(Wengen) Le roi de la vitesse, c’est toujours lui : le Norvégien Aleksander Aamodt Kilde s’est offert samedi la descente de Wengen (Suisse) après avoir remporté le super-G la veille, surclassant à deux reprises son grand rival Marco Odermatt.

Une nouvelle fois impérial sur un Lauberhorn légèrement raccourci, vent oblige, « Hulk » a repoussé le N° 1 mondial suisse à 88/100e et l’Italien Mattia Casse, pour la deuxième fois sur un podium de Coupe du monde après la descente de Val Gardena en décembre, à 1 sec 01/100.

Le colosse norvégien a bâti sa 19e victoire sur le circuit mondial, déjà la sixième cette saison, dès l’entame toute en glisse du tracé, avant de trouver la trajectoire idéale dans le « chemin » sinueux, secteur où le moindre coup de frein coûte très cher.

« Je suis arrivé ici avec une vitesse vraiment élevée », a expliqué Kilde, qui n’avait plus qu’à doser la prise de risques — « vraiment limite » lors du super-G vendredi et « plus posée » en descente.

Odermatt sans filet

Phénomène de puissance y compris du haut du corps, le Norvégien est « sorti très fort du portillon puis des deux courbes en pas de patineur », conservant cet avantage jusqu’en bas, a décrypté le Français Maxence Muzaton.

Moins juste en début de manche, avec une petite faute à la réception de la fameuse « tête de chien » — un saut en aveugle entre deux rochers —, Odermatt n’a lui conservé aucune marge, pour réaliser une fin de course époustouflante.

« Encore une fois, félicitations à la Norvège ! Aleks a encore montré qu’il était dans une ligue à part », a salué le Suisse, beau joueur, qu’on a vu comme la veille plaisanter avec son concurrent et ami.

S’il court toujours après son premier succès en descente et a abandonné à Kilde 60 points lors de l’étape de Wengen, le prodige de 25 ans vole vers un deuxième gros globe consécutif grâce à sa suprématie en géant, avec 340 points d’avance sur le Norvégien.

Malgré la passe d’armes entre les deux champions, une nouvelle fois somptueuse tant ils se poussent mutuellement dans leurs retranchements,  aucun des deux n’a pu rivaliser, à l’applaudimètre, avec l’enfant chéri de Wengen Beat Feuz.

Dernière pour Feuz

Ovationné dès le portillon de départ, pour sa dernière apparition dans une épreuve qu’il a remportée trois fois (2012, 2018, 2020), le champion olympique de la spécialité a pris la 5e place à 1 sec 25/100e, acclamé par plus de 10 000 spectateurs en liesse.

« Kugelblitz » (« Boule de feu »), ses 16 succès en Coupe du monde et quatre globes de descente, son légendaire toucher de neige, sa décontraction et sa légère bedaine quitteront le circuit mondial après l’étape de Kitzbühel, laissant le souvenir d’un artiste de la discipline et d’un athlète atypique.

Le Bernois a devancé le surprenant technicien autrichien Marco Schwarz, sixième de la première descente de sa vie sur le circuit mondial, une performance de bon augure avant de tenter de conserver son titre en combiné lors des Mondiaux de Méribel-Courchevel (6-19 février).