni l'équipe de l'Académie, ni son équipe-réserve de la MLS qui disputera 10 matchs cette saison. Il a toutefois reconnu que ce scénario-là, abordé à un certain moment par la direction de l'Impact, restait nébuleux.

Selon ce qu'a affirmé Vallée, toutefois, la seule chose que Gerba peut espérer de l'Impact, c'est qu'on continue de lui verser le salaire qu'on lui avait promis quand il a signé un nouveau contrat de la NASL en vue des campagnes 2010 et 2011.

Le sort de Gerba repose donc entre les mains de James et de sa capacité à lui dénicher un nouveau club. Une tâche difficile, a indiqué l'agent torontois, lundi, lors d'un entretien téléphonique.

«(Les dirigeants de l'Impact) m'ont avisé que si nous trouvons un autre club, ils sont prêts à libérer Ali mais à ce moment-ci, nous attendons toujours que des clubs se manifestent. C'est difficile de mousser la candidature d'un joueur dont l'organisation ne veut pas. Ça affecte les perceptions.»

S'il n'écoutait que ses émotions, Gerba aurait parfois le goût d'y aller d'un coup d'éclat afin de provoquer les choses, de forcer la main de l'Impact. Il continuera toutefois d'agir en gentilhomme puisqu'il doit aussi faire vivre sa famille. Il n'est pas question qu'il renonce à un seul des dollars qu'on lui doit.

Des dollars qui lui ont été promis par le président Joey Saputo et le directeur sportif Nick De Santis afin de le convaincre de revenir avec l'Impact en 2010.

«J'étais prêt à ce moment-là à revenir à Montréal, mais à la condition d'avoir une entente en poche pour l'entrée du club en MLS», a expliqué Gerba lors d'une récente conversation avec La Presse Canadienne. «Parce que la MLS, c'était ça le but ultime que j'avais en tête, même si ça ne devait venir que deux ans plus tard.»

James a déploré lundi qu'on n'ait pas donné suite à l'esprit de cette entente initiale.

«Ç'a été très difficile de négocier avec Montréal (en 2010) pour assurer son retour, a indiqué l'agent. Je crois que Nick et Joey ont tout fait en leur pouvoir pour le ramener. Ali a tenu compte de tout ce qu'on lui a dit à l'époque, et il a fait le saut même s'il avait d'autres offres. Il a renoncé à un poste ailleurs afin de pouvoir jouer en MLS à Montréal. Il a sacrifié quelque chose et c'est malheureux qu'ils ne soient pas en mesure de lui retourner l'ascenseur maintenant.»

Dur à comprendre

James a dit respecter la décision de l'entraîneur actuel Jesse Marsch - d'après ce qu'on lui a dit, c'est la sienne - de ne pas inviter Gerba à tenter sa chance avec l'Impact en MLS. Toutefois, l'agent ne comprend pas pourquoi on n'a pas accordé au moins un essai à son client, qui n'aurait rien coûté au club. Puisque l'entente entre Gerba et l'Impact n'est pas un contrat officiel de la MLS, son salaire n'aurait pas été comptabilisé dans la masse salariale du club, a-t-il dit.

«Personne ne me fera croire qu'Ali ne vaut pas au moins un essai avec l'Impact», a affirmé James, tout en précisant qu'il ne cherchait pas à convaincre l'Impact de changer d'idée, et ne s'attendait pas à un revirement de situation à Montréal. «Je crois que c'est un excellent joueur et qu'il aurait pu aider l'équipe cette année.

«Mais c'est la décision de l'entraîneur et nous la respectons à 110 pour cent. N'importe où dans le monde, un nouvel entraîneur va s'amener et décidera qu'un joueur ne fait pas partie de ses plans, c'est le football.

«Nous tentons d'aller de l'avant, et j'espère juste pour le bien du joueur que nous lui trouverons quelque chose bientôt, a ajouté l'agent. Nous essayons de travailler avec (l'Impact) et eux, avec nous. C'est une situation très malheureuse.

«J'espère que tout le monde sait qu'Ali voudrait jouer pour Montréal s'il le pouvait, a par ailleurs dit James. C'est très difficile pour lui mentalement et physiquement. Ça lui fait mal de bien des façons et j'espère que nous aurons une résolution dès que possible.»