Après un lent départ, Laurent Dubreuil a repris sa place parmi les meilleurs au monde du 500 m

« On recommence ! », a annoncé Laurent Dubreuil, index levés, à la caméra. Dimanche, en Pologne, le patineur de vitesse de 31 ans a rappelé au monde qu’il était encore trop tôt pour sa cryogénisation.

Après un automne cahoteux, marqué par un lent retour de blessures, cet habitué des podiums a renoué avec le succès à la dernière Coupe du monde de Tomaszów Mazowiecki, petite ville située à moins de deux heures de voiture au sud-ouest de Varsovie.

Médaillé d’argent au premier 500 m, samedi, Dubreuil s’est emparé de l’or sur la même distance le lendemain. Inversant le classement de la veille, il a devancé le champion olympique chinois Gao Tingyu de quatre centièmes pour décrocher sa sixième victoire sur le circuit, sans compter son titre mondial de 2021.

Après six semaines en Asie et en Europe pour les quatre premières manches de la saison, le père de deux jeunes enfants a eu un trajet plus agréable en revenant, lundi.

« Finir sur une bonne note comme ça me permet d’aborder les Fêtes avec de l’optimisme, plutôt que de me poser la question “Comment ça, je me fais battre ?” », a résumé Dubreuil, de bonne heure sur le piton, mardi matin.

En ouvrant sa caméra, il présente le costaud Nathan, 14 mois, simplement habillé d’une couche. « Il a perdu un peu de poids, il a commencé à marcher partout et il a allongé un peu », a souri son père, qui a pour ainsi dire raté ses premiers pas. « Quand je suis parti, il longeait les murs et il poussait sa petite marchette jouet. Sinon, il faisait deux pas et il tombait. » Rose, déjà 4 ans, vient faire coucou en s’encapuchonnant avec sa doudou de hibou.

« L’impression d’être vraiment mauvais »

Assis à la table de la cuisine, Dubreuil est heureux de revenir dans son élément. Ce retour est plus doux maintenant qu’il a repris le deuxième rang du cumulatif de la Coupe du monde, dont il est le double tenant du titre.

A-t-il douté quand il a fini septième, sixième et sixième aux trois premières courses de la saison, au Japon et à Pékin ?

PHOTO DEAN MOUHTAROPOULOS, FOURNIE PAR L’INTERNATIONAL SKATING UNION

Laurent Dubreuil

« C’est vrai que les attentes de tout le monde, les miennes aussi, sont plus élevées, a-t-il raisonné à voix haute. J’avais l’impression d’être vraiment mauvais après deux ou trois Coupes du monde, alors que j’étais quatrième au classement. Il fut un temps où j’aurais été extrêmement content d’être quatrième. Seulement, quand tu es habitué à être le premier, tu ne te sens pas super compétitif… »

Le sprinteur lévisien a rebondi à son quatrième 500 m, toujours dans la capitale chinoise, remportant la médaille d’argent. Après une semaine d’entraînement et de repos en Espagne, il a connu un autre passage à vide lors de la Coupe du monde de Stavanger, en Norvège. Il admet qu’un sentiment d’impatience a commencé à le chatouiller.

« Je n’étais pas inquiet pour les Mondiaux, en février, et encore moins pour les Jeux olympiques [de 2026]. Mais avec les blessures qui s’enfilaient plus vite que je l’aurais voulu, tu te demandes : “Quand est-ce que je vais être capable de virer le coin ?” Parce que je ne doute plus de mes qualités d’athlète. Je n’ai plus le syndrome de l’imposteur. »

Priorité Mondiaux

Comme il « n’aime pas vivre dans le passé », Dubreuil est réticent à s’épancher au sujet de la tendinite à un genou qui l’a ralenti pendant deux mois durant la saison morte. À son arrivée au Japon, au début de novembre, il s’est barré le dos après un chrono de 600 m.

« En juin et juillet, l’entraînement était exceptionnel. À partir de la blessure, j’ai commencé à reculer petit à petit. Je n’étais plus capable de faire du simplet maintien. Je patinais deux ou trois fois par semaine, mais vraiment à bas volume. »

PHOTO DEAN MOUHTAROPOULOS, FOURNIE PAR L’INTERNATIONAL SKATING UNION

Laurent Dubreuil (au centre) sur le podium avec sa médaille d’or à la Coupe du monde de Tomaszów Mazowiecki, dimanche

Ce déficit s’est surtout répercuté sur le 1000 m, épreuve dont il est le vice-champion olympique.

En trois départs sur la distance, il n’a jamais été concurrentiel, au point de la laisser tomber en Pologne. Il souhaite se remettre en marche sur les deux tours et demi, surtout en vue du Mondial sprint d’Inzell (Allemagne), en mars. Après une occasion ratée en 2022, alors qu’une infection à la COVID-19 l’a privé d’un titre presque assuré, il vise un retour sur le podium. En 2020, il avait gagné l’argent en Norvège à cet évènement dorénavant bisannuel. À ses yeux, l’Américain Jordan Stolz, un phénomène de 19 ans, s’annonce imbattable.

Avec seulement deux Coupes du monde au calendrier, dont la dernière à Québec, en février, Dubreuil concède pratiquement le premier rang final à Wataru Morishige. Le Japonais a collé quatre victoires et signé deux autres podiums pour se donner une avance quasi insurmontable au 500 m. Le Canadien est l’unique non-Asiatique parmi les cinq premiers.

Sa priorité absolue, sur le plan sportif, est d’atteindre sa pleine vélocité pour le 500 m des Championnats du monde par distances, le 16 février, à l’Ovale olympique de Calgary. En décembre 2021, il a réalisé le troisième temps de l’histoire sur la glace de l’auguste anneau, un tonitruant 33,77 s.

« Il y a une pause, puis on recommence un peu à zéro dans un mois et demi. Mais j’ai le sentiment de finalement avoir pris mon envol. J’ai eu besoin d’une plus longue piste pour décoller, mais là, je me sens comme le Laurent des autres années. »

Les prochaines compétitions de Laurent Dubreuil

  • Coupe Canada no 2 (sélection pour les Mondiaux), Québec (4-7 janvier)
  • Championnats des quatre continents, Salt Lake City (19-21 janvier)
  • Coupe du monde n5, Salt Lake City (26-28 janvier)
  • Coupe du monde no 6, Québec (2-4 février)
  • Championnats du monde par distances, Calgary (15-18 février)
  • Championnats du monde sprint et toutes distances, Inzell (7-10 mars)