(Québec) Antoine Gélinas-Beaulieu est sans doute le patineur de vitesse le plus « flyé » de l’équipe canadienne. Il ne faut donc pas s’étonner de lire sur le site internet de la fédération que son talent caché est de « descendre une demi-lune sur un unicycle »…

Vérification faite auprès du principal intéressé : c’est vrai. « Je faisais du cirque quand j’étais jeune », a-t-il raconté, mardi après-midi, au Centre de glaces Intact Assurances, où se dérouleront les Championnats canadiens de jeudi à dimanche.

« J’avais un unicycle et il y avait un skatepark près de chez moi. Le défi, c’était de me ralentir dans la rampe en pédalant… »

L’athlète de 30 ans pratique encore le vélo à une roue à l’occasion : « Mon prochain achat, c’est un unicycle de montagne. J’aimerais vraiment ça essayer. »

Avant de se lancer dans les sentiers du Mont-Sainte-Anne, Gélinas-Beaulieu continue de peaufiner son art en patinage de vitesse, sport qu’il avait abandonné pendant quelques années pour un voyage autour du monde et du travail en cinéma, domaine où il a terminé un certificat à l’Université Laval.

Après une première expérience aux Jeux olympiques de Pékin, où il a pris part à quatre épreuves l’hiver dernier, l’Estrien d’origine cible deux distances cette année : le 1500 m et le départ en groupe, la véritable raison de son retour en longue piste.

Finaliste au départ groupé dans la capitale chinoise (15e), Gélinas-Beaulieu a eu le sentiment de subir la course.

« Durant l’année, j’avais peur de me surentraîner, a admis celui qui a déjà poussé trop loin pendant sa carrière précédente en courte piste. J’ai donc été du côté plus conservateur à l’entraînement. J’ai été ‟sage”. Ça m’a mené aux Jeux olympiques, mais je savais que je n’étais pas à mon plein potentiel. »

À la reprise de l’entraînement, il a dit à ses entraîneurs qu’« on pouvait maintenant faire rouler la machine pour vrai ».

« J’ai les Olympiques dans mon chapeau, c’était mon grand but dans la vie, a exposé le médaillé de bronze aux Mondiaux en 2020. Je n’ai plus de pression et plus rien à prouver à personne ou à moi-même. Je veux voir combien d’années je peux encore durer au plus haut niveau. »

Un second souffle

Pour pallier son manque de volume au départ en groupe, il s’est concentré sur l’endurance durant l’été, revisitant le 5000 m, où il a déjà excellé. L’arrivée de deux demi-fondeurs de son calibre à Québec – Jordan Belchos et Kaleb Muller – lui a donné un second souffle après des années à s’entraîner seul.

« Je sens que je n’ai pas atteint mon plein potentiel. Je veux tester ce potentiel : est-ce que c’est de faire des top 10 de façon constante ? De continuer à surfer sur ma vague ? Gagner des médailles à chaque compétition ? Être carrément dominant et gagner chaque course ? Je suis curieux de savoir. Si ça me mène à une médaille aux prochains Jeux olympiques, tant mieux. J’ai l’impression que le meilleur reste à venir. »

Gélinas-Beaulieu aborde les Championnats canadiens de Québec avec le sentiment d’être encore « sous-entraîné ». Atteint par la COVID-19 en août, il était reparti sur la bonne voie quand il a été frappé par une camionnette alors qu’il roulait à vélo près de la chute Montmorency. Le chauffard, qui avait brûlé un feu rouge, s’est enfui.

L’athlète s’en est tiré avec une commotion cérébrale qui l’a mis hors service pendant une dizaine de jours. « Malgré les embûches, je me sens plus en forme que jamais », s’est réjoui Gélinas-Beaulieu, qui était finalement plus en sécurité sur son monocycle dans une demi-lune.