(Saint-Côme) On attendait Mikaël Kingsbury. On a finalement eu Elliot Vaillancourt.

Seul représentant canadien de la super finale, l’athlète de 24 ans est monté sur le podium pour la deuxième fois de sa carrière, vendredi, remportant l’argent lors de l’épreuve individuelle de bosses de la Coupe du monde de ski acrobatique de Val Saint-Côme.

Il faisait froid dans Lanaudière. Au point que la première vague de médaillées a été incapable de faire éclabousser le champagne. Les bouteilles étaient complètement gelées.

La température ressentie était de - 21 quand Vaillancourt s’est élancé pour sa dernière descente, en toute fin de soirée. Et le mercure était descendu à - 27 °C lorsqu’il est venu s’adresser aux membres des médias, médaille d’argent au cou. Malgré le froid polaire, de jeunes partisans étaient toujours en train de l’attendre, brandissant des pancartes à son effigie.

Au sommet, Vaillancourt était l’avant-dernier à prendre le départ, en vertu d’une immense descente en demi-finale l’ayant fait passer de la 15e à la 2e position.

D’ailleurs, juste avant de sortir des blocs, le Québécois voulait prendre une bonne gorgée d’eau. « Mais ma bouteille était gelée raide, a lancé le skieur avec le sourire. Donc je me suis dit que j’allais boire de l’eau en bas, mais ça a été du champagne finalement ! »

Vaillancourt s’est fait dépasser seulement par le champion olympique Walter Wallberg, auteur d’une descente magnifiquement rapide et sans faille apparente. Il s’agit de sa première victoire en Coupe du monde en descente individuelle. Son compatriote Filip Gravenfors a fermé le podium.

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Elliot Vaillancourt (argent), Walter Wallberg (or) et Filip Gravenfors (bronze)

Si les deux Suédois sont des abonnés du podium, Vaillancourt en est seulement à sa deuxième ascension sur les marches de la réussite. Le 15 décembre, il avait aussi pris le deuxième rang à l’Alpe d’Huez.

« La foule française ignorait complètement qui j’étais avec mon dossard 56 », a-t-il dit. Du coup, gagner à la maison avait un goût particulièrement agréable en bouche.

« [Ça] goûte différent, parce que c’est à la maison. Donc, arriver en bas et voir mon père en larmes derrière les médias, c’est complètement capoté ! »

Dure journée pour Kingsbury

Évidemment, les attentes étaient immenses pour le meilleur bosseur au monde et héros local Mikaël Kingsbury.

Le meneur au classement général a toutefois chuté à l’atterrissage de son premier saut lors de la finale.

L’athlète de 31 ans s’est présenté la mine basse quelques instants après sa déconfiture pour le moins inattendue et inhabituelle.

« Ça me prendrait peut-être un autre cinq minutes et je donnerais peut-être de meilleures réponses, mais je suis un peu déçu, je n’ai pas beaucoup de mots. »

Selon lui, il a mal jugé sa distance d’atterrissage. Sur son saut 1080, il dit avoir un peu trop étiré la jambe. « Je l’ai mal jugé », admet-il.

Bien entendu, les attentes étaient immenses. Kingsbury avait survolé les qualifications. En sept courses cette saison, il n’avait fait que des podiums. « C’est poche, parce que je me mets de grosses attentes pour faire de gros résultats et je voulais bien faire pour la première course à la maison. »

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Canada's Mikael Kingsbury skis in the men's qualification of the freestyle ski world cup moguls at Val Saint-Come, Que., on Friday, Jan. 19, 2024. THE CANADIAN PRESS/Sean Kilpatrick

Il a finalement pris le 13rang. C’était sa première chute en un peu plus d’un an. La dernière était survenue en France en décembre 2022. Il avait alors terminé en 29position.

Kingsbury a aussi dû remettre son dossard jaune de meneur au classement à son rival éternel Ikuma Horishima.

À l’évidence, cette soirée ne s’est pas terminée comme prévu. Du moins, pour Kingsbury, dont la fierté n’a pas été ébranlée pour autant. « L’erreur est humaine. Je ne prends pas toujours le temps de regarder ce que j’ai fait et de me dire que c’est incroyable, ce que j’ai accompli. Je vis trop dans le moment présent. »

Jakara Anthony, encore

Chez les femmes, Jakara Anthony a une fois de plus imposé sa domination. La championne olympique a triomphé à sept des huit courses depuis le début de la saison.

Elle est inarrêtable. Et surtout extrêmement souriante et joviale. Ceci n’étant sans doute pas étranger à cela.

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Jakara Anthony

« Je ne sais pas si on finit par s’y habituer, mais c’est un privilège d’être au top chaque semaine », a déclaré l’Australienne, avec le même accent que Margot Robbie, pendant que de la buée lui sortait de la bouche.

La perfection n’existe pas dans le sport, encore moins en ski acrobatique, mais Anthony s’en rapproche drôlement chaque fois qu’elle dévale une pente en coupe du monde.

La principale intéressée reste toutefois en quête constante de perfectionnement. « Il y aura toujours des choses dans mon ski que je vais vouloir améliorer. Je peux te dire mille choses que je n’ai pas aimées dans ma descente, même si j’ai fini sur la plus haute marche du podium », précise l’athlète de 25 ans.

Puis, même si elle est en quête de perfection, elle a déjà fait son deuil de la possibilité de l’atteindre un jour ou l’autre : « Chaque fois que je m’en rapproche, je veux repousser les limites de la perfection, et c’est pour ça que je suis ici aujourd’hui. »

Fin abrupte pour Schwinghammer

Jamais Maïa Schwinghammer n’avait connu une ronde de qualification aussi convaincante et solide.

Sur les 30 skieuses en piste, elle avait pris le deuxième rang provisoire.

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Maïa Schwinghammer

« Je pense que j’étais trop nerveuse », a-t-elle avoué, quelques instants après avoir abandonné au milieu des demi-finales. Juste avant le deuxième saut, la meilleure skieuse au pays a mêlé vitesse et déséquilibre, ce qui est rarement un amalgame heureux dans ce sport où tous les détails comptent.

« J’ai fait une petite erreur sur le saut du haut et ça m’a coûté ma course. »

L’athlète de 22 ans avait pourtant grimpé avec confiance au sommet de la montagne avant de s’élancer. « Je me sentais très bien d’enfin placer une descente de qualification dont j’étais réellement fière. »

Mais c’est quand même en s’appuyant sur cette bonne descente qu’elle souhaite pouvoir arriver avec panache, ce samedi, pour l’épreuve en parallèle.