(Mont-Tremblant) Le contexte était propice aux miracles. Pour une rare fois, les skieuses canadiennes avaient la chance de montrer l’étendue de leur talent à leurs compatriotes. La journée de samedi deviendra inoubliable, mais les raisons diffèrent selon les athlètes à qui on s’adresse.

Il était impossible pour Cassidy Gray de cacher son grand sourire. La skieuse de 22 ans a terminé la journée au 24rang, mais dans ses yeux, c’est comme si elle venait de gagner.

« C’est une journée spéciale pour moi, c’est ma première fois dans le top 30 en trois saisons. Ma famille est ici aussi et c’est l’une des premières fois qu’elle me voit skier en Coupe du monde », a-t-elle expliqué dans un français impeccable.

« On est au Québec, c’est important de me forcer à parler en français », a précisé l’athlète de la Colombie-Britannique.

Gray a bien failli ne jamais franchir la ligne d’arrivée, car dans le quatrième virage de la deuxième manche, elle est passée bien proche de perdre pied. Deux skieuses avant elle se sont d’ailleurs fait surprendre par cette courbe serrée.

Mais Gray a bondi, presque comme si c’était prévu. Elle s’est accrochée dans le bas du parcours, mais elle a tout de même remis un temps de qualité dans les circonstances.

La neige était un peu difficile. Mais j’ai fait de grosses erreurs en deuxième manche, surtout en bas, et j’espère que demain [dimanche], je vais utiliser ma tête un peu plus.

Cassidy Gray

« Je sais que je peux faire mieux qu’aujourd’hui », a-t-elle ajouté.

Comme elle, sa coéquipière Britt Richardson était ravie et surtout soulagée. Pour la deuxième semaine de suite, la skieuse de 20 ans a affiché un résultat extrêmement satisfaisant. Vingt-deuxième la semaine dernière à Killington, elle a inscrit une 15place, le meilleur résultat de sa carrière, devant les siens.

Douzième à l’issue de la première manche, Richardson a été très offensive dans les premiers secteurs du parcours en deuxième manche. Elle a eu de la difficulté dans l’une des dernières portes du parcours, mais hormis ce petit accrochage, son ski a été quasi sans faille.

PHOTO SEAN KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE

Britt Richardson

« J’étais nerveuse en allant à ma deuxième descente, surtout considérant ma première manche. J’étais concentrée à répéter la même chose. Je voulais tout donner et être en mesure d’attaquer à la fin, et ça s’est bien passé », a-t-elle résumé.

La neige avait cessé de tomber en fin d’après-midi et le soleil avait disparu à l’horizon, mais toute la lumière de la montagne était dans les yeux de Richardson : « Faire un record personnel, surtout ici au Canada, c’était fou ! Un rêve devenu réalité. »

Journée difficile pour les Québécoises

La première manche aura toutefois été fatale pour les Québécoises. Aucune des trois skieuses n’a été en mesure de survivre au couperet en se classant parmi les 30 plus rapides.

Sarah Bennett a été la première à s’élancer, mais sa course a pris fin prématurément. L’athlète de Stoneham a accroché une porte dans le deuxième secteur et elle s’est retrouvée les quatre fers en l’air.

PHOTO ERIC BOLTE, USA TODAY SPORTS

Sarah Bennett

« Je voulais tourner un peu trop tôt, le timing était mauvais, j’ai pris la porte et je suis tombée », a-t-elle précisé, déçue, au bas de la piste.

C’est la quatrième fois de sa jeune carrière en Coupe du monde que Bennett est incapable de terminer la première manche. « Mes meilleures saisons ont toujours eu beaucoup de DNF [Did not finish], a-t-elle tenu à rappeler. Ça veut dire que j’essaye de nouvelles choses et pousse au maximum. Ça ne m’inquiète pas. »

Cependant, l’athlète de 22 ans a aggravé une blessure au dos subie plus tôt dans la journée, à l’entraînement. « Je me demandais si ça allait faire mal. À la première porte, je ne l’ai pas sentie, et pendant la course non plus, donc ça ne m’était pas resté en tête. »

Mais la chute a été brutale. Bennett devrait toutefois être à son poste dimanche.

Deux autres anciennes skieuses de l’équipe du Québec étaient dans un tout autre état d’esprit après avoir franchi la ligne d’arrivée.

À son quatrième départ en Coupe du monde, Justine Clément était émue en arrivant au bas de la piste.

PHOTO ERIC BOLTE, USA TODAY SPORTS

Justine Clément

Quand je suis arrivée, j’ai vu toute ma famille, tous mes amis, ça me fait chaud au cœur. C’est sûr que ce n’est peut-être pas le ski que je suis capable de faire, les conditions étaient un peu difficiles, on ne voyait pas beaucoup en haut.

Justine Clément

L’étudiante à l’Université du Vermont a fini au 51rang de la première manche avec un chrono de 1 min 11,68 s.

Il s’agissait de sa première course cette saison. Dans les circonstances, « on ne peut pas réinventer la roue, j’ai essayé de faire ce que je sais faire ».

Puis Justine Lamontagne a fermé le classement de la première manche en terminant 54e, en traversant la ligne au bout de 1 min 12,73 s.

« Ce n’est pas nécessairement la manche que je voulais ni le plan de ski que je voulais faire, mais entendre la foule et savoir que mes parents et mes amis étaient là, ça a mis un sourire sur mon visage. »

Les skieuses reprendront l’action dimanche pour la présentation du deuxième slalom géant de la fin de semaine.