Longtemps, l’équipe canadienne de courte piste comptait des têtes d’affiche claires. On n’a qu’à penser à Marianne St-Gelais et à Charles Hamelin.

En cette deuxième année de cycle olympique, la dynamique au sein du groupe « est différente, mais tout aussi intéressante » – paroles de l’entraîneur Sébastien Cros.

L’équipe nationale rencontrait les médias, mardi après-midi, en vue des deux premières Coupes du monde de la saison, qui auront lieu à Montréal lors des deux prochains week-ends. Suivra le Championnat des Quatre continents du 3 au 5 novembre à Laval. Trente-trois pays et près de deux cents athlètes se disputeront les honneurs.

D’abord, il faut savoir qu’il y a une absente de taille chez les femmes pour la première moitié de la saison : Kim Boutin, en stage dans le cadre de ses études en éducation spécialisée, ratera les quatre premières Coupes du monde.

Boutin est, de loin, le visage le plus connu de l’équipe. Chez les hommes, Steven Dubois a éclos lors des Jeux olympiques de Pékin, quand il a récolté trois médailles, une de chaque couleur. Mais quand on demande à Sébastien Cros de nous parler de ses têtes d’affiche, la réponse est longue. Parce qu’il nous énumère un à un chacun de ses athlètes qui prendront part aux prochaines compétitions.

Chez les femmes, il y a évidemment la Néo-Brunswickoise de 23 ans Courtney Sarault, championne canadienne, qui « prend beaucoup de place avec ses résultats », note-t-il. L’entraîneur nous parle aussi de l’« émergence » de Rikki Doak, 25 ans, qui a obtenu son premier podium individuel l’an dernier au 500 mètres. Claudia Gagnon et Danaé Blais ont aussi bien fait, alors que Florence Brunelle est de retour après une année de pause.

« Je m’attends à ce que ça sorte un petit peu plus cette année et que ça atteigne des podiums », lâche Cros.

Chez les hommes, il y a les Dubois, Pascal Dion et Jordan Pierre-Gilles, mais aussi William Dandjinou, plus récent champion canadien. Le Sherbrookois de 22 ans a connu des sélections nationales « vraiment constantes sur chaque distance ».

« Maintenant, il faut qu’il répète ça au niveau international, mais clairement, il a le niveau pour aussi être dans les finales et les podiums », affirme Cros.

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L’entraîneur de l’équipe canadienne de courte piste, Sébastien Cros

Nouveau leader ?

Steven Dubois s’est dévoilé au monde entier en remportant trois médailles à ses premiers Jeux olympiques, dont deux dans des distances individuelles. Quelques mois plus tard, Charles Hamelin prenait sa retraite. Ces deux faits ont-ils changé son rôle au sein de l’équipe masculine ? Pas selon lui.

« Je ne pense pas que ça ait changé grand-chose, répond le patineur de 26 ans. On l’a vu beaucoup aux Jeux : on est une équipe qui est vraiment proche. C’était la même chose quand Charles était là. On est tous une famille. On se considère tous comme égaux. Quand on a une question, qu’elle soit technique ou tactique, on va aller voir nos coéquipiers. »

S’il ne se considère pas comme le leader en matière de personnalité, il l’est dans ses résultats. Comme le dit l’entraîneur, la capacité que possède Dubois de « performer sur toutes les distances » lui confère un « avantage que tous les athlètes n’ont pas ».

« Il a un peu plus de chances de se retrouver sur le podium. Il est le leader à ce niveau-là », précise Cros. Autrement, chaque patineur de l’équipe « trouve sa place et amène quelque chose ». « C’est une dynamique différente, mais tout aussi intéressante. »

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Steven Dubois s’est dévoilé au monde entier en remportant trois médailles à ses premiers Jeux olympiques.

Retourner se « faire mal »

En début de saison l’an dernier, Steven Dubois avouait à La Presse manquer quelque peu de confiance.

« Je vais arriver dans n’importe quelle ronde, que ce soit la première ou la dernière, et je vais quand même avoir peur que les autres me battent, disait-il. On dirait que je ne connais jamais ma véritable force. »

Un an plus tard, l’athlète a changé sa perspective. Le problème, a-t-il déduit, n’est pas tant la confiance que la préparation. Son plus grand défi est de performer dans plusieurs courses consécutives.

« Parfois, quand j’ai mal aux jambes, la deuxième course après, je vais avoir de la misère à avoir la motivation, le petit stress, l’adrénaline qui me fait dire : OK, je retourne quand même encore me faire mal. »

J’ai les qualités physiques, techniques et tactiques pour être en avant, courser et gagner, mais je pense que j’ai de la misère à avoir la motivation.

Steven Dubois

Une analyse appuyée par Cros, qui rappelle que « la roue tourne du bon côté », c’est-à-dire que Dubois en est davantage à peaufiner ses habiletés. Au bout du compte, il va être plus constant sur le plan de ses performances, selon l’entraîneur.

En matière d’attentes pour la saison à venir, Dubois s’est mouillé en livrant une réponse précise : « J’aimerais ça avoir un petit ratio de 50 % cette année, donc [monter sur le podium] au moins une course sur deux. Ce serait pas mal. »