Il ne parle pas français, à peine quelques mots d'anglais, mais cela n'empêche pas Felipe Martins d'être le chef d'orchestre qui anime le jeu de l'Impact. Nommé au sein de l'équipe de la semaine en MLS, le petit milieu de terrain brésilien constitue l'une des belles surprises au sein de l'effectif bleu-blanc-noir. Aux côtés de son complice Patrice Bernier, avec qui il partage l'entrejeu montréalais, Felipe montre de plus en plus d'assurance sur la pelouse où sa qualité principale est de bien mettre en valeur ses coéquipiers grâce à des passes savamment calculées.

Originaire de l'État du Parana, au Brésil, Martins a parcouru beaucoup de chemin avant d'atterrir à l'Impact de Montréal. «Ça fait déjà 10 ans que j'ai quitté la maison pour devenir professionnel», m'a dit l'athlète de 21 ans au camp d'entraînement à Orlando.

Après quelques années dans un centre de formation de l'État de Rio, il est parti pour l'Europe à 15 ans afin d'y entamer sa carrière. Suivant les conseils de son agent, Felipe a d'abord mis le cap sur l'Italie pour s'engager à Padova. Après trois ans chez les Transalpins, il a poursuivi l'aventure en Suisse, à Winterthur. Mais le choc des cultures et la langue teutonne ont semblé représenter des obstacles en trop. Il s'est alors installé à Lugano où il s'est accommodé plus aisément en italien. «Je pense que le fait d'avoir vécu seul à l'étranger si jeune m'a forcé à grandir. Je suis encore jeune, mais je pense être assez mature pour mon âge.»

Une découverte fortuite

Les circonstances menant à la mise sous contrat de Martins ont été assez étonnantes. Jesse Marsch raconte qu'il l'a découvert lors d'un voyage en Suisse à l'automne 2011. À l'époque, l'entraîneur montréalais cherchait plutôt un attaquant pour renforcer son effectif. Une visite au FC Bâle ayant été annulée alors qu'il s'y rendait, on a proposé à Marsch de se rabattre sur une séance d'entraînement du FC Wohlen, équipe de deuxième division.

Alors qu'on lui vantait les mérites d'un autre Brésilien prêt à faire le saut en MLS, Marsch a surtout été séduit par le petit «maestro» qui dictait le rythme en milieu de terrain. C'est ainsi qu'il a découvert Martins, qui militait à Wohlen en vertu d'un prêt du club de Lugano. Malgré sa petite taille, on a pris le pari de l'engager à Montréal où il a tôt fait de convaincre l'état-major de sa valeur. En revenant du camp tenu au Mexique en février, le directeur sportif Nick De Santis n'a pas caché pas sa satisfaction à son égard, se permettant même de le comparer à Juninho, le milieu de terrain brésilien qui évolue avec le Galaxy de Los Angeles.

Un style de jeu qui lui convient

Même s'il n'y a pas encore passé beaucoup de temps, le nouveau numéro 7 de l'Impact semble heureux de trouver dans la métropole québécoise une mentalité différente de ce qu'il a connu dernièrement en Europe. «Ça me rappelle un peu le Brésil,» dit-il en souriant.

De sa nouvelle équipe, Felipe apprécie surtout le style de jeu. «Certaines équipes de la ligue, comme Portland, ont de grands joueurs forts physiquement. L'Impact a plusieurs petits joueurs, mais ils sont bons! J'aime qu'on mette le ballon au sol et qu'on le fasse circuler», déclare celui qui était à l'origine des mouvements offensifs les plus inspirés lors du match de samedi contre le Fire de Chicago.

En parlant de petits joueurs, l'actuel maestro du onze montréalais déclare que son joueur préféré est Xavi, pivot du FC Barcelone. Difficile de trouver meilleur modèle pour un milieu de terrain qui aime orchestrer le jeu de son équipe. Souhaitons-lui que le concert d'éloges se poursuive toute l'année.