(Québec) En dépit d’une courbe de progression qui semblait la destiner vers un tel succès, Isabelle Weidemann s’estime privilégiée d’avoir atteint son apogée aux Jeux olympiques de Pékin.

En plus de sa médaille d’or à la poursuite par équipes avec Valérie Maltais et Ivanie Blondin, la patineuse de vitesse d’Ottawa a remporté l’argent au 5000 m et le bronze au 3000 m.

Avec le spécialiste du courte piste Steven Dubois, qu’elle retrouvera aux Championnats canadiens présentés jusqu’à dimanche au Centre de glaces Intact Assurance de Québec, Weidemann est le seul membre de l’équipe olympique canadienne à avoir foulé le podium trois fois en Chine. Du jamais-vu en longue piste depuis les cinq médailles de Cindy Klassen en 2006.

Malgré son exploit, l’athlète de 27 ans est loin d’avoir la grosse tête. Ce serait même tout le contraire pour celle qui a porté le drapeau unifolié à la cérémonie de clôture.

« Je me sens très chanceuse d’avoir eu d’excellents résultats là-bas, a assuré Weidemann mardi. J’ai bien patiné et j’ai pu le faire aux Jeux olympiques. Je ne pense pas que ça s’aligne aussi parfaitement pour beaucoup de gens. J’ai donc eu de la chance à cet égard. »

Durant le dernier cycle olympique, l’équipe féminine a mis énormément d’énergie dans la poursuite. L’arrivée de Maltais a représenté la pièce manquante du casse-tête de ce trio dépareillé mais redoutable.

Médaillées de bronze (2020) et d’argent (2021) aux Mondiaux, elles ont survolé les trois départs en Coupe du monde à l’automne 2021 avant de coiffer leurs grandes rivales néerlandaises en demi-finale à Pékin et d’écraser les Japonaises en finale. Avec toujours deux seuls échanges et Weidemann comme dernière locomotive, une stratégie qui a bousculé l’ordre établi.

Les trois championnes n’ont jamais eu l’occasion de revenir sur cette belle aventure. Maltais et Weidemann ont profité de leurs retrouvailles à Québec pour en discuter pour la toute première fois mardi.

« Nous avons vraiment coché notre grand objectif, a exposé Weidemann quelques heures plus tard. Nous avons travaillé quatre ans pour faire de notre mieux aux Jeux olympiques. Nous avons atteint le but ultime en tant qu’équipe. Alors maintenant, en particulier cette année au début d’un nouveau quadriennat, nous nous concentrons sur différentes choses. C’est le temps d’être un peu plus individuelles. »

Bâtir une nouvelle équipe

Pour Weidemann, cela signifie une attention renouvelée sur le 3000 et 5000 m, ses deux épreuves de prédilection. Plutôt que de viser des médailles et des classements, elle cible surtout des temps.

« J’aime cet aspect personnel. Ça n’implique pas ce que peut faire une rivale. Je me concentre sur mon amélioration et à aller plus vite. J’aime vraiment ça. »

Ses objectifs ? « Aller plus vite que je ne l’ai jamais fait… » Dans son cas, cela équivaut à s’approcher du record national au 3000 m détenu par Klassen depuis 2006 (elle pointe à un peu plus de 2 secondes à l’heure actuelle) et battre sa propre référence canadienne au 5000 m. Au 1500 m, qu’elle disputera samedi à Québec, elle se classe sixième de l’histoire au pays.

Après les championnats nationaux, Weidemann et ses coéquipières songeront à la poursuite. Son principal souhait à cet égard est d’élargir le groupe de patineuses appelées à y participer.

« Ça fait tellement longtemps qu’on est seulement trois, sans qu’une autre patineuse soit considérée. On a de très bonnes athlètes qui progressent dans le sport. Val pense la même chose que moi : bâtissons ce groupe de six ou sept femmes qui pourraient patiner et pratiquer aussi de nouvelles tactiques. En bâtissant une nouvelle équipe, les forces de chacune seront différentes. Ce serait très intéressant d’essayer de nouvelles choses. »

Ce souci de passer le bâton à la prochaine génération… Voilà une autre marque d’une grande meneuse.