Certaines blessures mettent plus de temps à guérir que d'autres. À bien des égards, la saison 2011 de l'Impact fut douloureuse pour ceux qui ont le club à coeur. On dit que le temps arrange les choses, mais même lorsque les plaies semblent se cicatriser, les risques de rechute sont encore bien présents.

Encore cette semaine, deux victimes de cette saison d'enfer défraient la manchette en se vidant le coeur à propos de leur ex-employeur. D'une part, l'attaquant Ali Gerba se dit déçu, mais pas surpris, des circonstances nébuleuses entourant sa libération. De l'autre, l'ex-entraîneur Marc Dos Santos décide de lever le voile sur le malaise qui existait entre lui et le directeur technique Nick De Santis dans leur relation de travail.

Rien de nouveau sous le soleil, diront les plus cyniques. Ces déclarations confirment même les tendances bipolaires dont on a déjà parlé au sujet de l'Impact. La carrière d'Ali Gerba à Montréal l'illustre bien.

La relation entre Gerba et l'Impact n'a jamais été très harmonieuse. Il faut savoir qu'à la conclusion de chacun de ses quatre épisodes à Montréal, on jurait que l'attaquant d'origine camerounaise avait porté le maillot bleu-blanc-noir pour la dernière fois. Et pourtant, à trois reprises on a ramené Ali dans le giron de l'Impact avec l'espoir qu'il ranime une attaque trop souvent moribonde.

Si Gerba était autant en demande, ce n'est pas seulement à cause des buts qu'il marquait. Très sûr de lui, l'artilleur africain impressionnait par son cran sur le terrain et probablement aussi lors de négociations avec l'état-major! Avec son franc-parler et sa tendance à afficher ouvertement son mécontentement dans le vestiaire ou dans les médias, Gerba trouvait un moyen de se faire respecter. Chose certaine, il n'y avait pas que les gardiens adverses qui le craignaient.

Dans cette histoire de divorce à répétition, faut-il s'étonner que les traits de caractère qui suscitaient l'admiration de la direction quand Ali mettait le ballon dans le fond du filet sont les mêmes que ceux qu'on lui reprochait lorsque les buts se faisaient plus rares?

Quitter Montréal pour y connaître du succès

Gerba ne cache pas que ses succès à l'étranger lui ont été profitables lorsque l'Impact revenait à la charge pour solliciter ses services. Il conseille même aux jeunes joueurs d'élite de partir pour amorcer leur carrière ailleurs avant de revenir éventuellement au bercail.

En écoutant Gerba s'exprimer sur le sujet, je n'ai pu m'empêcher de penser à André Hainault, un défenseur natif d'Hudson qui évolue en MLS à Houston. Hainault a brièvement fait partie de l'Impact en 2005 alors qu'il n'avait pas encore 20 ans. Malgré des aptitudes indéniables et une excellente attitude à l'entraînement, le club n'avait pas fait d'effort pour le garder à l'époque. Hainault avait alors choisi de tenter sa chance dans la deuxième division tchèque, où il aura réussi à lancer sa carrière professionnelle. De retour en Amérique depuis 2009, il est aujourd'hui l'un des meilleurs défenseurs du circuit Garber.

L'histoire d'Hainault est une tache au dossier de l'Impact. Quand on songe que les clubs canadiens de MLS perçoivent le quota de joueurs domestiques comme un handicap pour rivaliser avec les autres formations du circuit, il y a de quoi être découragé pour ceux qui oeuvrent dans le développement de l'élite au niveau provincial. J'ignore d'où provient la présomption que l'Impact ne pourra être compétitif avec les joueurs locaux. À force de penser ainsi, on a de moins en moins l'occasion de leur donner une chance sur le terrain.

La règle du quota doit être un principe autour duquel bâtir l'Impact. Imaginons un instant une règle contraire qui interdirait la présence de joueurs montréalais. Je suis persuadé que la direction dénoncerait le fait qu'elle soit privée de ce qu'elle considère comme une précieuse richesse...