Valérie Grenier peut enfin souffler. Forte de la meilleure saison de sa carrière en 2022-2023, la Franco-Ontarienne a enchaîné comme si de rien n’était après son dernier podium, à la fin du mois de mars.

Sur le glacier autrichien de Sölden, Grenier a rapidement retrouvé l’aplomb de l’hiver dernier. La skieuse de 26 ans a décroché le septième rang du premier slalom géant de la saison, samedi.

Les conditions de la deuxième manche étaient suffisamment bonnes pour laisser les skieuses s’exprimer pleinement.

« Le mot de la journée est “soulagement” », a confié Grenier à La Presse une fois de retour dans sa chambre d’hôtel.

Victorieuse la saison dernière et détentrice de six top 10, Grenier avait trouvé quelque part beaucoup plus de constance et de confiance au tournant de la nouvelle année.

En ouverture de saison, la question était donc de savoir si la Canadienne, souvent victime de malchance dans ses deuxièmes manches, allait être en mesure de skier avec autant de stabilité.

« Les entraînements qu’on a eus récemment ne s’étaient pas super bien passés. On n’avait pas de bonnes sensations. On dirait qu’on avait des doutes. Je trouvais ça difficile d’arriver à la course avec de la confiance. »

Avec le dossard 14, Grenier s’élançait sur une piste plus abîmée que celle sur laquelle avaient glissé ses plus grandes rivales. La portion de départ lui a donné du fil à retordre, mais elle s’est bien reprise par la suite. Avec un huitième temps provisoire, sa seule priorité était de ne pas bousiller son bon travail.

PHOTO JOHANN GRODER, AGENCE FRANCE-PRESSE

Valérie Grenier, en première manche du slalom géant de Sölden, samedi.

Et Grenier, revigorée et visiblement en pleine possession de ses moyens, a attaqué les 49 portes de ce parcours avec la confiance qui lui avait permis de s’épanouir la saison dernière.

Même si elle a semblé très fluide et en parfaite maîtrise de son art, Grenier n’a pas eu le même ressenti : « C’est bizarre, hein ! Mes coéquipières m’ont aussi dit que je n’avais pas eu de misère ou de problème, mais en descendant, c’était autre chose, parce que le mur de Sölden, c’est toujours quelque chose ! Je n’ai pas trouvé ça facile, mais c’était pas mal. »

Le départ de la deuxième descente a encore été fragile, mais chaque virage a paru de plus en plus simple pour la native de Saint-Isidore. « J’ai regardé ma vidéo, je savais exactement ce que je voulais faire et je savais comment le faire. » Grenier a été en mesure de gruger suffisamment de temps sur ses rivales pour non seulement protéger sa position, mais s’avancer d’un rang.

Finir septième, c’est comme un gros soulagement. Ça montre que finalement les choses vont bien, et en plus, je sais que je peux faire mieux, donc c’est vraiment encourageant.

Valérie Grenier

Exactement comme en 2021, sur cette même piste, Grenier entame la campagne avec une septième place. La différence avec la skieuse qu’elle était il y a 24 mois réside cependant dans le fait qu’elle a dorénavant la certitude qu’elle pourra répéter ce genre de performance.

« Je vise les podiums cette année, donc c’est sûr qu’un podium, ça aurait été vraiment incroyable. Mais finir septième démontre que je fais encore partie des meilleures. »

Sarah Bennett rate son entrée

Remise d’une opération à l’épaule, la Québécoise Sarah Bennett faisait partie du groupe de quatre Canadiennes à se frotter à la piste de Sölden. C’était sa première course en Coupe du monde depuis le géant de Kranjska Gora début janvier.

Malheureusement pour l’athlète de Stoneham, elle a été incapable de terminer la première manche.

La skieuse de 22 ans a raté une porte à mi-parcours en tentant de revenir avec un virage sur la gauche. Son ski intérieur a refusé de coopérer.

Britt Richardson a pris le 24rang, tandis que Cassidy Gray n’est pas parvenue à se classer au sein du top 30 lors de la première manche pour assurer sa place dans la deuxième.

Lara Gut-Behrami à l’arraché

Pendant que Grenier était assurée d’un autre top 10, la compétition en tête du peloton était féroce.

Grâce à une deuxième descente de tous les instants, Gut-Behrami a été en mesure de soutirer la victoire à Federica Brignone, première au terme de la première manche.

PHOTO ALESSANDRO TROVATI, ASSOCIATED PRESS

Lara Gut-Behrami

La Tessinoise a été impeccable dans toutes les parties du parcours. Elle a été la seule membre du top 7 à réaliser le meilleur de ses deux temps en deuxième descente.

C’est au départ que tout s’est joué. Gut-Behrami a démarré sa deuxième manche en lionne. Elle avait ramené le quatrième temps de la première descente, mais son explosivité dans les premières portes lui a permis de creuser un écart considérable. Tous les secteurs lui ont été favorables.

Si toutes les concurrentes étaient au coude-à-coude une fois arrivées au bas de la piste, la skieuse de 32 ans a écrasé toute concurrence avec plus d’une seconde d’écart sur la meneuse du moment.

Exténuée, Gut-Behrami ne s’est même pas rendue à la grosse chaise de la meneuse. Elle s’est écrasée dans l’aire d’arrivée, le dos appuyé à un panneau publicitaire, en attendant de connaître son sort. Petra Vlhová, Sara Hector et Federica Brignone devaient passer dans l’ordre. Et chacune d’entre elles avait le potentiel de la dépasser.

Or, personne n’a réellement menacé son temps de 1 min 9,44 s.

Seule l’Italienne Brignone s’en est approchée. Son départ a été chaotique, et plus les portes s’enchaînaient, plus elle semblait avoir de la difficulté à générer de la vitesse. La meilleure géantiste au monde en 2020 s’est bien reprise en fin de parcours. Du moins, elle a trouvé une certaine erre d’aller, dans le même secteur qu’en première manche. Mais ça n’a pas suffi. Son départ l’avait coulée et Gut-Behrami avait été trop efficace quelques instants auparavant.

PHOTO LEONHARD FOEGER, REUTERS

Federica Brignone et Petra Vlhová complètent le podium.

Brignone a franchi la ligne d’arrivée du parcours, pourtant dessiné par l’équipe italienne, deux centièmes de seconde derrière la championne.

« C’était une journée compliquée, mais je n’ai jamais abandonné », a déclaré Gut-Behrami au micro de la Fédération internationale de ski et de snowboard (FIS).

Elle était en train de boire à même une bouteille en plastique lorsqu’elle a vu les temps finaux. Le poing dans les airs, mais les fesses posées sur la neige, exténuée, mais ravie.

Il s’agit d’une 38victoire en carrière, dont une troisième à Sölden, dix ans après son premier triomphe. « J’étais heureuse d’avoir le dossard numéro 1 et de littéralement lancer la saison, mais j’étais aussi un peu nerveuse. »

La gagnante admet avoir commis « beaucoup d’erreurs dans les deux manches », pourtant invisibles à l’œil nu.

Reste qu’elle peut se consoler d’avoir répondu aux attentes dès la première course de la saison. La vétérane a connu un regain de vie la saison dernière en décrochant la deuxième place du classement général et en ramenant chez elle le globe de cristal en Super-G.

« Je suis vieille, mais je suis heureuse », a-t-elle ajouté, lunettes de soleil sur la tête, alors que les glaciers autrichiens se reflétaient sur ses verres.